Faisant suite au Messie de Dune, Les enfants de Dune est le troisième volet du Cycle de Dune, de l’auteur Frank Herbert. D’aucuns diront que l’introduction est assez longue, d'autres y verront une bonne façon d'éclairer la complexité des épisodes précédents mais, pour nombre de fans, cet opus littéraire est considéré comme le plus réussi, mêlant souffle ésotérique et réflexions philosophiques. À noter que Les Enfants de Dune a fait l'objet d'une mini-série qui a remporté en 2003 l'Emmy Award des meilleurs effets spéciaux.
au sommaire
résumé du livre
Dix années ont passé depuis la disparition de Paul Atréides. Celui que l'on appelait Muad'Dib, le Messie de Dune, était allé mourir dans le désert. Aveugle, veuf, détruit, il laissait derrière lui un Empire, un culte à son nom et ses deux enfants, Leto et Ghanima. Sa sœur Alia, devenue régente en l'absence de Paul, doit supporter la lourde charge de l'Empire et de la Sainte Église de Muad'Dib en plus de la garde des deux jeunes enfants. La pressionpression est énorme pour la jeune femme.
Une chose que partagent les jumeaux avec leur tante Alia est leur condition de pré-nés. Ayant goûté au poison de l'Épice avant même leur naissance, les pré-nés se sont ouverts à la conscience dans le ventre de leur mère, et ce faisant, à un pouvoir terrifiant : l'accès à la mémoire de leurs ancêtres à travers l'histoire. Le savoir de millions de générations circulant dans son esprit peut être écrasant pour un nouveau-né. Conserver sa propre identité devient une lutte de tous les instants quand les voix de vos ancêtres ne cessent de murmurer à vos oreilles. Il suffirait qu'un seul aïeul à l'esprit plus néfaste que les autres s'impose pour que la personnalité d'un pré-né soit totalement écrasée. Naît alors l'Abomination. Leto et Ghanima, bien qu'encore jeunes, voient en leur tante Alia germer lentement cette monstruosité. Face à la pression croissante de ses responsabilités, écrasée par la solitude de la Régence, Alia sent sa personnalité céder peu à peu aux voix qui la rongent. Et bientôt, ne reste plus en elle que la voix du plus terrible de ses ancêtres : le baron Vladimir Harkonnen.
Coincés face à une tante aliénée, aux pouvoirs immenses, encore vulnérables du haut de leurs dix ans, n'ayant plus que peu d'alliés à qui se fier au milieu du culte de leur père qui dégénère lentement, Leto et Ghanima n'entrevoient plus qu'une seule possibilité : prendre leur destin en main sans attendre. Un plan se forme alors pour échapper à leur tante et lui reprendre le pouvoir : mettre en place le Sentier d'Or, la route qui mènera l'humanité à des siècles de paix. Pour ce faire, Leto et Ghanima devront faire face à leur plus grande peur : la possibilité de céder comme leur tante à l'Abomination qui sommeille en eux et dire adieu à leur humanité.
Comprendre la
mythologie
- Muad'Dib , ou Paul Atréides, fut le Lisan Al Gaib, le prophète du peuple fremen qui devait rendre la planète Arrakis fertile et verte, il était le sauveur de Dune et devint à sa mort son Dieu. Il fut aussi le Kwisatz Haderach, le messie génétiquegénétique du Bene Gesserit. Fruit d'une sélection rigoureuse effectuée au fil des siècles des partenaires à accoupler, son génomegénome fit de lui un être supérieur, l'égal des Révérendes Mères du Bene Gesserit. Ce que n'avaient pas prévu les Bene Gesserit fut l'apparition du don de voir l'avenir chez Paul. Ce don fit de lui un empereur, un messie, mais aussi le prisonnier d'une destinée dont il connaissait déjà l'issue.
- Le Bene Gesserit est une faction semi-religieuse dont le credo est la sélection génétique. Courtisanes, espionnes, combattantes, les Sœurs du Bene Gesserit ont intégré tous les milieux aristocratiques. Elles sélectionnent les meilleurs spécimens de chaque famille et se reproduisent avec eux. Les filles nées de ces accouplementsaccouplements donneront les prochaines Sœurs Bene Gesserit, jusqu'au jour il sera estimé que les sélections faites de générations en générations seront susceptibles de donner un enfant mâle qui sera le Kwisatz Haderach, leur messie génétique.
analyse
Dune et la religion
L'essence du Cycle de Dune repose sur une analyse critique du système des religions. Ainsi, Les Enfants de Dune fait de nombreux parallèles avec la culture de l'Égypte antique. Vénérés comme des divinités, Leto et Ghanima sont encouragés à se marier ensemble afin de préserver la pureté du sang royal. Il sera même fait dans le roman une comparaison entre l'histoire des dieux Osiris et Isis avec celle des jumeaux Atréides.
On ne peut que souligner la pertinence de cette référence quand on voit les points communs qu'ont la religion égyptienne et celle de Dune. Le pharaon, tout comme Muad'Dib, est d'essence divine et doit être honoré comme un dieu. L'inceste est encouragé pour préserver la pureté de la lignée, et de nombreux rites sont érigés autour de la royauté. Politique et religion mêlées en une seule dangereuse entité.
Le problème, dans le premier cas comme dans le second, fut que de telles pratiques étaient forcément vouées à la dégénérescence. De plus, la consanguinité aide rarement à obtenir des leaders performants. Le message qui imprègne ce roman peut être interprété ainsi : une société qui se renferme sur elle-même et qui n'écoute plus la raison est vouée à mourir.