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Le Mont Pinatubo en éruption en juin 1991
Utilisant de nouveaux modèles climatiques, des chercheurs du Lawrence Livermore National Laboratory (LLNL), en Californie, ont pu démontrer que le réchauffement et la hausse du niveau des océans au XXème siècle (deux données qui sont corrélées) ont été sensiblement réduits par l'éruption volcanique du Krakatoa en 1883, en Indonésie (1) .
Les 26 et 27 août 1883, l'explosion du volcan indonésien déclenchait un tsunami géant. Des vagues de quarante mètres de hauteur entraînèrent la dévastation sur les côtes de JavaJava et de Sumatra. La vague fut ressentie jusque dans la Manche !
L'éruption devait projeter dans les airsairs une très grande quantité de cendres et de poussières. Les millions de tonnes de dioxyde de soufresoufre libérés par le souffle du volcan ont, par réaction chimiqueréaction chimique avec l'eau de l'atmosphèreatmosphère, formé des aérosolsaérosols d'acide sulfuriqueacide sulfurique absorbants et réfléchissants qui provoquèrent une chute de température anormale et rapide à la surface de l'eau.
L'eau étant plus dense autour du volcan, ce refroidissement a pénétré en profondeur dans les couches océaniques, générant un effet durable. La signature du Krakatoa est en effet restée perceptible « plusieurs dizaines d'années »
selon Peter Glecker, spécialiste du climatclimat au LLNL. Ce dernier, avec des équipes du National Center for Atmospheric Research, de l'université de Reading et du Hadley Center, a testé les effets du volcan entre 1883 et 2000, en simulant son impact climatique avec plusieurs modèles mathématiques et en comparant les résultats aux observations disponibles. D'autres éléments extérieurs ont été introduits dans les modèles, tels que l'effet de serreeffet de serre et l'irradiance solaireirradiance solaire (c'est-à-dire la quantité d'énergieénergie électromagnétique solaire par unité de temps et de surface).
30 millions de tonnes d'aérosols font de l'ombre à la Terre
Rappelons que la température moyenne des océans, en dessous de 300 mètres, a augmenté environ de 3,7 centièmes de degrés C durant les dernières décennies, essentiellement à cause des gaz à effet de serregaz à effet de serre. Bien que très faible en elle-même, cette augmentation a entraîné une montée des eaux de plusieurs centimètres, à un rythme de 1,8 à 3,2 mm par an à la fin des années 1990. « Elle aurait été plus importante sans l'effet des éruptions volcaniques »
a déclaré Peter Glecker à la revue Nature. L'effet « kiss cool » du Krakatoa correspond à un refroidissement long, en profondeur, ce qui a permis d'atténuer l'augmentation des températures dans la duréedurée. Selon le modèle de simulation utilisé, l'impact a pu se prolonger entre 40 et 100 ans.
L'équipe a aussi étudié l'éruption plus récente du Mont Pinatubo. Le 12 juin 1991 au Philippines, une explosion comparable en taille et en intensité (suivie d'autres) dégageait 30 millions de tonnes d'aérosols jusqu'à vingt kilomètres de hauteur dans la stratosphèrestratosphère. Un nuagenuage qui devait faire de l'ombre à la TerreTerre: à un siècle d'intervalle, un refroidissement a aussi été constaté de la même façon à la surface de l'océan. Mais l'effet n'a pas été aussi durable, et la température de l'océan a retrouvé son niveau initial beaucoup plus rapidement.
Il semble que l'effet du Mont Pinatubo, tout comme celui d'autres volcans en éruption à la fin du XXème siècle, soit atténuéatténué par l'augmentation de plus en plus rapide de la température de surface due à l'activité humaine.
(1) : Volcanoes and climate : Krakatoa's signature persists in the ocean, Nature, Frebruary 9, 2006