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© Christiane BiermannDes oursins verts
Un oursinoursin vert n'a aucune chance de 'conclure' avec un oursin violet. Que ce premier se rassure, ses charmescharmes ne sont pas remis en question puisqu'il ne s'agit pas ici d'affinités entre deux partenaires... Les biologistes avaient déjà constaté que les oursins vivant à des profondeurs différentes ne s'hybridaient pas. Et aussi intriguant que cela paraisse, ceux qui vivent à la même profondeur et se reproduisent en même temps, s'ils ne font pas partie de la même espèceespèce, ne pourront pas non plus avoir une descendance commune.
Le calvaire du spermatozoïde
Christiane Biermann, et son équipe de chercheurs américains aux Laboratoires de Friday Harbor, de l'Université de Washington, viennent de comprendre la subtilité. Lorsque les femelles libèrent leurs ovocytes dans l'eau, les mâles font de même avec leur sperme. C'est un parcours du combattant qui attend le pauvre spermatozoïde. Parviendra-t-il à féconder un œuf... Rien n'est moins sûr face à la forteresse qui protège ce dernier !
L'oeuf est en effet blotti, bien au chaud, dans sa gangue, une épaisse couche gélatineuse composée de sucres complexes, les protéoglycanes. La botte secrète du spermatozoïde ? La bindine. C'est une protéineprotéine particulière du sperme qui se lie à un récepteur de la membrane plasmiquemembrane plasmique de l'oeuf. Dans le mille : la tête chercheuse de notre héros ne manque pas sa cible !
On a longtemps pensé que les protéoglycanes étaient semblables chez toutes les espèces d'oursins, mais il n'en est rien... C'est là toute la découverte décrite dans le dernier numéro de la revue Evolution & Development. Bien que très proches d'une espèce à l'autre, ces moléculesmolécules différent en fait légèrement. D'où le fait que le sperme de l'oursin violet ne pourra pas féconder d'ovocytes d'un oursin vert, et vice-versa !
Du sucre aussi pour le spermatozoïde humain ?
Jusqu'à présent, les recherches étaient concentrées sur les protéines, dont le rôle est désormais bien compris dans le domaine de la fertilité chez l'homme. Mais cette fois, il va falloir s'intéresser à ces sucres particuliers qui semblent être un élément clé de la reproduction. L'ovocyte humain, bien qu'il ne soit pas entouré d'un tel manteaumanteau gélatineux, en porteporte également. « Ils sont différents, mais font probablement la même chose que dans le cas des œufs d'oursins ! » souligne Christiane Biermann.
De longues études sont à prévoir pour saisir leur mode de fonctionnement. Mais selon la scientifique, une meilleure compréhension du rôle de ces sucres complexes pourrait aboutir à d'autres solutions dans les problèmes de reproduction humaine, et même peut-être à de nouvelles formes de contraceptioncontraception...