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La mort subite représente 5 à 10% de la mortalité totale et près de la moitié des décès de cause cardiaque. Chaque année en France, près de 40 000 adultes décèdent de mort subite. La mort subite est souvent la première (et malheureusement la dernière) manifestation de problèmes cardiaques insoupçonnés. Elle correspond à la survenue inattendue d'un décès moins d'une heure après le début de symptômes évocateurs d'une ischémie (défaut d'irrigationirrigation) du muscle cardiaquemuscle cardiaque (douleur dans la poitrine, essoufflement...). La mort subite serait liée à une susceptibilité au développement de troubles du rythme ventriculaire (fibrillation ventriculaire notamment). Une des hypothèses actuellement discutée est que cette susceptibilité particulière aux troubles du rythme est le reflet d'un déséquilibre entre le système nerveux dit « activateur » (système nerveux sympathiquesystème nerveux sympathique) et le système nerveux dit « freinateur » cardiaque (système nerveux para-sympathique). L'objectif de ce travail était d'étudier dans quelle mesure l'évolution de la fréquence cardiaque au cours de l'exercice est prédictive de mort subite chez des hommes initialement indemnes de pathologiepathologie coronaire.
© Fey Gueules d'Humour pour Futura-Sciences
Les chercheurs de l'Inserm ont utilisé les données de l'Enquête Prospective Parisienne I, enquête de cohortecohorte initiée en 1964 et visant à identifier des facteurs de risquefacteurs de risque d'athéroscléroseathérosclérose coronaire chez 7746 agents français de la ville de Paris âgés de 43 à 52 ans et indemnes de toute pathologie coronaire. Au début de l'étude, un questionnaire d'état de santé, un examen médical approfondi, des bilans sanguins et un électrocardiogrammeélectrocardiogramme étaient effectués chez tous les participants ainsi qu'un test d'effort sur bicyclettebicyclette. Ce test consistait à pédaler en franchissant 3 paliers de difficulté croissante ; les fréquences cardiaques étaient relevées au repos, 30 secondes avant l'exercice, toutes les 2 minutes au cours de l'exercice, au moment de l'effort maximal, et chaque minute après l'arrêt de l'effort. Les hommes ayant une aptitude physiquephysique insuffisante pour leur âge ayant été exclus de l'analyse, les résultats de l'étude porteporte sur 5713 hommes.
© Delucq Gueules d'Humour pour Futura-Sciences
Au cours des 23 années de suivi de la mortalité, sur les 1516 décès enregistrés, 400 étaient d'origine cardiaque dont 81 correspondaient à des morts subites. Le facteur de risque le plus fortement associé à la survenue de mort subite est la faible différence entre le niveau de fréquence cardiaque maximale et le niveau de fréquence cardiaque de repos. Ainsi, une différence inférieure à 89 battements par minute multiplie par 4 le risque de mort subite. Il apparaît que cette réponse inadaptée de la fréquence cardiaque à l'effort n'est pas associée aux autres causes de décès cardiaques, et en particulier aux décès par infarctus du myocardeinfarctus du myocarde. Ainsi, bien que l'athérosclérose coronaire soit impliquée dans les décès par mort subite, les résultats obtenus par les chercheurs de l'Inserm suggèrent que d'autres mécanismes et notamment ceux liés à la régulation de la fréquence cardiaque à l'effort, sont plus spécifiquement liés au décès par mort subite.
En conclusion, les auteurs estiment que le profil du rythme cardiaque durant l'exercice et à la récupération de l'exercice est un facteur de risque spécifique de mort subite chez l'adulte indemne de pathologie coronaire. Ces données sont en faveur de la mise en jeu d'un déséquilibre entre le système nerveux « activateur » et « freinateur » cardiaque.
Sur le plan de la préventionprévention, l'utilisation d'un test d'effort pour identifier les sujets à risque de mort subite mérite d'être étudiée. Par ailleurs, ces résultats encouragent la pratique d'une activité physique régulière qui permet de corriger ces anomaliesanomalies.