Comme cela a été fait dans plusieurs régions tropicales, une équipe va utiliser un engin aéroporté pour étudier la canopée de la forêt de la Comté, dans le Puy-de-Dôme. Avec d'autres études, menées depuis le sol, cette exploration servira à mesurer exhaustivement la biodiversité. C'est la première fois qu'un tel travail est réalisé en milieu tempéré.

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    La forêt de la Comté. On sait que sa richesse (pour la faune et pour la flore) est grande. Mais encore faut-il la mesurer... © Conseil régional du Puy-de-Dôme

    La forêt de la Comté. On sait que sa richesse (pour la faune et pour la flore) est grande. Mais encore faut-il la mesurer... © Conseil régional du Puy-de-Dôme

    Au sud de Clermont-Ferrand mais au nord d'Issoire, non loin de l'Allier, à deux pas de Vic-le-Comte, s'étend la belle forêt de la Comté. Ce massif discret ne se fait remarquer par sa taille, qui est modeste (1.500 hectares) mais par sa faunefaune et sa flore. Les oiseaux y abondent, tout comme les chênes et les charmescharmes, qui constituent plusieurs écosystèmesécosystèmes typiques d'un milieu tempéré.

    C'est là qu'une équipe vient de commencer cette semaine l'étude exhaustive de la biodiversitébiodiversité, dans le cadre du vaste programme Ibisca (Inventaire de la Biodiversité des InsectesInsectes du Sol et de la CanopéeCanopée). Menée depuis plusieurs années, cette opération est une initiative du Smithsonian Tropical Research Institute (STRI), de Pro-Natura International, d'Océan Vert et de Opération Canopée, avec des financements venant de Solvin/Solvay, du STRI et du Global Canopy Project. Ce projet réunit des écologistes et des taxonomistes (qui s'intéressent aux espècesespèces) et même des amateurs.

    Les campagnes menées par Ibisca ont porté jusque-là sur les forêts tropicalesforêts tropicales mais les zones tempérées méritent elles aussi d'être explorées. Même des milieux très fréquentés comme les forêts européennes recèlent une faune et une flore imparfaitement connues. C'est le cas en particulier de la canopée, l'étage supérieur de la végétation, qui abrite des espèces ne vivant que là. Le projet Ibisca-Auvergne, qui réunit une vingtaine de scientifiques de la recherche universitaire, s'est ainsi focalisé sur la forêt de la Comté, sous la houlette de Bruno Corbara, spécialiste d'éthologieéthologie à l'université Blaise PascalBlaise Pascal de Clermont-Ferrand.

    Des biologistes à tous les étages

    L'exploration a démarré cette semaine. La première durera jusqu'en fin juin mais les études se poursuivront jusqu'en 2010. Il s'agit d'un travail patient pour déterminer une à une les espèces vivantes, du lichen à l'oiseauoiseau, en passant les arthropodesarthropodes (insectes, araignéesaraignées, mille-pattesmille-pattes...), les vers, les plantes à fleurs et les champignonschampignons. Les scientifiques s'intéresseront à tous étages, en commençant par le sol.

    Pour étudier la canopée, l'équipe utilisera un cousin du célèbre Radeau des cimes. Cette large structure légère, constituée de filets tendus sur un ou plusieurs boudins gonflables (selon les modèles), est transportée par un dirigeabledirigeable et peut se poser sur la cime des arbresarbres d'une forêt. Juchés sur ce radeau, les scientifiques disposent d'un lieu de travail exceptionnel et peuvent par exemple prélever les animaux (surtout des insectes).

    La première expédition date de 1989. En Guyane, elle avait révélée la richesse et surtout la spécificité de la canopée des forêts tropicales, un milieu naturel quasiment inexploré à l'époque. Depuis, le radeau s'est posé sur de nombreuses forêts du globe. En 2006, l'expédition Santo a permis à 160 scientifiques de 25 pays d'étudier dans le détail les espèces de l'île Santo, dans l'archipelarchipel du Vanuatu, en Mélanésie, dans l'océan Pacifique sud, tout près de la Nouvelle-Calédonie. A chaque fois, la moisson d'espèces nouvelles a été copieuse.

    Dans la forêt de la Comté, les écologistes se serviront de la Bulle, un ballon captif coulissant le long d'une corde et portant une nacelle dans laquelle une personne peut travailler à sa guise et même utiliser un bras mécanique pour opérer à plus grande distance de la nacelle. Les scientifiques n'ont pas, comme sous les tropiquestropiques, l'espoir de dénicher des espèces inconnues. En partie financée par le conseil régional d'Auvergne et par le conseil général du Puy-de-Dôme, cette campagne permettra d'établir un état des lieux de la biodiversité, un point zéropoint zéro, comme le dit Bruno Corbara aux journalistes, et servir ensuite de référence pour étudier l'évolution des écosystèmes.