Après de très lourds investissements, Free Mobile se place sur le marché de la téléphonie mobile et compte rentrer rapidement dans ses frais, tant ce marché est actuellement porteur de croissance. L'objectif est en effet rafler 15 % de parts pour 3 milliards d'euros de chiffre d'affaires.
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Ce mardi 10 janvier, Free présente les conditions de ses offres Free Mobile, devenant de fait le quatrième opérateur mobile en France, après Orange (ex-Itineris), SFR et Bouygues Telecom. Ce sera 19,99 euros (car il ne faut pas dire 20 euros) par mois, ou 16 euros pour les abonnés Free (pardon, 15,99...), pour un abonnement tout compris avec appels vocaux illimités vers la France métropolitaine, les DOM-TOM et 40 pays, plus les SMS et MMS illimités. Free propose également, pour 2 euros mensuels, un service limité dit « social » (une heure d'appel et 60 SMS). Pour cela, le groupe Iliad, propriétaire de Free, a dû mettre sur la table un fonds important.
Il lui a fallu tout d'abord s'acquitter d'une sorte de « ticket d'entrée », c'est-à-dire acheter auprès de l'État une licence d'autorisation d'émettre sur le réseau téléphonique 3G. Ce qui lui a coûté 240 millions d'euros en 2009 et provoqué l'ire de ses concurrents. Il faut dire que eux avaient dû, à l'époque de leur entrée sur ce marché, dépenser 619 millions d'euros chacun. Ensuite, Free a investi dans son réseau afin de remplir son obligation de couvrir plus de 25 % de la population métropolitaine au moment du lancement de son offre. Des frais d'infrastructure essentiellement portés vers les zones rurales, pour environ 1,2 milliard d'euros.
Des accords avec Orange pour étendre la couverture
Les frais ne s'arrêtent pas là. Free dépense aussi beaucoup pour fonctionner. Il a en effet passé un accord avec Orange pour utiliser son réseau afin d'atteindre le reste de la population, celle qui n'est pas couverte par ses propres infrastructures. L'obligeant à débourser une somme estimée à 250 millions d'euros par an selon Les Echos. Et ceci au moins jusqu'en 2018 où légalement, Free devra couvrir de lui-même 90 % de la population.
Et ce n'est pas fini car Free s'est porté candidat pour l'attribution, avec les autres opérateurs, de licences 4G qui permettront d'échanger des données à très haut débit (jusqu'à 60 Mbits/s) sur un smartphone. Sa candidature a été validée pour la bande de fréquence de 2,6 GHz, qui concerne plus les villes et les zones urbaines, contre un chèque de 271 millions d'euros. Elle a par contre été refusée pour la bande de fréquences de 800 MHz, concernant plus les zones rurales. Il lui faudra là aussi payer un concurrent pour y avoir accès.
Mais pour celui qui a été le trublion du Net et qui souhaite devenir aujourd'hui celui du mobile, le jeu en vaut la chandelle. Xavier NielXavier Niel, P-DG d'Iliad, a estimé dans un article du Nouvel Observateur à 3 milliards d'euros par an le chiffre d'affaires potentiel de Free Mobile si celui-ci rafle 15 % du secteur.
Il faut dire que ce marché est aujourd'hui gigantesque : 85 % des Français sont équipés d'un téléphone mobile - dont près de 15 % d'un smartphone -, selon les chiffres de la dernière enquête (juin 2011) de l'Autorité de régulation des communications électroniques et des postes (Arcep) et du Conseil général de l'industrie, de l'énergieénergie et des technologies (CGIET). Ce qui représente tout de même 55 millions d'utilisateurs (chiffres Arcep, novembre 2011), et même 67 millions en comptant les cartes prépayées. Au début de l'année 2000, on comptait 22 millions de clients, puis près de 48 millions au début de l'année 2006. Sur les cinq derniers trimestres, la croissance moyenne est de 1,56 %.
Free Mobile : de l'illimité limité pour désengorger les réseaux
À l'heure actuelle, il s'échange plus de 36 milliards de SMS par trimestre et la navigation sur InternetInternet depuis un mobile a augmenté de 9 points en un an, pour toucher 24 % des utilisateurs (et même 76 % des possesseurs de smartphones). La consultation du courrier électronique concerne 19 % des utilisateurs et le téléchargement d'applications payantes 17 %. Sans compter le développement de la télévision mobile. Ces usages variés rapportent de l'argentargent aux opérateurs par l'intermédiaire des forfaits souscrits et des achats réalisés mais ils encombrent les réseaux et les obligent à revoir leur stratégie. Certains cherchent même à récupérer une partie de leurs investissements en infrastructures par les éditeurs des contenus qui circulent sur le Web mobile.
Mais leur premier levier d'action a été de limiter les débits de connexion 3G (norme HSDPAHSDPA jusqu'à 14,4 Mbits/s en théorie) au-delà d'un certain volumevolume de données téléchargées dans le mois : 500 Mo, 1 Go ou 2 Go selon les abonnements. À ce niveau, il ne devrait pas y avoir de miracle pour Free Mobile, qui fera comme tout le monde, d'autant qu'il utilisera le réseau d'Orange pour un grand nombre de ses clients. Il essaiera également de tirer profit des Freebox de sorte que les utilisateurs mobiles passant près de chez un abonné Internet puissent utiliser une partie de son accès via le Wi-FiWi-Fi pour soulager d'autant le réseau 3G. Ceci en attendant la 4G dont la généralisation permettra de s'affranchir de ce problème mais pas avant plusieurs années, voire une décennie.