L’acétate d’abiratérone, médicament inhibant la production de testostérone, ralentirait très nettement la progression des tumeurs de la prostate. De plus, la qualité de vie des patients semble améliorée. Alors même qu’il est toujours en cours, l’essai clinique livre déjà ses premiers résultats marquants.
Schéma indiquant la place de la prostate dans l'appareil génital masculin. Son rôle consiste à sécréter le liquide séminal, composant indispensable du sperme. © National Cancer Institute, Wikipédia, DP

Schéma indiquant la place de la prostate dans l'appareil génital masculin. Son rôle consiste à sécréter le liquide séminal, composant indispensable du sperme. © National Cancer Institute, Wikipédia, DP

À l'occasion du congrès de la Société américaine d'oncologie clinique (Asco) qui se tient à Chicago (États-Unis), une nouvelle étude menée sur trois continents a démontré l'efficacité de l'acétate d'abiratérone dans la prise en charge des cancers de la prostate métastasés. Cette substance permettrait à la fois de ralentir la propagation de la maladie et de préserver la qualité de vie des patients. 

Cet essai clinique international de phase III a été mené auprès de 1.088 hommes, dans 151 centres de traitement du cancer en Amérique du Nord, en Europe et en Australie. Tous souffraient d'un cancer de la prostate et présentaient des résistances à l'hormonothérapie. Les patients ont été traités au moyen d'un stéroïde la prednisone, à laquelle était associé soit un placébo (premier groupe) soit de l'acétate d'abiratérone.

Ce médicament a pour propriété d'inhiber la sécrétion de testostérone par les testicules et - en plus faible proportion - par les glandes surrénales. Plus important peut-être, il réduit également cette sécrétion par la tumeur elle-même, qui se nourrit de cette hormone pour croître et se disséminer dans l'organisme.

Le cancer de la prostate est de loin le cancer le plus fréquent en France mais n'occupe que la troisième place si l'on considère la mortalité. Il n'évolue pas toujours vers des formes graves. © Annie Cavanagh, Wellcome Images, Flickr, cc by nc nd 2.0

Le cancer de la prostate est de loin le cancer le plus fréquent en France mais n'occupe que la troisième place si l'on considère la mortalité. Il n'évolue pas toujours vers des formes graves. © Annie Cavanagh, Wellcome Images, Flickr, cc by nc nd 2.0

L’acétate d’abiratérone offre une meilleure qualité de vie

Avant de présenter les résultats de son travail, Charles Ryan, de l'University of California à San Francisco (UCSF), a tenu à préciser « qu'il s'agissait d'une analyse intermédiaire ». Cette présentation devant l'Asco, après deux ans de suivi, a mis en évidence une réduction nette (-57 %) de la progression du cancer parmi les patients sous acétate d'abiratérone.

Ce travail a également mis en avant une réduction de la demande en traitements de la douleur. Un aspect essentiel pour la qualité de vie des patients. « Ce médicament permet de prolonger la durée de vie et il offre du répit aux malades puisqu'ils ressentent moins de douleurs », indique Charles Ryan. Les résultats définitifs de ce travail sont attendus pour 2014.

Le cancer de la prostate est extrêmement fréquent. En France il est le plus courant des cancers chez l'homme, nettement devant le cancer du poumon et le cancer colorectal. En 2011 par exemple, 71.000 nouveaux cas de cancer de la prostate ont été enregistrés dans notre pays. Chaque année, il est à l'origine de 8.700 décès.