Nos smartphones renferment de nombreux matériaux à la fois précieux et recyclables. S’ils ont longtemps fini à la poubelle — ou aux oubliettes —, leur recyclage s’organise aujourd’hui de plus en plus. Même si des progrès restent à faire.
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Pendant des années, le marché du smartphone a été florissant. Il y en aurait plus de 16 milliards en circulation dans le monde. Normal, il s'en est vendu plus d'un milliard par an pendant plusieurs années. De l'ordre de 25 millions rien qu'en France. À cela, plusieurs raisons avancées par les experts de la question. Parmi lesquelles, l'attrait de la nouveauté et la fragilité de certaines pièces de nos téléphones portables.
Des évolutions sur le marché du smartphone
Mais les choses sont peut-être en train de changer. En 2022, le marché mondial a particulièrement souffert. Il a reculé, en nombre -- pas forcément en chiffre, car les smartphones deviennent de plus en plus chers -- d'environ 10 %. En France, le cabinet GfK évoque un recul de 8 % avec à peine plus de 15 millions d'unités vendues.
Les analystes pointent d'abord du doigt un problème de pouvoir d'achat en berne. Avec la hausse du coût de la vie, les consommateurs ont moins acheté de smartphones. Au-delà de cette raison conjoncturelle, la bonne nouvelle pour la planète vient du fait que les cycles de remplacement semblent vouloir s'allonger. Ainsi les Français qui avaient tendance à céder aux sirènes de la nouveauté tous les 24 mois environ, patientent désormais, selon les fabricants, plutôt 36 mois avant de changer de téléphone portable. Si ce n'est pas par conviction écologique, au moins parce que les smartphones sont aujourd'hui plus résistants -- la plupart, par exemple, sont étanches -- et parce que les innovations majeures se font rares.
Un attrait pour les smartphones reconditionnés
Autre constat : il y a de plus en plus d'offres sur des smartphones reconditionnés. Une étude International Data Corporation (IDC) rapporte que plus de 280 millions de téléphones portables d'occasion se sont vendus dans le monde en 2022. Une hausse d'environ 10 % par rapport à l'année précédente. Selon le cabinet de conseil, ce rythme de hausse devrait se poursuivre jusqu'en 2026 au moins. D'autres experts le confirment.
Toutefois, aujourd'hui, à peine plus de 10 % des téléphones portables vendus dans le monde sont des appareils reconditionnés. Cela reste moins que pour d'autres produits électroniques. Et le Forum international sur les déchets d'équipements électriques et électroniquesdéchets d'équipements électriques et électroniques estime que plus de 5 milliards de téléphones portables ont encore tout simplement été jetés en 2022. Alors même que nos smartphones regorgent de matériaux rares qui pourraient être recyclés. Il faut dire que globalement, moins de 20 % des déchets électroniques sont correctement recyclés dans le monde. Les Nations unies espèrent porter ce chiffre à 30 % en cette année 2023.
Le recyclage des smartphones encouragé de toutes parts
Sous les pressionspressions réglementaires et des consommateurs, de plus en plus d'acteurs s'engagent. Des opérateurs aux géants du smartphone. Un engagement international a été pris par 12 opérateurs pour recycler 20 % des smartphones neufs vendus d'ici 2030. Orange s'est aussi engagé à augmenter la part des appareils reconditionnés vendus dans ses boutiques. SamsungSamsung et AppleApple ont mis en place leurs propres filières de recyclage. Et la marque à la pomme annonce, par exemple, utiliser, en 2022, 20 % de matériaux recyclés ou d'origine renouvelable pour fabriquer ses smartphones.
Très récemment, le Conseil de l'Union européenne a décidé d'imposer aux fabricants, à l'horizon 2027, de concevoir des batteries de smartphones amovibles. Qui pourront être remplacées facilement par le consommateur lui-même. Afin que nous ne soyons enfin plus contraints de dépenser des fortunes pour faire changer nos batteries de téléphones portables. Ou pire, encouragés à jeter le bébé avec l'eau du bain !
Journée mondiale du recyclage : que deviennent les smartphones passés de mode ?
Selon l'Ademe, la duréedurée de vie d'un téléphone portable est de l'ordre de 10 ans. Pourtant, une enquête commanditée en 2015 par la Fédération française des télécoms révèle qu'il ne s'écoule en moyenne que 30 mois avant que nous ne renouvelions nos smartphones. À l'occasion de la Journée mondiale du recyclage, il est légitime de se poser la question du devenir de tous ces appareils passés de mode et pour bon nombre, encore utilisables.
Article de Nathalie MayerNathalie Mayer paru le 15/11/2016
Le marché de la téléphonie mobile se porteporte à merveille. Cela ne surprendra personne. Rien qu'en France, 24,6 millions de téléphones mobiles ont été vendus en 2015 dont 90 % de téléphones neufs et 84 % de smartphones (chiffres GfK et Deloitte). En cette Journée mondiale du recyclage, c'est la question de leur devenir qui se pose.
73,7 % des éléments d'un téléphone mobile sont recyclables (chiffre FFTélécoms, 2015) et c'est la carte électronique de nos smartphones qui a la plus de valeur en la matièrematière. PalladiumPalladium, cuivrecuivre, argentargent, étainétain, tantaletantale, or, etc. Elle contient des matériaux valorisables à hauteur de 1,40 € par téléphone en moyenne (chiffres BRGM, 2015 et Orange, 2013). Et si on considère que 100 millions de téléphones mobiles dorment dans des tiroirs et qu'ils sont 10 millions de plus à venir grossir les rangs chaque année (chiffre Sénat, 2016), cela pourrait commencer à devenir très rentable !
D'autant que pour fabriquer ces 100 millions de téléphones dormantsdormants, ce ne sont pas moins de 1.600 millions de kilogrammes de CO2 qui ont été émis dans l'atmosphère soit l'équivalent de 50 voyages Terre-Lune (chiffres Ministère de l'environnement et du développement durable, 2015). Un sacré coût pour notre planète qui pourrait se transformer en sacré coup pour l'emploi. Car démanteler 100 millions de smartphones pourrait fournir de l'emploi à pas moins de 8.300 personnes (chiffre FFTélécoms 2015).
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Le recyclage des smartphones s’organise
Article initial de Relaxnews, paru le 25/09/2012
Avec des cycles de vie toujours plus réduits, les téléphones mobiles deviennent rapidement inutilisés, mais on ne sait pas trop quoi en faire : en France, chaque année, on vend 20 millions de mobiles mais un million seulement sont recyclés. Progressivement, les filières du marché d'occasion et du recyclage se développent.
À force de changer de mobiles, les Français gardent plusieurs dizaines de millions de téléphones inutilisés dans leurs tiroirs, selon les professionnels du secteur, alors qu'il existe de nombreuses possibilités de les réemployer, les recycler voire les monnayer. Les chiffres donnent à réfléchir. Chaque année, près de 20 millions de mobiles neufs sont vendus. Or, un peu plus d'un million seulement (1.016.622 en 2011) sont collectés par les opérateurs membres de la Fédération française des télécoms (FFT).
Pourtant, ces deux dernières années, le marché a complètement changé, les simples portables laissant la place à des smartphones, téléphones haut de gamme branchés sur InternetInternet, qui gardent une forte valeur même au bout d'une année ou deux d'utilisation. Par ailleurs, la croissance sur le marché français des offres sans téléphone subventionné, notamment avec l'arrivée de Free Mobile, incite les consommateurs à aller chercher leurs vieux appareils dans les tiroirs.
« Il y a maintenant un vrai marché de l'occasion », assure Christian Lefferère, directeur Europe du site de revente de téléphones Love2recycle, filiale du groupe Anovo lancée il y a 3 ans en France, qui constate « une explosion des ventes de produits de seconde main reconditionnés ». À chaque sortie d'un nouvel iPhone par exemple, « des gens revendent leur ancien modèle » avant d'acheter le nouveau, raconte-t-il, ajoutant que le site peut racheter un smartphone jusqu'à 400 euros.
Et si un portable n'a plus de valeur marchande, raison de plus de s'en débarrasser, mais dans une filière qui permette le recyclage de l'appareil.
Plus de 20 % des téléphones portables sont réutilisables
S'il y a dans les tiroirs de chaque ménage français « au minimum 3 à 4 téléphones portables », c'est souvent « par négligence ou tout simplement par ignorance », indique Guillaume Duparay, directeur du développement chez Éco-systèmes, un organisme spécialisé dans la collecte et le recyclage des déchets électroniques. « En plus, il y a un lien affectif avec les téléphones portables : on ne se voit pas jeter ces doudous qui nous ont accompagnés 18 mois », la durée moyenne d'utilisation, estime-t-il, d'autant plus que souvent ils détiennent beaucoup de données personnelles : répertoire, notes et agenda.
Il est donc important de savoir à qui les confier, en toute sécurité, avec un effacement des données garanti et donc une traçabilitétraçabilité de l'appareil. Eco-systèmes travaille avec les ateliers du bocage, une entreprise de recyclage située dans les Deux-Sèvres qui fait partie du réseau solidaire d'Emmaüs France et emploie une soixantaine de salariés rien que pour l'activité mobile. L'organisme « leur envoie les téléphones GSMGSM dits "sans valeur", et sur 100 téléphones, il y en a au moins 25 ou 30 qui pourront être réemployés », tandis que les autres seront démontés et recyclés dans des filières spécialisées, explique Étienne Delorme, chargé de la communicationchargé de la communication de ces ateliers.
Les ateliers du bocagebocage « privilégient les téléphones qui peuvent avoir une seconde vie », en les réparant si besoin, en y supprimant toute donnée personnelle puis en les reconditionnant, raconte-t-il.
Ils ont ainsi traité 439.000 portables en 2011, dont 78 % obsolètes ou non réparables sont partis au recyclage. C'est alors de nouveau Eco-systèmes qui intervient en prenant en charge les flux de déchets qui partent chez des prestataires spécialisés. « On arrive quasiment à un niveau de recyclage maximum. Les process sont assez poussés avec des traitements au niveau de l'imagerie laserlaser, de l'extraction minière pour aller chercher jusqu'au gramme de matière rare comme le cuivre et l'argent voire rarissime comme le coltan [un mineraiminerai contenant notamment du tantale, NDLRNDLR] », indique Guillaume Duparay.