Selon un bilan mondial établi pour l'année 2008 et publié par l'Ifrecor, un cinquième des récifs coralliens ont déjà disparu et la moitié de ceux qui restent sont menacés de disparition dans les décennies à venir. C'est le pronostic de 400 chercheurs, qui vient d'être rendu public.

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    Pourtant, les hommes semblent aimer les coraux... © Amit (Sydney) / Flickr - Licence Creative Common (by-nc-sa 2.0)

    Pourtant, les hommes semblent aimer les coraux... © Amit (Sydney) / Flickr - Licence Creative Common (by-nc-sa 2.0)

    Le rapport est épais de trois cents pages. Intitulé Status of Coral Reefs of the World: 2008, il est le fruit du travail de 372 chercheurs de 96 pays regroupés par l'Icri (International Coral Reef Initiative), un organisme relayé en France par l'Ifrecor (Initiative française pour les récifs coralliens). Publié tous les quatre ans, il fait le point sur l'état des récifs dans le monde. L'édition 2008 (voir les liens au bas de cet article pour le télécharger en tout ou en partie) annonce plutôt des mauvaises nouvelles.

    Depuis la seconde guerre mondiale, 19% des coraux auraient déjà disparu. Parmi les récifs actuels, 54% seraient menacés. Selon les scientifiques, 15% des récifs ont de bonnes chances de disparaître dans les 10 à 20 ans à venir et 20% de plus à un horizon juste un peu plus lointain, entre 20 et 40 ans.

    Les raisons de cette régression planétaire sont bien connues et liées aux activités humaines. Les coraux subissent directement les effets de la progression démographique sur les côtes. Les rejets venant des zones urbaines les arrosent de polluants organiques et chimiques. Les pratiques agricoles intensives et la déforestation lessivent les sols et conduisent à déverser en mer des flux de matièrematière organique charriée par les rivières, ce que n'apprécie pas du tout le corail.

    Près des côtes et sur les récifs, les hommes pêchent abondamment, souvent au-delà des limites que peut supporter l'écosystème et parfois au cyanure ou à la dynamite... Il construit aussi des ports ou racle le fond du lagon pour récupérer du sable.


    Les récifs coralliens forment un écosystème particulièrement riche. On y recense plus de 4.000 espèces de poissons. Ici, des poissons perroquets dans le récif Osprey, dans les îles de la mer de Corail, en Australie. © Richard Ling / Flickr - Licence Creative Common (by-nc-sa 2.0)

    Des conséquences écologiques et humaines

    Le réchauffement climatiqueréchauffement climatique s'en mêle également puisqu'on le rend responsable du blanchissement, un syndromesyndrome qu'on observe un peu partout dans le monde. Quand la température de l'eau augmente, les polypes (ces petits animaux, apparentés aux anémones de mer et dont les colonies forment le corail) expulsent les alguesalgues minuscules (des zooxanthelleszooxanthelles) qui vivent en symbiose avec eux. Au passage, le récif perd sa coloration. Sans cette fabrique de sucresucre alimentée par énergieénergie solaire, le corail finit par mourir.

    Enfin, on pense également que l'acidification de l'eau de mer est néfaste pour les coraux. Le gazgaz carbonique (ou dioxyde de carbonedioxyde de carbone) de l'atmosphèreatmosphère se dissout en effet dans les océans, augmentant la concentration en carbonate, ce qui augmente l'acidité de l'eau de mer (son pH est en moyenne de 8,2, donc un peu alcalin). En octobre 2008, trois auteurs américains (Timothy Wootton, Catherine Pfister et James Forester) publiaient les résultats de mesures effectuées au même endroit (sur la côte Pacifique, dans l'Etat de Washington) durant huit ans. Ils montrant que le pH avait diminué de 0,36, pour tomber à 8,1, témoignant d'une acidification beaucoup plus rapide que ce qui était supposé.

    La disparition de récifs coralliens est grave en soi mais elle entraîne bien d'autres conséquences que la raréfaction ces jolis petits polypes, qu'on appelle des anthozoaires. Les récifs abritent un nombre énorme d'espècesespèces en tout genre, animales et végétales, qui ne peuvent survivre ailleurs. Alors qu'ils ne représentent que 1% de la surface des océans, les récifs abritent 25% de la vie marine. Pour les hommes aussi, les récifs sont importants. Des millions de personnes, dans les pays qui comptent parmi les plus pauvres, en dépendent directement pour la nourriture. Les récifs protègent aussi les rivages des tempêtestempêtes et constituent une manne touristique. Au total, le rapport de l'Icri estime à cinq cents millions le nombre de personnes dont la vie dépend d'une manière ou d'une autre de récifs coralliens.

    De nombreuses mesures de protection ont été mises en place un peu partout dans le monde. 2008 fut même Année internationale des récifs coralliens. Dans de nombreux pays développés, les récifs bénéficient de ces protections. On le constate par exemple pour l'Outre-mer français. Mais en Asie du Sud-Est et dans les Caraïbes, le développement économique et l'urbanisation des côtes sont les facteurs dominants...