Et si le destin de l'homme était semblable à celui des dinosaures ? Si un jour, en se réveillant, on apprenait qu'un astéroïde se rapproche dangereusement de la Terre, que pourrait-on faire pour sauver le monde ? C'est justement la question que se pose la fondation B612, qui milite auprès de la NASA pour l'instauration d'un système de déviation des astéroïdes. Edward Lu et Stanley Love, deux astronautes membres de cette fondation, détiennent peut-être la solution. En effet, ils ont imaginé un « vaisseau tracteur », qui viendrait se placer à proximité de l'astéroïde et l'écarterait de sa trajectoire périlleuse, sans se poser ni entrer en contact avec lui, mais en utilisant simplement la gravité comme câble remorqueur.

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    Vue d'artiste d'un moteur nucléoélectriqueSon principe repose sur l'ionisation d'un gaz et son éjection à grande vitesse (Crédits : NASA)

    Vue d'artiste d'un moteur nucléoélectriqueSon principe repose sur l'ionisation d'un gaz et son éjection à grande vitesse (Crédits : NASA)

    Le cratère Barringer, en Arizona, d'un diamètre de 1200 mètres et d'une profondeur de 300 mètres <br />Il aurait été creusé par l'impact d'un astéroïde d'une trentaine de mètres de diamètre<br />(Crédit : http://www.snowder.com)<br />

    Le cratère Barringer, en Arizona, d'un diamètre de 1200 mètres et d'une profondeur de 300 mètres
    Il aurait été creusé par l'impact d'un astéroïde d'une trentaine de mètres de diamètre
    (Crédit : http://www.snowder.com)

    Seulement deux solutions pour sauver le monde…

    D'après les calculs de Clark Chapman, chercheur et spécialiste des astéroïdes, la collision d'un objet de 200 mètres de diamètre avec la Terre pourrait engendrer des dommages colossaux, et mettre en danger la vie sur Terre.

    Face à la menace d'un astéroïde venant percuter la Terre, deux solutions se présenteraient à nous :

    • Le détruire avant qu'il n'entre dans l'atmosphèreatmosphère ;
    • Infléchir sa trajectoire afin de l'éloigner de la Terre.

    La première alternative ne semble guère réaliste avec les moyens actuels. En effet, alors que de nos jours envoyer 10 tonnes de charge utile en orbite est déjà un exploit (voir notre article sur le dernier vol d'Ariane 5 ECA  ), pour détruire un astéroïde de plusieurs millions de tonnes, il faudrait pouvoir faire décoller un vaisseau lesté par une charge explosive considérable. D'autre part il faudrait que, suite à l'explosion, les fragments d'astéroïde soient suffisamment petits pour être détruits à la traversée de l'atmosphère, ce qui impliquerait une connaissance complète de la composition et des caractéristiques physiques de la cible. Autant dire qu'en cas de danger imminent, nous n'aurions probablement pas le temps de mener une telle étude préliminaire...

    Historique des découvertes de larges astéroïdes à proximité de la Terre<br />D'après la fondation B612, le risque d'impact majeur est d'environ 2% pour le siècle à venir<br />(Crédits : NASA)

    Historique des découvertes de larges astéroïdes à proximité de la Terre
    D'après la fondation B612, le risque d'impact majeur est d'environ 2% pour le siècle à venir
    (Crédits : NASA)

    Plus qu'une seule solution pour sauver le monde…

    En l'état des technologies actuelles, la seule solution envisageable reste donc de dévier la course de l'astéroïde.

    La première possibilité serait de poser directement un vaisseau sur l'astéroïde, puis d'allumer les moteurs et de fournir une poussée suffisante pour modifier sa trajectoire. Seulement, comme le précisent Edward Lu et Stanley Love, l'impulsion nécessaire pour le rendez-vous et la déviation de l'astéroïde dépasserait largement celles des fuséesfusées chimiques traditionnelles. De plus, un système d'ancrage serait nécessaire pour fixer le vaisseau à l'astéroïde, et le problème de la composition géologique exacte du lieu de l'atterrissage se poserait à nouveau. Sans oublier que, la plupart des astéroïdes tournant sur eux-mêmes, le vecteur de la poussée fournie par le vaisseau devrait être réévalué en permanence.

    Les deux astronautes de la fondation B612 proposent quant à eux une solution originale, qui consisterait à utiliser un « remorqueur gravitationnel », qui n'entrerait pas en contact avec l'astéroïde mais se placerait en vol stationnairevol stationnaire au dessus de lui, tout en utilisant la force gravitationnelleforce gravitationnelle pour le treuiller et dévier sa course.

    Le remorqueur gravitationnel en phase d'approche <br />(Courtesy of Dan Durda)

    Le remorqueur gravitationnel en phase d'approche
    (Courtesy of Dan Durda)

    Le remorqueur gravitationnel : le salut ?

    Les deux astronautes qui ont imaginé ce projet sont membres de la fondation B612, qui fait du lobbying auprès de la NASA pour mettre en place un dispositif de déviation des astéroïdes. Ils souhaiteraient tester l'efficacité de leur premier « remorqueur gravitationnel » sur l'astéroïde Apophis de 320 mètres de diamètre qui, en 2029, passera à 30 000 kilomètres de la planète bleue.

    « Nous suggérons d'utiliser un vaisseau qui planerait simplement à proximité de l'astéroïde. Ce vaisseau spatial le remorquerait sans ancrage, en utilisant la gravitégravité comme un câble de treuillage

    « Cette méthode ne serait pas sensible aux propriétés physiques de la surface, ni à la structure interne et à la rotation de l'astéroïde. Le vaisseau aurait seulement besoin de rester en vol stationnaire, dans la direction du remorquage, tandis que l'astéroïde tournerait en dessous de lui. »

    Les deux astronautes pensent que le vaisseau pourrait trouver une position stable en attitude (NDLRNDLR : direction des axes d'un engin spatial par rapport à un trièdre de référence), à la manière d'un pendule, en tournant ses parties les plus lourdes vers l'astéroïde, et ses moteurs vers l'extérieur.

    D'après leurs calculs, un vaisseau de 20 tonnes placé pendant un an au dessus d'un astéroïde de 200 mètres de diamètre pourrait le dévier de sa course pour au moins 20 ans.

    Pour construire le premier « remorqueur gravitationnel », Edward Lu suggère que la NASA relance son programme de moteurs nucléoélectriques, gelé depuis peu par l'agence spatiale américaine. D'après ses calculs, un moteur ioniquemoteur ionique de 100 kW serait approprié à une telle mission.

    Si le projet est ambitieux, la NASA n'a toujours pas fourni de réponse officielle aux récentes relances de la fondation B612. Pour l'heure, il s'agit donc d'un sujet à suivre...