Au Brésil, Mastercard expérimente dans des supermarchés le paiement par reconnaissance faciale. Ce procédé biométrique inquiète les États-Unis et l'Europe, qui limitent, voire interdisent, la reconnaissance faciale dans les lieux publics. En revanche, en Russie, c'est déjà en place dans le métro de Moscou.


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    Cela fait bientôt 10 ans que les banques et les spécialistes des systèmes de paiement et de retrait comme Visa et Mastercard étudient la possibilité de payer par reconnaissance faciale. Dans un communiqué, Mastercard annonce la mise en place d'un ensemble de normes de conformité pour les banques, les commerçants et les fournisseurs de technologie qui garantissent que les données privées des consommateurs utilisant ce service sont correctement sécurisées.

    L'objectif pour le concurrent de Visa, est de permettre de valider un paiement avec un sourire devant un écran ou un simple signe de la main au-dessus d'un lecteur ! Ce processus inédit de paiement biométrique est expérimenté depuis cette semaine dans cinq supermarchés de São Paulo, au Brésil. De futurs tests sont prévus pour l'Asie et le Moyen-Orient.

    Il y a 10 ans, Uniqul avait dévoilé un service de validation de paiement basé sur la reconnaissance faciale. © Uniqul
    Il y a 10 ans, Uniqul avait dévoilé un service de validation de paiement basé sur la reconnaissance faciale. © Uniqul

    Quelle protection pour les données biométriques ?

    « Pour les commerçants, les avantages sont également considérables, allant de délais de transaction plus rapides et de files d'attente plus courtes à une plus grande hygiène et une sécurité accrue, se justifie Mastercard. Le système de paiement peut être intégré à des programmes de fidélité et à des recommandations personnalisées pour aider les consommateurs à trouver des produits susceptibles de les intéresser en fonction de leurs achats précédents. »

    Même si le géant américain met en avant la sécurité des données et la simplicité du système, il sera compliqué d'étendre son usage à travers le monde. Que ce soit aux États-Unis ou en Europe, les lois sur la protection des données biométriques des consommateurs sont très encadrées. Pour qu'un tel système fonctionne, il faut que le commerçant ou la banque stocke la structure faciale d'un consommateur ou ses empreintes digitales. Actuellement, lorsque l'on valide un paiement via son smartphone avec son empreinte digitale, l'image est stockée dans l'appareil, et non sur le serveur du site marchand ou de la banque.

    Avant d'aller en magasin, la personne enregistre son visage dans l'application Mastercard. La base de données est alors accessible chez les commerçants partenaires. © Reuters, Mastercard

    L'Europe interdit la reconnaissance faciale dans l'espace public

    À titre d'exemple, des États américains ont promulgué des lois réglementant l'utilisation de la biométrie, et des parlementaires ont également proposé une loi fédérale interdisant l'utilisation de la reconnaissance faciale. En Europe, le plus récent rapport édité par la Commission européenne pointait du doigt le fait que « la technologie de reconnaissance faciale enregistre des caractéristiques du corps humain qu'une personne ne peut modifier (contrairement aux identifiants de téléphone portable) ». Par ailleurs, « un grand nombre d'images sont déjà disponibles (par exemple sur l'internet), et des images faciales peuvent être prises à distance à l'insu d'une personne » avec la crainte de l'usurpation d'identité.

    En revanche, en Russie, ces questions sur la protection des données personnelles et leur sécurité se posent moins puisque les Moscovites utilisent déjà le paiement par reconnaissance faciale dans les transports en commun. Pour cela, les utilisateurs du métro de Moscou enregistrent dans une applicationapplication, une bonne fois pour toutes, leur photo et leurs données bancaires. Et ensuite, les caméras des stations de métro se chargent de débiter leur abonnement en fonction de leurs passages dans le tourniquet. Un système tout simplement inimaginable en Europe puisque la reconnaissance faciale est prohibée dans l'espace public.