L'ISS s'apprête à mettre en service un nouveau télescope dédié à l'observation des rayons cosmiques dont le développement a été réalisé par Riken (Institut japonais de recherche physique et chimique) et L’Oréal. Deux instruments ont été conçus pour répondre aux besoins de chacun des partenaires, qui s'appuient sur une technologie hyperspectrale et des algorithmes communs pour traiter leurs données. Les explications d'Alexandre Nicolas, responsable du département Évaluation instrumentale et clinique au Japon, au sein de L'Oréal Recherche & Innovation.


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    L'Oréal, la célèbre marque de cosmétiques, a participé à la réalisation de Mini-EUSO, un télescope de nouvelle génération conçu pour étudier la Terre depuis la Station spatiale internationale (ISSISS). Mini-EUSO a été mis au point par l'équipe de recherche du Riken (l'Institut japonais de recherche physique et chimique) en collaboration avec L'Oréal Recherche & Innovation. Il a pour but l'étude des rayons cosmiques d'ultra-haute énergie. Il s'agit de particules les plus énergétiques de l'Univers.

    Ce partenariat inédit entre l'Institut Riken et L'Oréal peut surprendre d'autant plus que l'on voit mal en quoi l'étude de ces particules peut aider le groupe de cosmétiques français dans la fabrication de ses produits dédiés aux soins et à la beauté !

    Pour L'Oréal, l'observation de la Terreobservation de la Terre ne fait évidemment pas partie de ses activités. Mais sa collaboration avec l'équipe de recherche du Riken ne s'est bien sûr pas faite à fonds perdus, elle s'explique par la nécessité de mettre au point un « appareil d'imagerie utilisable in vivoin vivo pour mieux définir et comprendre les différentes caractéristiques de la peau du visage », nous confie Alexandre Nicolas, responsable du département Évaluation instrumentale et clinique au Japon, au sein de L'Oréal Recherche & Innovation. Il s'agit d'une « nouvelle technique d'évaluation non invasive utilisée par la recherche pour évaluer la performance de nos produits, notamment sur l'axe pigmentairepigmentaire », précise Alexandre Nicolas, dans l'équipe duquel le Dr Carl Blaksley a collaboré avec le Pr Casolino du Riken.

    Concrètement, dans le cadre du projet Mini-EUSO, les travaux communs aux deux équipes sont allés du développement de systèmes d'imagerie et de détecteurs au traitement des données, en passant par la mise au point d'algorithmes dédiés à l'extraction et à l'identification des caractéristiques cutanées.

    Les chercheurs du projet Mini-Euso, avec Carl Blaksley, physicien chez L'Oréal R&I (à droite) et le Pr Casolino pour Riken. © L'Oréal Recherche & Innovation
    Les chercheurs du projet Mini-Euso, avec Carl Blaksley, physicien chez L'Oréal R&I (à droite) et le Pr Casolino pour Riken. © L'Oréal Recherche & Innovation

    Deux appareils, un pour la peau, l'autre pour l'espace, ont été conçus en parallèle. Même si les objectifs et la conception de ces derniers diffèrent, de nombreux algorithmes conçus par les chercheurs de L'Oréal, pour l'étude de la peau, permettent également d'étudier les rayons cosmiques d'ultra-haute énergie. Les analyses telles que la reconnaissance des formes et la segmentation des images servant à définir des zones spécifiques sur un visage et à déterminer les caractéristiques de sa peau peuvent être appliquées aux données générées par Mini-EUSO.

    Des informations très précises sur la peau du visage

    Pour la recherche L'Oréal, il y a un « intérêt évident à obtenir des données toujours plus précises de la peau du visage » souligne Alexandre Nicolas, car cela permet de « mieux la caractériser et donc à terme de mieux comprendre sa physiologie ». Il faut savoir que si les techniques actuelles « permettent par exemple de visualiser les désordres pigmentaires, elles ne permettent pas de les différencier ». L'objectif avec ce nouvel analyseur d'images est donc de mieux « caractériser les différents désordres pigmentaires (lentigines ou taches de vieillesse...)) ou d'autres paramètres de la peau comme des lésions spécifiques, son oxygénation ». Il est aussi question de mieux caractériser précisément des paramètres importants pour les consommateurs des produits de L'Oréal tels que « l'homogénéité du teint de la peau (au travers de l'entropieentropie) ou sa proximité par rapport à une peau sans défauts, ce qui n'était alors applicable qu'à de petites zones au travers d'une mesure nécessitant un contact direct avec la peau ».

    Un saut technologique significatif

    Par rapport aux instruments existants, ce nouvel analyseur d'images présente deux améliorations majeures. D'abord, il ne nécessite pas de « contact direct avec la peau et permet d'évaluer le visage en entier en une seule prise d'images ». L'évaluation de la peau du visage qu'il réalise permet à L'Oréal d'être « encore plus proche de la perception de nos consommateurs concernant l'efficacité de nos produits de soin luttant contre la pigmentationpigmentation, mais aussi l'effet de nos produits de maquillage ». Ensuite, le spectrespectre d'analyse est « beaucoup plus complet et permet de distinguer des caractéristiques physiologiques cutanées qu'il n'était pas possible de voir avec les précédents appareils ».

    La caméra prototype utilisée va acquérir « l'ensemble du spectre visible de 380 nm à 750 nm pour tous les pixelspixels de l'image acquise », alors que les anciens appareils « n'utilisent que 3 bandes dans la lumièrelumière visible et ne permettent pas d'obtenir autant d'informations ».

    Avec ces nouvelles connaissances sur la peau du visage, la « recherche de L'Oréal identifie de nouvelles cibles biologiques et peut travailler sur le développement de produits plus performants ». Les applicationsapplications sont potentiellement multiples dans le soin du visage comme la « prise en charge des différents désordres pigmentaires ». Dans la perspective de futurs produits, la recherche en est à « l'acquisition de nouvelles données qui va nécessiter un travail complémentaire pour générer suffisamment de données et proposer de nouvelles pistes produits ».