Les tardigrades sont d’étranges petites créatures. Ils font des tas de choses étonnantes. Ce n’est plus un scoop. Et parmi ces choses, l’une pourrait nous sembler banale : la marche. Pourtant, elle ne l’est pas. Des chercheurs nous expliquent pourquoi.
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Les tardigrades sont de tous petits êtres. Ils ne dépassent pas le millimètre. Et ils vivent souvent dans des environnements hostiles. Ils intriguent beaucoup les chercheurs. Quelques individus triés sur le volet viennent d'ailleurs de rejoindre la Station spatiale internationale (ISS) pour être scrutés de près par Thomas PesquetThomas Pesquet. Parmi les questions que les scientifiques se posent à leur sujet depuis qu'ils les ont observés pour la première fois au XVIIIe siècle : pourquoi ceux que l'on surnomme les « oursons d'eauoursons d'eau » ont développé la capacité de marcher.
En général, les animaux aussi petits et mous que les tardigrades n'ont pas de pattes. Les chercheurs de l’université Rockefeller (États-Unis) donnent l'exemple des vers ronds qui se tortillent en tous sens pour faire glisser leurs formes pâteuses. Mais les tardigrades, eux, disposent de huit pattes qui leur permettent de marcher dans les sédimentssédiments marins ou d'eau douceeau douce ou encore à travers les dunes du désertdésert et sous les sols.
Alors ces chercheurs ont observé de près ces drôles de petites créatures. Pour découvrir qu'elles sont loin d'être maladroites. Elles ne trébuchent pas et ont au contraire une démarche assurée. Les tardigrades marchent un peu comme des insectesinsectes qui sont pourtant généralement bien plus grands qu'eux. Ils peuvent marcher ou courir. Déplaçant entre l'équivalent de la moitié jusqu'à deux fois la longueur de leur corps en une seconde. Augmentant leur vitesse de déplacement sans changer d'allure. Comprenez qu'ils ne s'y prennent pas comme un cheval qui passe du trot au galop, par exemple.
Ancêtre commun ou avantage évolutif ?
Pour expliquer pourquoi les tardigrades ont évolué pour marcher comme des animaux avec un corps dur bien plus gros que le leur, les chercheurs envisagent l'existence d'un ancêtre commun entre les « oursons d'eau » et les mouches ou les fourmisfourmis. D'ailleurs, certains scientifiques voudraient classer les tardigrades dans une sorte de groupe fourre-tout, celui des panarthropodes où l'on retrouverait aussi bien des insectes que des crustacéscrustacés ou encore des vers.
Il se pourrait aussi qu'il n'existe aucun ancêtre communancêtre commun entre tardigrades et arthropodesarthropodes. Et que la façon qu'ont les « oursons d'eau » de se déplacer leur apporte simplement un avantage évolutif. Cette technique aurait donc évolué indépendamment chez les uns et chez les autres.
Quelle que soit la réalité, les chercheurs sont enthousiastes. Et impatients d'en apprendre plus sur un système neuronal qui contrôlerait la marche de manière assez large chez les panarthropodes ou de comprendre ce qui rend cette stratégie aussi intéressante pour des espècesespèces évoluant dans différents environnements. Ils comptent aussi s'appuyer sur ces travaux pour faire avancer la robotiquerobotique douce et microscopique. Pour concevoir des robots capables de se faufiler efficacement dans de petits espaces ou d'évoluer à l'échelle microscopique.