Des archéologues égyptiens viennent de mettre au jour une trentaine de sarcophages dans la nécropole de Saqqara. L'égyptologue Christiane Ziegler commente pour Futura-Sciences cette découverte exceptionnelle.

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    Dans un site archéologique de la nécropole de Saqqara (ou Saqqarah, ou encore Sakkarah), à moins de trente kilomètres au sud du Caire, une équipe d'égyptologues vient de mettre au jour une trentaine de sarcophages. Datant d'environ 4.300 ans, le site de la découverte a été utilisé comme sépulturesépulture durant plus de deux millénaires et la salle où se trouvaient les sarcophages a dû être réalisée il y a 2.600 ans.

    Zahi Hawass, secrétaire général du Conseil suprême des antiquités égyptiennes, a publiquement présenté un des sarcophages, qui contient une momie dans un excellent état de conservation et expose les détails sur son site Web.

    Cette découverte a fait réagir une égyptologue française bien connue, Christiane ZieglerChristiane Ziegler. Conservatrice Générale honoraire du département des antiquités égyptiennes au Musée du Louvre, elle a créé la Mission archéologique du musée du Louvre à Saqqara et réalisé d'importantes fouilles sur cette immense nécropole.

    Pour Futura-Sciences, elle revient sur la découverte des archéologues égyptiens et sur les ressemblances de ce tombeau avec d'autres sites proches.

    A Saqqara, dans la tombe F17, les fouilles menées par Christiane Ziegler ont mis au jour plusieurs sarcophages portant des inscriptions en écriture démotique, descendante simplifiée des hiéroglyphes. © Christian Décamps/Mission Archéologique de Saqqara

    A Saqqara, dans la tombe F17, les fouilles menées par Christiane Ziegler ont mis au jour plusieurs sarcophages portant des inscriptions en écriture démotique, descendante simplifiée des hiéroglyphes. © Christian Décamps/Mission Archéologique de Saqqara

    « Des tombeaux du temps des pyramides sont réutilisés au premier millénaire avant J.C. »

    « Bravo au Dr Zahi Hawass. Cette découverte importante m'intéresse tout particulièrement. Autant que j'en puisse juger, elle est tout à fait comparable, à celle que j'ai faite il y a quelques années dans notre concession de fouilles, également proche de la pyramide de Djéser, mais située au sud, tout près de la chaussée conduisant à la pyramide d'Ounas : même puits d'accès profond creusé dans une tombe beaucoup plus ancienne datée de l'époque des pyramides ; même configuration du caveau avec plusieurs niches contenant des sarcophages de pierre et de boisbois ; même accumulation de momies.

    La tombe que j'ai découverte (F 17) contenait un sarcophage précisément daté par une inscription : an 2 du pharaon Nectanébo II (IVème siècle avant J.C.)). La tombe découverte par le Dr Zahi Hawass est probablement contemporaine, mais pour se prononcer il faudrait pouvoir lire les inscriptions (que je suis impatiente de connaître, il semble y avoir un nom propre mentionné).

    Le fait que des tombeaux datant du temps des pyramides soient réutilisés au premier millénaire avant J.C. est également attesté dans mes fouilles (par exemple la Galerie A, ornée de "fausses portesportes" typiques de l'Ancien Empire contient des sarcophages beaucoup plus tardifs).

    Le phénomène traduit le manque de place dans la nécropole de Saqqara, qui était le cimetière de Memphis, la capitale, et fonctionnait depuis plus de 2.000 ans. D'où également l'usage de sépultures collectives réunissant les membres d'une même famille ou des collègues de travail. »