Plus gros objet artificiel en orbite terrestre, avec 110 mètres de longueur et une masse de 400 tonnes, la Station spatiale internationale, ou ISS, s'est construite petit à petit. Le premier élément de ce Meccano géant, le module russe Zarya, a été lancé par une fusée russe Proton le 20 novembre 1998, 14 ans après la décision de la Nasa de lancer le projet. À L'occasion de ce 25e anniversaire, nous vous proposons de revivre cette formidable aventure humaine, technologique et politique. 


au sommaire


    Article mis à jour chaque fin d'année

    Le projet d'une station spatiale internationale est initié en janvier 1984, insufflé par un discours volontariste du président Ronald Reagan. La Nasa s'attaque au développement d'une station spatiale dans un cadre international. Son coût est alors estimé à 8 milliards de dollars. Au final, les révisions successives du projet ont entraîné de nombreux retards et porté le coût total à 12 fois le budget initialement prévu. Mais à défaut d'être une réussite scientifique, la Station est avant tout un succès politique et technologique sans précédent. En effet, politiquement, ce projet initié pendant la guerre froide a permis aux États-Unis de ravir aux Russes la première place dans le domaine de l'exploitation de l'orbite basse terrestre. Techniquement, c'est également un exemple unique et réussi d'une coopération internationale qui a permis le rapprochement de méthodes de travail et de normes très différentes.

    En janvier 1985, l'Agence spatiale européenneAgence spatiale européenne (ESA) s'associe au plan, suivie par le Canada en avril et le Japon en mai de la même année. Le projet est alors évalué à 10,9 milliards de dollars. Mais le 28 janvier 1986, la navette Challenger explose en vol, ce qui entraînera un retard considérable de tous les projets de la Nasa et une refonte complète du programme spatial.

    En 1987, diverses études successives menées par la Nasa et le Conseil de la recherche américain, rehaussent l'estimation du coût du projet à quelque 24,5 milliards de dollars. Le 16 juillet 1988, le président Reagan baptise la station Freedom (Liberté).

    Portrait de famille de l'ISS, une image historique montrant ses vaisseaux d'accès (sauf le HTV japonais). © Nasa
    Portrait de famille de l'ISS, une image historique montrant ses vaisseaux d'accès (sauf le HTV japonais). © Nasa

    La Russie est invitée à bord

    En 1993, l'administration Clinton invite la Russie à rejoindre les autres participants. La Nasa révise entièrement le projet en suivant un concept dérivé des plans de Freedom et de la station russe MirMir 2 qui devait succéder à Mir. Le projet est rebaptisé Alpha. En février, Bill Clinton exige de la Nasa que le coût de la station soit divisé par deux et l'Agence spatiale américaine propose une nouvelle conception. Dès 1993, les Américains estiment nécessaire de profiter de la longue expérience de la Russie dans le domaine des longs séjours spatiaux, dans le but d'éviter de reproduire certaines erreurs stratégiques ou technologiques susceptibles de provoquer de lourdes dépenses inutiles. Ainsi, le 6 décembre, la Nasa et la Roscosmos marquent leur accord pour dix vols de navettes vers Mir et neuf seront effectivement réalisés.

    Nous sommes en juin 1995. Le coût est maintenant estimé à 93,9 milliards de dollars, dont 50,5 milliards de dollars pour les seuls vols de navettes.

    En 1997, c'est au tour du Brésil de rejoindre le programme. L'arrivée de la Russie a impliqué une refonte totale de l'organisation logistique de la Station. Dans la foulée, le nom de Alpha, qui ne plaît pas aux Russes car ils estiment que ce sont eux qui ont créé la véritable première station orbitale, est abandonné. La Station s'appellera International Space Station, soit ISS, pour Station spatiale internationale, tout simplement.

    1998 sera l'année du lancement des premiers modules russes et américains. Le 20 novembre un Proton lance Zarya, le premier module de la Station. Construit par la Russie mais financé par les États-Unis, ce module autonome prend en charge l'alimentation électrique, la régulation thermique, ainsi que la navigation, la propulsion et les télécommunications de la Station. En décembre, la navette EndeavourEndeavour et son équipage (STS-88) amarrent à Zarya le nœudnœud de jonction numéro 1 (Unity), le premier élément américain de la Station.

    Image du site Futura Sciences

    Zarya et Unity (à droite), les deux premiers modules de la Station spatiale lancés en 1998. © Nasa

    En 2008, premier vol de l'ATV européen

    En février 2003, la désintégration de ColumbiaColumbia et la perte de son équipage de sept astronautesastronautes va accélérer la décision de la Nasa de remiser au plus vite sa flotte de trois navettes restantes. La configuration de la Station est une nouvelle fois modifiée de façon à intégrer les laboratoires scientifiques européens (ColumbusColumbus) et japonais (Kibo) rapidement après le retour en vol des navettes.

    Les opérations reprennent en juillet 2005. Le coût de la Station est maintenant évalué à quelque 100 milliards de dollars.

    En 2006, la Nasa teste et valide une technique pour réparer en orbite des tuilestuiles de la protection thermique de la navette afin que le drame de Colombia ne se reproduise pas.

    En 2007, l'installation du nœud de jonction numéro 2 (Harmony) ouvre la voie à une nouvelle étape de la constructionconstruction de la Station. En effet, jusqu'à cette date, seuls des modules russes et américains avaient été installés.

    En 2008, la Nasa intègre à la Station les laboratoires scientifiques du Japon (Kibo) et de l'Europe (Columbus) qui sont tous les deux amarrés à Harmony. Columbus est un des trois éléments majeurs de la contribution de l'Europe au projet. Les deux autres sont le véhicule de transfert automatique (ATVAutomated Transport Vehicle, de l'ESA), dont le premier vol à lieu en avril 2008 et le bras robotisé Era, qui sera lancé par un Proton russe en 2018. L'installation des trois modules de Kibo a nécessité trois vols de navettes, deux en 2008 et un en 2009.

    Dix ans après les premiers modules russes et américains, l'Europe et le Japon ont également lancé leur laboratoire scientifique (en bas de l'image). © Nasa
    Dix ans après les premiers modules russes et américains, l'Europe et le Japon ont également lancé leur laboratoire scientifique (en bas de l'image). © Nasa

    Un balcon panoramique pour regarder la Terre

    En 2009, le dernier segment de la grande poutre a été installé, neuf ans après le lancement des premiers segments. Cette structure est la pièce maîtresse de la Station autour de laquelle tout est installé. Elle supporte les modules, les ports d'amarrages, le système d'entretien mobilemobile, les panneaux solaires et quelques plateformes externes. Initialement elle devait comporter treize segments. Mais la révision à la baisse du projet en 2002 a conduit à la suppression des segments bâbord (P2) et tribord (S2).

    Côté russe, le Mini-Research Module 2, lancé par une fuséefusée SoyouzSoyouz en novembre 2009, s'amarre au module russe Zvezda. Il servira de sas pour des sorties en scaphandre, de port d'attache pour des vaisseaux Soyouz ou Progress et hébergera des expériences scientifiques.

    En 2010, la Nasa lance trois navettes, dont Endeavour pour qui ce sera le dernier vol (STS-130), et achève la construction du segment américain de la Station avec l'intégration d'un troisième nœud de jonction (Tranquility) et de la coupole, un poste d’observation unique. Les nodesnodes 2 et 3 ainsi que la coupolecoupole font également partie de la contribution de l'ESA à l'ISS.

    2011, la fin des navettes

    En mai, le petit module russe Rassvet (MRM-1) est attaché de façon permanente à Zarya. Il sera utilisé comme module de stockage, port d'amarrage pour les vaisseaux russes Soyouz et Progress et comme point d'attache du futur bras robotisé de l'ESA qui sera lancé en 2012 (Era).

    Cette même année, les partenaires internationaux décident de poursuivre l'utilisation de la Station spatiale au moins jusqu'en 2020 ce qui laisse à penser qu'elle pourrait être utilisée, enfin, comme une plateforme pour la recherche et la technologie mais sans que l'on réussisse à rentabiliser un projet de quelque 130 milliards de dollars.

    En 2011 ont lieu les deux derniers vols des navettes DiscoveryDiscovery et Atlantis. Ils sont surtout pour la Nasa l'occasion d'acheminer du matériel et des pièces de rechange volumineuses car s'ouvre une période de transition pendant laquelle seuls les véhicules automatiques de l'Europe (ATVATV), du japon (HTVHTV) et de la Russie (Progress) seront en mesure d'accéder à l'ISS.

    Un androïde débarque à bord de l'ISS

    En février débarque dans la Station Robonaut-2, fruit d'un partenariat entre General Motors et la Nasa. Ce robot humanoïderobot humanoïde, premier du genre à voler dans l'espace, est conçu pour faciliter la vie des astronautes à bord de l'ISS. Il prend la forme d'un humain sans jambes de 150 kilos, avec une tête, un torse, deux bras et deux mains. Enfin, le module permanent PMM (Permanent Multipurpose Module) est amarré à l'ISS pour au moins dix ans. Il s'agit en fait de Leonardo, un MPLM (Multi-Purpose Logistics Module), fourni par Thales Alenia Space et transformé pour l'occasion car ces modules sont conçus pour des séjours très courts dans l'espace.

    En 2012, l'événement marquant aura été le lancement de la première mission commerciale à destination de la Station spatiale internationale. Avec son système de transport spatial développé dans le cadre du partenariat public-privé Cots de la Nasa, SpaceXSpaceX est devenue la première société privée à fournir une capsule pour rejoindre le complexe orbitalcomplexe orbital.

    Amarrage de la capsule Dragon à l'ISS à l'aide du bras robotique Canadarm 2. SpaceX est la première société privée à fournir une capsule à destination de l’ISS. © Nasa
    Amarrage de la capsule Dragon à l'ISS à l'aide du bras robotique Canadarm 2. SpaceX est la première société privée à fournir une capsule à destination de l’ISS. © Nasa

    2012, une entreprise privée au service de l'ISS

    Après un premier vol de démonstration de Dragon en mai, qui a consisté à démontrer que la capsule pouvait s'approcher et s'amarrer à l'ISS sans danger, SpaceX a réalisé en octobre le premier des 12 vols commerciaux que lui a commandés la Nasa. Pour cette mission, quelque 400 kilos de fret comprenant notamment des expériences scientifiques ont été livrés à l'ISS. À la fin de sa mission, la capsule Dragon est revenue sur Terre et a été récupérée avec une charge de 759 kilos, dont 393 kilos de matériel scientifique incluant les résultats de plusieurs expériences.

    Autre fait marquant, la mise en service progressive de Robonaut-2. Après la phase de test débutée en août 2011, le robot est entré en activité en 2012 avec des tâches relativement simples à réaliser, qui deviendront de plus en plus complexes avec le temps.

    En fin d'année, la Nasa et Roscosmos ont sélectionné l'astronaute américain Scott Kelly et le cosmonautecosmonaute russe Mikhail Kornienko pour réaliser la première mission de longue durée à bord de l'ISS. Actuellement, les séjours les plus longs durent six mois. En 2015, ces deux astronautes se sont installés pour un an. Leur mission est avant tout de préparer les futurs voyages dans le Système solaire, en se focalisant sur la santé des astronautes.

    Le dernier équipage américain envoyé dans l'espace à bord d'une navette (Atlantis, STS-135). © Nasa
    Le dernier équipage américain envoyé dans l'espace à bord d'une navette (Atlantis, STS-135). © Nasa

    Les deux sueurs froides de 2013

    En 2013, on retiendra qu'un astronaute a failli mourir noyé dans l'espace ! En juillet, lors d'une sortie extravéhiculaire, une fuite d’eau a en effet rempli le casque de l'astronaute européen Luca Parmitano alors qu'il se trouvait à l'extérieur de l'ISS avec Christopher Cassidy. Il parviendra in extremis à rejoindre le complexe orbital. Parmitano était aussi le premier astronaute de la promotion 2009 de l'ESA à rejoindre la Station spatiale internationale.

    En mai, deux astronautes sont contraints de sortir en urgence dans l'espace pour réparer une fuite d’ammoniac d'un radiateur de refroidissementradiateur de refroidissement, vraisemblablement provoqué par l'impact d'une météoritemétéorite ou bien la chute d'un morceau de débris orbital.

    Ces deux péripéties mises à part, l'année s'est bien passée. En janvier, la Nasa et l'Agence spatiale canadienneAgence spatiale canadienne simulent une mission de ravitaillement robotique d'un satellite (RRM, Robotic Refueling Mission). En mars, deux cosmonautes russes, à bord d'une capsule Soyouz, simulent un atterrissage martien lors de leur retour sur Terre. Il s'agissait de la première expérience du genre, afin d'étudier les réflexes d'un futur équipage vers Mars. En mai, Chris Hadfield devient le premier Canadien commandant de l'ISS.

    Luca Parmitano lors de sa sortie dans l'espace qui aurait pu lui être fatale. © ESA, Nasa
    Luca Parmitano lors de sa sortie dans l'espace qui aurait pu lui être fatale. © ESA, Nasa

    2014, la fin des ATV

    En 2014, deux astronautes européens rejoignent la Station spatiale. En juin, l'Allemand Alexander Gerst part pour une mission de six mois au cours de laquelle il réalisera une quarantaine d'expériences dont certaines seront réalisées à l'intérieur d'un lévitateur électromagnétique, utilisé pour la première fois. Il s'agit d'un four à chauffage inductif. En novembre, l'Italienne Samantha Cristoforetti s'envole également pour une mission de six mois. Elle deviendra la première femme italienne à vivre et travailler dans l'espace.

    2014 est l'année de la cinquième et dernière mission d’un ATV, l'engin autonome de l'Agence spatiale européenne. Depuis sa première mission en mars 2008, ce Véhicule de transfert automatique aura joué un rôle essentiel dans la logistique de l'ISS. Sa capacité d'emport de sept tonnes de fret dépassait celle de tous les autres engins de ravitaillement.

    L'ATV-5 <em>Georges Lemaître</em> vu quelques heures avant son amarrage à la Station. Le programme ATV a été lancé en 1995 et cinq exemplaires, réalisés sous la maîtrise d’œuvre d’Airbus Defence and Space, ont volé : <em>Jules Verne</em> de mars à septembre 2008, <em>Johannes Kepler</em> de février à juin 2011, <em>Edoardo Ahmadi</em> de mars à octobre 2012, <em>Albert Einstein</em> de juin à novembre 2013 et enfin <em>Georges Lemaître</em>, de juillet 2014 à février 2015. Ce dernier a battu le record de durée d’un ATV arrimé à la Station spatiale, avec 186 jours, contre 183 pour l’ATV-3. © Roscosmos, O. Artemyev
    L'ATV-5 Georges Lemaître vu quelques heures avant son amarrage à la Station. Le programme ATV a été lancé en 1995 et cinq exemplaires, réalisés sous la maîtrise d’œuvre d’Airbus Defence and Space, ont volé : Jules Verne de mars à septembre 2008, Johannes Kepler de février à juin 2011, Edoardo Ahmadi de mars à octobre 2012, Albert Einstein de juin à novembre 2013 et enfin Georges Lemaître, de juillet 2014 à février 2015. Ce dernier a battu le record de durée d’un ATV arrimé à la Station spatiale, avec 186 jours, contre 183 pour l’ATV-3. © Roscosmos, O. Artemyev

    Le haut débit arrive là-haut

    En mars, une capsule Soyouz raterate son amarrage à la Station, contraignant ses trois passagers à faire 34 tours de plus autour de la Terre avant de se docker au complexe orbital. Le premier robot humanoïde à voler dans l'espace et conçu pour faciliter la vie des astronautes reçoit ses jambes. Il était à bord de l'ISS depuis 2011.

    Au cours de cette année plusieurs instruments sont installés dont Rapidscat, Meteor et Opals. Rapidscat est un diffusomètre utilisé pour mesurer la vitessevitesse et la direction du ventvent près de la surface des océans dans les latitudeslatitudes basses et moyennes de la Terre. Ses données servent aux prévisions météométéo, au suivi des tempêtestempêtes et ouragansouragans et à l'étude du climatclimat. Meteor est une caméra HD dédiée à la surveillance et l'observation des météoresmétéores qui entrent dans l'atmosphèreatmosphère terrestre. Elle fournit des informations sur leurs propriétés physiquesphysiques (taille et densité) et leur composition chimique. Opals est un système expérimental de transmission de données par laserlaser et de communication optique entre la Station et la Terre. Il offre un taux de transfert de données entre la station et les équipes au sol bien supérieur que les débitsdébits jusque-là possibles, de 200 à 400 Kbits/s. Opals permet d'atteindre 50 Mbits/s.

    Dans l'ISS, on commence à simuler les voyages vers Mars

    En 2014 et 2015, la Nasa et Roscosmos réaffirment que la durée de vie de la Station sera prolongée jusqu'en 2024 avec une possibilité de l'étendre jusqu'en 2028. Un temps envisagée, la séparation du secteur russe du reste de la Station à l'horizon 2020 est abandonnée. Les dix prochaines années de la vie de l'ISS seront même mises à profit pour préparer les voyages humains à destination de Mars prévus dans les années 2030.

    En mars, Scott Kelly et Mikhail Kornienko embarquent pour une mission d'un an afin de préparer un voyage vers Mars. Il s'agit d'une expérience inédite, pendant laquelle l'Américain et le Russe s'astreindront à de nombreuses expériences médicales et physiologiques pour préparer au mieux les futurs voyages à destination de la planète Mars.

    En avril, un cargo Progress ne parvient pas à s'amarrer à l'ISS. Hors de contrôle, il retombera sur Terre et se consumera dans l'atmosphère quelques jours plus tard. En mai, un autre cargo Progress s'y est pris à deux fois pour corriger l'orbite de l'ISS. Toujours en mai, l'ISS est reconfigurée pour accueillir les véhicules de transport habités de SpaceX et de Boeing qui s'amarreront au module Harmony du secteur américain, là où les navettes avaient pour habitude d'arriver. La Nasa a reconfiguré ce secteur du complexe orbital en déplaçant le module permanent multifonctionnel (PMM) du module Unity au module Harmony à l'aide du bras robotiquerobotique Canadarm2.

    Le rover Eurobot de l'ESA, situé dans le Centre technique de l'ESA à l'Estec, piloté par Andreas Mogensen depuis la Station spatiale. © ESA
    Le rover Eurobot de l'ESA, situé dans le Centre technique de l'ESA à l'Estec, piloté par Andreas Mogensen depuis la Station spatiale. © ESA

    L'ISS étudie l'atmosphère et la matière noire

    En septembre, le Danois Andreas Mogensen, de l'ESA, arrive à bord deux jours plus tard que prévu, à cause d'un temps de vol plus long. Pour rattraper ce retard, l'ESA lui planifie des journées de travail de plus de neuf heures ! Il réalisera plusieurs expériences, dont une qui lui permettra de piloter à distance des roversrovers restés au sol à l'aide d'une nouvelle commande à retour de force. L'opération a pour but de tester différents modes opératoires mais aussi les réseaux de communications entre un robot en surface et des astronautes en orbite en vue de missions d'exploration de planètes ou d'astéroïdesastéroïdes. En décembre, l'astronaute européen Tim Peake arrive à bord de l'ISS. Peake courra le marathon de Londres en apesanteurapesanteur.

    Deux instruments sont installés. CATS (Cloud-Aerosol Transport System) est destiné à mesurer la distribution mondiale des nuagesnuages et des minuscules particules qui composent la brumebrume, la poussière, les polluants atmosphériques et la fumée, des paramètres qui influent sur le climat. Le télescopetélescope électronique Calet ((CALorimetric Electron Telescope)) sera utilisé pour la recherche de la matière noirematière noire et l'observation des sources de phénomènes de haute énergieénergie dans la galaxiegalaxie.

    2016, un Français à bord de la Station

    L'année 2016 est marquée, pour nous Français, par l'arrivée à bord de la Station de Thomas Pesquet. Trente-quatre ans après Jean-Loup ChrétienJean-Loup Chrétien, premier Français et premier Européen de l'ouest à aller dans l'espace à bord de la station spatiale soviétique Saliout en juin 1982, Thomas est devenu le dixième Français dans l'espace et le quatrième astronaute français à séjourner à bord du complexe orbital. Il succède à Léopold EyhartsLéopold Eyharts, qui a travaillé dans l'ISS deux mois en 2008.

    L'astronaute européen Thomas Pesquet. © ESA, Nasa
    L'astronaute européen Thomas Pesquet. © ESA, Nasa

    Cette année ne se résume pas à ce seul évènement. Jeff Williams est devenu l'Américain ayant passé le plus de temps cumulé dans l'espace avec 534 jours au compteur, très loin du record russe détenu par Gennady Padalka qui, avec 879 jours, a passé près de deux ans et demi à vivre et travailler dans l'espace ! Quant à l'Américaine Kate Rubins, elle est devenue, avec cette expédition 48, la soixantième femme et le 546e humain à avoir quitté l'atmosphère terrestre.

    Depuis mai de cette année 2016, le complexe orbital compte un module de plus : la structure gonflable Beam de la société Bigelow AerospaceBigelow Aerospace. Ce module a été amarré au nœud de jonction Harmony pour une duréedurée d'au moins deux ans, le temps de tester cette technologie en milieu spatial et de vérifier sa conformité aux exigences de sécurité des vols habitésvols habités. Isolé hermétiquement du reste de la Station, ce module n'est pas occupé en permanence. Des astronautes le visitent tous les trois mois pour des inspections visuelles, qui complètent les mesures, pour s'assurer de l'absence de mauvaises odeurs et de développement de microbesmicrobes.

    En août, la Nasa installe le premier des deux adaptateurs d’amarrage qui permettront aux véhicules habités commerciaux de SpaceX et de Boeing de se docker à la Station. L'ouverture de ce service commercial, voulu par l'agence spatiale afin de ne plus dépendre des capacités russes d'accès à l'espace pour le transport de ses astronautes, est prévue au mieux courant 2018.

    Enfin, au cours de l'été, Kate Rubins séquence pour la première fois de l'ADNADN dans la Station. Cette innovation pourra permettre à l'avenir de diagnostiquer des maladies chez les astronautes, d'identifier les microbes qui poussent dans le complexe orbital et de déterminer s'ils représentent ou non une menace pour la santé. Un séquenceur d'ADN spatial serait un outil important pour aider à protéger la santé des astronautes lors des missions de longue durée à destination de Mars, voire pour aider à étudier des formes de vie extraterrestres qui seraient basées sur l'ADN.

    2017, Peggy Whitson ou l'astronaute féminine la plus expérimentée au monde

    Commencée en 2015, la reconfiguration de la partie américaine de l'ISS, pour accueillir les véhicules de transport habités de SpaceX et de Boeing, s'est poursuivie en 2017. Le module pressurisé PMAPMA 3 a été déplacé du mode de jonction Tranquility (node 3) au nœud de jonction Harmony (node 2). Ce module servira de second port d'amarrage pour les vaisseaux commerciaux en 2018.

    En septembre, au terme de sa mission de 288 jours à bord de l'ISS, Peggy Whitson bat le record féminin du plus long séjour dans l'espace. Au total, avec trois missions à son actif, l'astronaute de 57 ans a séjourné dans l'espace quelque 665 jours. C'est le record du monde féminin.

    Peggy Whitson se prépare à une EVA, une parmi les 10 qu'elle a réalisées. © Nasa
    Peggy Whitson se prépare à une EVA, une parmi les 10 qu'elle a réalisées. © Nasa

    Le 26 octobre, le pape François dialogue avec l'équipage de l'ISS durant une vingtaine de minutes. C'est la deuxième fois de l'histoire qu'un pape communique avec des astronautes à bord de  l'ISS, son prédécesseur Benoît XVI l'ayant fait en avril 2011.

    En novembre, après 18 mois de test, le module gonflable BEAM devient module à part entière de la station et devient un lieu de vie comme tous les autres modules de l'ISS. Cette décision a été prise après que la Nasa s'est assurée de la vérification de son intégritéintégrité structurelle et de sa stabilité thermiquestabilité thermique ainsi que la résistancerésistance aux débris spatiaux et aux rayonnements solaires.

    2018, un sabotage inédit en orbite

    L'année 2018 débute par un anniversaire. Le 20 janvier, le complexe orbital « fête » son 7 000e jour en orbite. Mais cette année sera surtout marquée par l'affaire du sabotage du Soyouz MS 09. En août 2018, les astronautes à bord découvrent qu'un trou a été percé depuis l'intérieur d'une capsule Soyouz, alors amarrée à la station. Ce trou était à l'origine d'une petite fuite d'oxygèneoxygène qui n'a jamais mis en danger l'équipage car la dépressurisation était alors très faible. On apprendra en septembre 2019 que la commission d'enquête de l'agence spatiale russe Roscosmos a découvert avec certitude les causes du fameux trou dans ce Soyouz, mais n'a pas voulu divulguer ses informations à ses partenaires.

    Le trou (à gauche) a été localisé dans le véhicule Soyouz MS-09. À droite, sa réparation temporaire. © Nasa
    Le trou (à gauche) a été localisé dans le véhicule Soyouz MS-09. À droite, sa réparation temporaire. © Nasa

    En juin, le système Kaber de NanoRacks lance, depuis la Station spatiale internationale, le satellite RemoveDebris qui doit tester en orbite trois scénarios et technologies capables de désorbiter des débris spatiaux. Les démonstrations auront lieu avec succès en 2018 et 2019.

    En 2019, pas de faits marquants ou inhabituels si ce n'est que les toilettes américaines et Russes sont en panne, contraignant les astronautes à porter, provisoirement, des « couches ».

    L’année 2020 marque le retour des vols habités américains

    En 2020, SpaceX ouvre un nouveau chapitre dans l'histoire du transport spatial en relançant les vols habités américains ! Elle devient en même temps la première société privée à envoyer des Hommes dans l'espace. En novembre, le véhicule spatial de SpaceX Crew Dragon, dérivé du Dragon utilisé pour le transport de fret, amène à bord de l'ISS un équipage de quatre astronautes.

    Un Crew Dragon de SpaceX quelques instants avant son amarrage à la Station spatiale internationale. © Nasa
    Un Crew Dragon de SpaceX quelques instants avant son amarrage à la Station spatiale internationale. © Nasa

    En avril, la Nasa installe la première charge commerciale extérieure sur le module européen Columbus qui en compte déjà deux. Baptisée Bartolomeo (du nom du petit frère de Christophe Colomb), cette plateforme, construite par Airbus, offre 12 emplacements, pour des charges utiles allant de 5 à 450 kilogrammeskilogrammes. Ceux-ci seront commercialisés à des utilisateurs du monde entier, dans des domaines tels que l'observation de la Terre, les démonstrateurs technologiques, l'astrophysique, l'héliophysique et la science des matériaux.

    Découvert en 2019,  une infime partie de l'atmosphère de la station côté US fuit au fil du temps, ce qui nécessite une repressurisation régulière par les réservoirs d'azoteazote. Pour régler le problème une fois pour toutes et localiser l'origine de la fuite, tous les astronautes à bord de l'ISS ont passé le dernier week-end du mois d'août dans le module russe Zvezda.

    En 2021, le bras robotique de l'ESA est installé sur l'ISS

    Après 15 ans d'attente, le bras robotique ERA de l'ESA est enfin lancé à destination de l'ISS (il était prévu en 2007). Avec le laboratoire scientifique Columbus et le Véhicule de transfert automatique (ATV), ERA est le troisième élément majeur de la participation européenne au programme ISS. Installé sur le nouveau module russe Nauka, aussi appelé module de laboratoire polyvalent russe (MLM), il sera dédié au segment russe de la Station dont plusieurs parties sont inaccessibles au bras Canardarm2.

    Un commandement et des records pour Thomas Pesquet

    En avril, le Français Thomas PesquetThomas Pesquet retourne à bord de l'ISS pour six mois dans le cadre de la mission Alpha. En octobre, il est devenu le premier astronaute français à prendre le commandement de la Station. Fonction qu'il occupera jusqu'à la fin de sa mission. Lors de son séjour, Thomas effectuera trois sorties dans l’espace pour installer de nouveaux panneaux solaires. Après deux sorties réalisées lors de la mission ProximaProxima  en 2017 et ces trois sorties effectuées en juin, Thomas Pesquet compte six sorties dans l'espace. Un record, en nombre de sortie et de durée, pour un astronaute français.

    Thomas Pesquet et Shane Kimbrough lors de la deuxième des trois EVA pour installer le premier panneau solaire iROSA (juin 2021). © Nasa
    Thomas Pesquet et Shane Kimbrough lors de la deuxième des trois EVA pour installer le premier panneau solaire iROSA (juin 2021). © Nasa

    En octobre, l'actrice Yulia Peresild et Klim Shipenko, le réalisateur du film « The Challenge » dont la sortie est prévue en 2023, rejoignent la Station pour un séjour de 11 jours. Ils tourneront plusieurs scènes du film dont l'intrigue tourne autour d'un cosmonaute subissant un arrêt cardiaquearrêt cardiaque lors d'une sortie extravéhiculaire. Ce dernier s'en sortira, mais aura besoin d'une intervention chirurgicale afin de retourner sur Terre. Une chirurgienne, nommée Zhenya, sera alors envoyée vers le complexe orbital en urgence pour effectuer l'opération et n'aura seulement que quelques semaines pour se préparer à ce voyage.

    En novembre, la Russie envoie le petit module Prichal, qui fait office de port d'amarrage pour les véhicules russes Progress ou Soyouz. Il est amarré au module Nauka.

    Un premier équipage privé en 2022

    L'année 2022 sera marquée par l'entrée en guerre de la Russie contre l'Ukraine, ce qui provoquera la rupture de nombreux partenariats internationaux et spatiaux avec la Russie. Mais, les relations entre les différents partenaires sont pragmatiques et le programme ISS se poursuit sans problème particulier. Plusieurs décisions seront prises concernant l'avenir du complexe orbital dont la décision de la Russie de quitter le programme ISS à partir de 2024 et celle des États-Unis de désorbiter l'ISS en janvier 2031 et de développer dans un véhicule capable de le faire.

    Le bras robotique Era sur le module Nauka de l'ISS. © Nasa
    Le bras robotique Era sur le module Nauka de l'ISS. © Nasa

    En avril, deux cosmonautes sont sortis dans l'espace pour mettre en service le bras robotique Era de l'ESA. Le bras robotique européen est le 3e intégré à la station, rejoignant les bras robotiques canadiens et japonais de la section américaine. Toujours en avril, un nouveau chapitre des vols habités s'est ouvert avec l'arrivée à bord de l'ISS du premier équipage entièrement privé d’Axiom Space. Si ce n'est pas la première fois que des touristes montent et séjournent à bord du complexe orbital, c'est la première fois qu'ils ne sont pas accompagnés d'un astronaute professionnel en service pour les encadrer.

    Enfin, et encore en avril, l'astronaute italienne Samantha Cristoforetti a entrepris sa seconde mission de longue durée à bord de l'ISS au cours de laquelle elle a eu la responsabilité du segment occidental de la Station. Elle a effectué une sortie dans l'espace et réalisé 35 expériences dans le cadre de sa mission Minerva.

    20 novembre 2023... L'ISS a 25 ans !