Par l’intermédiaire de l’agence de presse officielle Irna (Islamic Republic News Agency), l’Iran a annoncé le lancement, lundi 2 février dans la soirée, du premier satellite artificiel iranien au moyen d’une fusée de sa fabrication. Une information qu’il convient toutefois de relativiser.

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    Relativiser par manque d'informations fiables, et surtout de confirmation de la part d'autorités occidentales en la matière. Car les seuls renseignements que l'on possède actuellement ont été diffusés par les agences iraniennes ainsi que par la télévision d'état.

    Ainsi, l'agence Irna mentionne que le satellite, baptisé Omid (Espoir)) est de fabrication 100% iranienne, tandis que l'agence FNA (Fars News Agency, iranienne elle aussi), sans citer de source, précise que celui-ci a été lancé par une fuséefusée Safir-2 (Ambassadeur-2) et portait un « message d'amitié et de paix du Président ».

    Toujours selon Irna, la première fonction du satellite a été de transmettre vers la Terre un message, disant notamment : « Cher peuple iranien, vos enfants ont envoyé leur premier satellite indigèneindigène qui a été placé en orbite de la Terre, au nom de Dieu et du douzième imam », avant de conclure : « La présence officielle de la République islamique d'Iran dans l'espace a été enregistrée dans l'histoire pour renforcer la foi en Dieu, la justice et la paix ».


    Images diffusées par la télévision iranienne

    La télévision d'état, de son côté, a diffusé une vidéo montrant le Président iranien Mahmoud Ahmadinejad donnant l'ordre de mise à feu, ainsi que des images montrant le décollage de la fusée sous divers angles et à des distances variables, mais sans s'attarder sur l'ascension proprement dite. Le commentateur précise que l'engin est « capable de placer un satellite léger en orbite basse à une distance minimale de 250 km de la Terre et maximale de 500 km », toujours sans citer de source, mais en précisant que le lancement « commémorait le 30e anniversaire de la Révolution islamique de 1979 ».

    Exploration spatiale ou test de missile ?

    Bien que l'information soit vraisemblable, il paraît cependant indispensable d'attendre une confirmation officielle de la mise en orbite par les réseaux du Norad américain, dont la fonction est de suivre à la trace tous les objets lancés dans l'espace. Celle-ci pourrait cependant se faire attendre quelque peu, les Etats-Unis ayant déjà exprimé leurs inquiétudes face à cette annonce, craignant que cette avancée technologique de la part de l'Iran ne serve avant tout à développer ses capacités de frappe balistique. Ainsi Robert Gibbs, un des porteporte-parole de la Maison-Blanche, affirme en substance que « les activités nucléaires et balistiques de l'Iran, les menaces iraniennes contre Israël et le soutien de Téhéran aux groupes terroristes constituent des motifs d'inquiétude aiguë pour cette administration ».

    Les autorités allemandes et britanniques émettent des avis semblables, tandis que la France se déclare inquiète de constater que la technologie iranienne utilisée est très semblable à celle des missiles balistiques. De fait, la fusée iranienne Safir-2 semble dérivée du missile balistique Shahab-3 (portée 1200 km), lui-même dérivé du missile nord-coréen No-Dong (portée également 1200 km), conçu sur la base des missiles balistiques SCUD-D (ou R-17) soviétiques (portée 260 km).

    Le lanceur Safir-2. Crédit Agence spatiale iranienne

    Le lanceur Safir-2. Crédit Agence spatiale iranienne

    Selon toute vraisemblance, il s'agirait d'une fusée à deux étages à propergols liquidesliquides d'une massemasse au décollage de 26 tonnes pour 23 mètres de hauteur et 1,65 mètre de diamètre à la base. Très similaire à la fusée DiamantDiamant française des années 1960, celle-ci serait capable de placer 60 kgkg en orbite basse.

    Quant au satellite lui-même, aucune précision n'a été divulguée sinon le fait qu'il accomplit « environ 15 révolutions par jour autour du globe » et qu'il transmet ses données deux fois par jour aux stations terrestres. Données dont on ne connaît pas la nature...

    Si ce lancement est confirmé - car il ne faut pas oublier que l'Iran avait déjà annoncé la mise en orbite d'un premier satellite le 25 février 2007 et le 17 août 2008, avant de démentir sa propre information - ce pays devient le deuxième pays de la région, après Israël, capable d'envoyer une charge dans l'espace par ses propres moyens.