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Dans une petite étude portant sur 83 hommes âgés de 35 à 64 ans, certains participants ont reçu de l'ocytocine et d'autres un placeboplacebo par le biais d'un spray nasal. Ensuite, ils ont dû répondre à des questions sur la spiritualité, leur sentiment d'être connecté à une puissance suprême ou au monde, donnant ainsi un sens à leur vie.
Les hommes qui avaient reçu de l'ocytocine disaient plus souvent que la spiritualité était importante dans leur vie, même une semaine après avoir reçu leur dose. Ils étaient plus souvent d'accord avec des affirmations comme « toute vie est interconnectée » et « je crois qu'il y a un sens plus large à la vie ». Ils exprimaient aussi plus d'émotions positives après une séance de méditation qui avait lieu peu de temps après le spray nasal.
Ces résultats sont parus dans Social Cognitive and Affective Neuroscience.
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Article initial de Agnès Roux, paru le 16/09/2013
L'ocytocine, connue pour favoriser l'attachement entre une mère et son enfant, serait également un pilier essentiel des liens sociaux. Des chercheurs ont caractérisé ce rôle chez la souris. Cette découverte pourrait conduire à la mise en place de traitements pour aider les personnes autistes à communiquer avec leur entourage.
Dès la naissance, les liens sociaux commencent à se construire puis évoluent tout au long de l'existence. Les relations humaines sont en partie guidées par les hormones, qui sont en quelque sorte les petits messagers de l'organisme. L'ocytocine, par exemple, participe à l'affection qui se crée entre les individus. Cette moléculemolécule est sécrétée par l'hypophyse, une petite glande nichée au fond du cerveau.
L'ocytocine joue un rôle fondamental au cours de la grossesse. Elle assure la tonicité de l'utérus et induit le déclenchement des contractions et de l'accouchementaccouchement. Elle permet ensuite l'éjection du lait lors de l'allaitementallaitement du nourrisson. Selon les spécialistes, elle favoriserait ainsi l'attachement entre une mère et son enfant. L'ocytocine est également produite en réponse aux caresses et à l'orgasme. Elle est souvent appelée « hormonehormone de l'amour » car elle accompagne la naissance du sentiment amoureux dans un couple. Elle favoriserait même la monogamie et aurait tendance à rendre les hommes plus fidèles !
L’ocytocine, ou hormone de l’amour, participe à l’attachement entre une mère et son enfant. Elle serait également produite par le père lors de l’accouchement. © Kristina Walter, Wikimedia Commons, cc by sa 3.0
De nombreuses données s'accumulent aussi sur le rôle de cette hormone dans les interactions sociales. Des travaux ont par exemple montré qu'elle encourageait la relation de confiance entre les Hommes et qu'elle aidait à vaincre la timidité. Dans une nouvelle étude, des chercheurs de l'université de Sandford en Californie viennent renforcer cette idée. Leurs travaux, publiés dans la revue Nature, montrent que l'ocytocine participe au plaisir ressenti au cours d'une interaction sociale.
Les souris aiment avoir de la compagnie
L'expérience a démarré chez la souris. Les scientifiques ont fabriqué des rongeursrongeurs ne possédant pas de récepteurs à l'ocytocine dans le noyau accumbensnoyau accumbens, une région cérébrale impliquée dans le sentiment d’attachement. Ils ont alors étudié un effet éventuel sur leurs interactions sociales. « Les souris ne peuvent pas parler, il est donc difficile de savoir si elles sont heureuses d'interagir avec leurs congénères », raconte Robert Malenka, le directeur de l'étude.
Il a donc fallu trouver un autre moyen. Les chercheurs ont mis en place un exercice standard appelé Conditioned Place Preference (test du lieu préféré en français). « L'idée est très simple, raconte le scientifique. Nous aimons bien nous promener dans des endroits où nous avons vécu de bons moments alors que nous évitons les lieux qui nous rappellent de mauvais souvenirs. C'est la même chose pour les souris. »
Les auteurs ont fabriqué une cage possédant deux chambres séparées par une porteporte. Ils ont tout d'abord placé plusieurs souris ensemble dans une des chambres pendant 24 heures. Puis, ils ont laissé une souris seule pendant 24 heures supplémentaires dans l'autre chambre. Enfin, ils ont déverrouillé la porte le troisième jour pour permettre à la souris de se déplacer librement entre les deux chambres. Au cours de cette dernière étape, le temps passé dans chacune des pièces a été chronométré.
Une piste pour soigner l’autisme ?
Les résultats de cette expérience montrent que les souris préfèrent en général avoir de la compagnie plutôt que d'être seules. Le troisième jour elles franchissent donc la porte secrète pour rejoindre la chambre d'amis et y passent la majorité de leur temps. Cependant, les souris mutantes ne possédant pas de récepteurs à l'ocytocine dans le noyau accumbens deviennent solitaires et ne semblent pas chercher à être entourées. Elles se déplacent dans la cage mais n'affectionnent pas particulièrement une des chambres plutôt que l'autre.
Les scientifiques sont allés un peu plus loin. Grâce à des techniques de neurologieneurologie complexes, ils ont réussi à localiser les récepteurs à l'ocytocine dans le noyau accumbens. Ils ont également montré que la fixation de l'hormone sur ces récepteurs induit la libération de sérotonine, un neurotransmetteurneurotransmetteur impliqué dans la gestion du stressstress. Ce phénomène s'accompagne alors d'un sentiment de bonheur. De nombreux médicaments antidépresseurs, comme le Prozac, permettent d'ailleurs d'augmenter la quantité de sérotoninesérotonine dans le cerveau. En résumé, lorsque l'on interagit avec les autres, notre cerveau libérerait de l'ocytocine puis de la sérotonine, ce qui nous rendrait heureux.
Ces découvertes permettraient d'imaginer des traitements pour soigner certaines pathologiespathologies, comme l'autisme, pour lesquelles les liens sociaux sont difficiles. « Les personnes atteintes d’autisme ne ressentent peut-être pas le même sentiment de satisfaction et de plaisir que les autres », explique Robert Malenka. En modulant l'activité de l'ocytocine, on pourrait peut-être les aider à vaincre leurs problèmes sociaux ». De nombreuses études sont cependant nécessaires pour traiter cette maladie complexe et encore mal comprise.