Des chercheurs de l’Inserm (Institut national de la santé et de la recherche médicale) ont testé, chez la souris, une molécule qui protège le cerveau et la moelle épinière contre les attaques auto-immunitaires provoquant la sclérose en plaques, première cause de maladie neurologique chez le jeune adulte. Il reste maintenant à mener de longues et coûteuses campagnes d’essais pour valider un traitement.

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    Considérée comme une maladie auto-immune, la sclérose en plaques (SEPSEP) est due à la destruction de la gaine de myélinegaine de myéline, qui entoure et protège les fibres nerveusesfibres nerveuses (les axones des neurones), par des cellules du système immunitaire (les lymphocytes). Répandue (environ une personne sur mille, avec une proportion plus forte chez les femmes), la maladie est très invalidante. Évoluant par poussées, elle conduit à des paralysies ou des troubles cognitifs ou sensoriels. Il n'existe pas de traitements, si ce n'est pour en réduire les effets.

    Une équipe de l'Inserm (Institut national de la santé et de la recherche médicale) vient d'annoncer une découverte porteuse d'espoir, dans un article publié par la revue Brain. Un anticorps, baptisé Glunomab, est capable, chez la souris, d'empêcher la destruction de cette gaine de myéline.

    La méthode consiste à étanchéifier la barrière qui protège le système nerveux central (cerveaucerveau et moelle épinièremoelle épinière), interdisant notamment aux cellules immunitaires, qui circulent dans le sang, d'y pénétrer. Il y a en fait deux barrières, l'une entourant le cerveau (la barrière hémato-encéphalique) et l'autre la moelle épinière (barrière hémato-médullairemédullaire).

    Schéma de l'action de l'anticorps Glunomab. Les pores de la barrière hémato-encéphalique (qui entoure le cerveau) s'ouvrent quand la protéine tPA active les récepteurs NMDA. Les cellules immunitaires peuvent alors pénétrer dans le système nerveux et détruire la gaine de myéline qui entoure les axones des neurones et les protège. La molécule Glunomab, bloquant l'action de tPA, maintient la barrière fermée. (Cliquez sur l'image pour l'agrandir.) © Fabian Docagne (Inserm), Servier Medical Art

    Schéma de l'action de l'anticorps Glunomab. Les pores de la barrière hémato-encéphalique (qui entoure le cerveau) s'ouvrent quand la protéine tPA active les récepteurs NMDA. Les cellules immunitaires peuvent alors pénétrer dans le système nerveux et détruire la gaine de myéline qui entoure les axones des neurones et les protège. La molécule Glunomab, bloquant l'action de tPA, maintient la barrière fermée. (Cliquez sur l'image pour l'agrandir.) © Fabian Docagne (Inserm), Servier Medical Art

    Le Glunomab bloque la progression des troubles moteurs

    L'équipe du professeur Denis Vivien a exploité des travaux antérieurs qui montraient le rôle d'un certain récepteur, NMDA (N-méthyl-D-aspartateaspartate), présent sur les cellules de ces barrières. Activé par une protéineprotéine (tPA), il provoque l'ouverture de pores qui peuvent alors laisser entrer des cellules sanguines. L'anticorps Glunomab vient empêcher cette activation en entravant l'interaction entre tPA et le récepteur NMDA. Le cerveau et la moelle épinière sont ainsi protégés des cellules du système immunitaire.

    Chez la souris, l'injection de Glunomab réduit la pénétration des lymphocytes dans le système nerveux central et la démyélinisationdémyélinisation est réduite. Les chercheurs constatent que « la progression des troubles moteurs est bloquée », comme l'explique le communiqué de presse de l’Inserm.

    Transformer l'action de cet anticorps (pour lequel un brevet a été déposé) en un traitement thérapeutique reste cependant un long chemin. Il faut une série d'essais cliniquesessais cliniques pour vérifier l'efficacité et mesurer les effets secondaires de ce blocage des pores des deux barrières protectrices ainsi que ceux de l'action sur le récepteur NMDA, déjà connu pour d'autres effets, notamment les échanges d'ionsions.