Montré en exemple il y a quelques mois encore pour sa campagne de vaccination très efficace, Israël connaît aujourd’hui une quatrième vague fulgurante qui remplit ses hôpitaux à vue d’œil. Ici comme ailleurs, le variant Delta a rebattu les cartes.
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En janvier dernier, alors que l'Europe attendait désespérément ses doses de vaccin, le monde entier regardait Israël avec envie. « D'ici un mois, 2,25 millions de personnes auront été vaccinées. Nous pourrons sortir du coronavirus, rouvrir l'économie, et faire des choses qu'aucun autre pays au monde ne pourra faire », se vantait le Premier ministre Benyamin Netanyahou le 27 décembre. Le 31 janvier, 36 % de la population avait déjà reçu une dose de vaccin alors qu'en France le chiffre était à... 2,5 %. Le 7 mars, les images de barsbars et restaurants pleins à craquer à Tel Aviv faisaient le tour du monde.
“Ce qui se passe en Israël est un avertissement très clair pour le reste du monde”
Aujourd'hui, l'euphorie a laissé place à l'inquiétude. Sur les deux dernières semaines, le pays enregistre 10.402 nouveaux cas pour 100.000 habitants, soit le quatrième taux d’infection le plus élevé au monde derrière la Georgie, la Dominique et Cuba, des petits pays où la vaccination est bien moins avancée. Cela représente une flambée de 600 % par rapport à juillet. Encore plus inquiétant : le nombre de décès connaît également une courbe exponentielle, avec 23 décès enregistrés au 22 août, contre zéro au mois de juillet. Du jamais-vu depuis février. Des restrictions et des jauges ont été rétablies la semaine dernière, et le gouvernement envisage désormais un nouveau confinement. « C'est un signe d'avertissement très clair pour le reste du monde, prévient Ran Balicer, directeur de l'innovation chez Clalit Health Services (CHS), la plus grande organisation de santé d'Israël. Si cela peut se produire ici, cela peut probablement se produire partout ailleurs. »
Une campagne de vaccination qui s’est essoufflée
Il faut dire qu'après avoir connu un début en fanfare, la campagne de vaccination s'est largement essoufflée. Le taux de vaccination culmine à 62,9 % (personnes ayant reçu les deux doses), à peine plus que la France (54,4 %) et bien en dessous du seuil de l'immunité collective, estimé à 80 % ou 90 % de la population. Mais cela n'explique pas tout. En effet, plus de la moitié (59 %) des personnes hospitalisées en soins critiques sont des personnes totalement vaccinées. Ici comme ailleurs, le variant Deltavariant Delta a complètement rebattu les cartes. « La leçon que l'on peut tirer d'Israël c'est que les vaccins fonctionnent, mais pas si bien que ça », résume Uri Shalit, bioinformaticien à l'Institut israélien de technologie (Technion).
L’efficacité du vaccin Pfizer remise en question
De fait, la protection conférée par les vaccins contre la Covid semble s’évanouir assez rapidement. Selon une étude préliminaire publiée le 31 juillet sur le serveurserveur MedRxiv, les personnes vaccinées en janvier présentent un risque 2,26 fois plus élevé d'infection que celles vaccinées en avril. Une autre étude de l'université d'Oxford indique que l’efficacité du vaccin Pfizer décline plus vite que celle d’AstraZeneca pour le variant Delta, avec une chute de 12 points en trois mois. Une autre étude avance une efficacité d'à peine 42 % du vaccin PfizerPfizer-BioNTech avec ce variant, contre 76 % pour le vaccin Moderna. La totalité des Israéliens ont justement été vaccinés avec le vaccin Pfizer.
Une troisième dose peut-elle sauver la situation ?
Le pays envisage désormais une troisième dose pour contrer la quatrième vaguevague. Le ministère de la santé israélien a ainsi annoncé le 29 juillet que toutes les personnes âgées de 60 ans et plus qui ont été vaccinées il y a plus de six mois pourront recevoir une troisième dose de vaccin, une possibilité étendue depuis aux 40 ans et plus. Plus d'un million d'Israéliens avaient déjà reçu une troisième dose au 20 août, selon le ministère de la santé. Une stratégie qui semble pour le moment efficace : des résultats préliminaires indiquent que les personnes vaccinées avec trois doses ont 86 % moins de risque d'être infectées que celles ayant reçu deux doses, et 92 % de risque en moins de connaître une forme grave. Mais pour combien de temps ?
Le nombre de cas augmente plus vite chez les non-vaccinés. © Eric Topol, Twitter
Les données israéliennes doivent toutefois être examinées avec précaution. En effet, les premières personnes vaccinées ont aussi été les plus âgées et les plus fragiles, ce qui pourrait expliquer que leur immunité décline plus vite et qu'elles remplissent à présent les services d'urgence. Et même si le vaccin n'empêche pas la survenue de nouvelles vagues, celles-ci devraient être moins dramatiques que les précédentes. En France, on observe ainsi une décorrélation entre la courbe des nouveaux cas et celle des hospitalisations.