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Faut-il réécrire les manuels d'ophtalmologie ? Le spécialiste de la vision Harminder Dua pense que oui. Avec son équipe de chercheurs de l'université de Nottingham (Royaume-Uni), ils viennent de mettre en évidence une nouvelle région de l'anatomie humaine, une sixième stratestrate de la cornée, cette structure de l'œil par laquelle entre la lumièrelumière qui est alors réfractée.
Jusqu'alors, on comptabilisait 5 couches, avec de la plus externe à la plus interne l'épithélium, la membrane de Bowman, le stroma, la membrane de Descemet et enfin l'endothélium. Désormais, il faut intercaler entre le stroma et la membrane de Descemet la couche de Dua, ainsi nommée en hommage au chef d'équipe. Épaisse de seulement une dizaine de micromètresmicromètres, elle serait pourtant très résistante et supporterait des pressionspressions de 1, 5 à 2 barsbars.
La cornée est la région la plus externe de l'œil grâce à laquelle la lumière commence à être réfractée. Chaque année, 65.000 greffes de cornée sont réalisées dans le monde, avec parfois des complications. La nouvelle couche ainsi découverte pourrait les limiter. © Baristoprak, Wikipédia, DP
La découverte est fortuite, comme souvent en science. Les auteurs voulaient simuler des greffes de cornées humaines à partir d'échantillons récupérés depuis 31 personnes. À l'aide d'une technique chirurgicale classique, ils ont injecté de l'airair entre la membrane de Descemet et le stroma. Sur trois des cornées testées, le profil visible était différent des observations habituelles, laissant augurer la présence d'une région jusqu'alors inconnue. Par microscopie électronique, cette intuition a pu être confirmée. Une couche acellulaire et composée majoritairement de fibres de collagène n'avait encore jamais été décrite.
Une nouvelle couche de la cornée avec des applications éventuelles
Cette découverte, publiée dans Ophthalmology, pourrait selon eux déboucher sur des applicationsapplications médicales. En effet, lors de certaines transplantations de la cornée, l'application de cette technique d'injection de l'air n'est pas totalement sûre : parfois, les bulles formées éclatent et endommagent l'organe. Harminder Dua pense qu'en les positionnant derrière cette nouvelle strate, résistante, on diminue les risques de complications.
Des ophtalmologistes tenteraient également d'établir un éventuel lien entre l'absence ou des lésions au niveau de cette couche et des pathologies cornéennescornéennes. Les auteurs pensent qu'elle pourrait aussi contribuer à la rétention de liquideliquide dans la cornée, causant des œdèmesœdèmes, bien que la mise en évidence soit encore trop récente pour aboutir à des conclusions complètement pertinentes.
Cette trouvaille inattendue nous rappelle nous avons encore beaucoup à découvrir sur notre propre corps, et pas seulement à l'échelle génétique ou moléculaire.