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    En 1116, les chartreux créent le monastère de la Sylve Bénite (Le Pin). Un fils de Barberousse y est converti, d'où d'importantes donations, et le conflit éclate avec le village d'Ars qui est détruit, mais on ignore tout de cette destruction, d'où les légendes !

    Le lac de Paladru depuis les collines de la sapinière. © CORLIN, <em>Wikimedia commons, </em>CC by-sa 3.0

    Le lac de Paladru depuis les collines de la sapinière. © CORLIN, Wikimedia commons, CC by-sa 3.0

    L'Abbé Millon évoque la destruction par Barberousse ou Humbert, comte de Savoie pour protéger les chartreux ou encore un tremblement de terretremblement de terre ou un affaissementaffaissement du rivage. En 1177, le pape Alexandre III confirme les privilèges des chartreux. C'est ce texte qui nous révèle la destruction du village car il interdit la reconstruction de la chapelle incendiée. Plus tard, l'abandon définitif du village est dû à la montée du niveau du lac.

    Ars, la ville engloutie

    Une ville brusquement engloutie sous les flots : trame pour des récits et des légendes ... L'antique cité d'Ars, au cœur du Dauphiné, fut avalée par les eaux du lac de Paladru ! A-t-elle vraiment existé ? La réponse est oui, semble-t-il ! Les récits sérieux situent la ville près de la Silve-Bénite (Sylve), monastère chartreux en 1116.

    Hector Blanchet, en 1837, dans l'Album du Dauphiné : « [...] Nicolas Chorier avait été plus qu'un autre à même de traiter la partie historique du lac, ayant consulté les archives de la Silve-Bénite, qui possédait, entre autres titres, celui où on lisait : Urbs Arsi fuit justo dei judicio submergata. Cet écrit a été détruit pendant la Révolution avec tout ce que renfermait le couvent. ». 

    Blanchet dit encore, après avoir étayé ses recherches : « L'habitude qu'avaient les habitants des environs du lac de se réunir sur ses bords pour célébrer leurs cérémonies religieuses et l'usage des Gaulois de bâtir, autant que possible, leurs villes auprès des lacs voués à leurs dieux les déterminèrent à fonder dans ces lieux la ville d'Ars. Elle fut élevée dans la partie méridionale de la vallée, au commencement du Moyen Age et à la naissance du blason, époque où les esprits s'appliquaient à la recherche des noms allégoriques. On l'appela Ars, qui veut dire "brûlée", par analogieanalogie avec les laveslaves et les cendres qui couvraient le sol volcanique sur lequel elle fut bâtie. »

    J. Mallein affirme avoir trouvé mention de la ville d'Ars dès 619 et le pape Boniface V aurait déclaré les églises d' Ars lieux d'asile. E. Millon, dans « Le Lac de Paladru » pense qu' Ars fut une cité lacustrelacustre : « Quoi qu'il en soit, Ars existait certainement sur les bords du lac au commencement du XIIe, au temps du roi de France Louis VI, dans les parages désignés encore aujourd'hui par des appellations comme Vers-Ars, Pré-d'Ars, Rivière-d'Ars. »

    Ars, cité lacustre ?

    M. Colardelle dans « Les Villages médiévaux du Lac de PaLadru », 1978, le pense : « Ars devait bien être une des stations médiévales du lac. Mais simplement une station. C'est-à-dire un village, un gros village peut-être, mais en aucun cas une ville, comme le proclament tant de récits populaires véhiculés par le folklore régional.»

    Mais personne ne dit rien de sa destruction. La version la plus répandue nous est donnée par l'auteur du livre ci-dessous :

    Image du site Futura Sciences

    La ville vivait dans l'orgueil, l'opulence et l'impiété... Forcément, c'est une légende ! Un soir d'été, un vieillard affamé mande un morceau de pain.  « Passe ton chemin », lui dit-on avec mépris.  Alors la cloche se met à pleurer, et la terre à trembler. Le tonnerretonnerre se déchaînait. La terre s'ouvrit et la ville  plongea dans un abîme qui la conduisit en enfer. Puis les eaux du lac comblèrent le trou. On peut encore entendre le son de la cloche, désespéré... H. Blanchet chercha une explication.

    Après une insurrection contre la domination de l'abbaye de Silve-Bénite qui déplut au pape, Barberousse mit fin au soulèvement. Ou Humbert, comte de Savoie ? La cité fut brûlée. « [...] Ce fut en vain que les femmes et les enfants, réfugiés dans l'église, cherchèrent leur salut dans la protection que Boniface V avait accordée à ces asiles sacrés. Hélas! Dans ces temps de barbarie, la main qui s'était armée pour venger la religion offensée en viola le sanctuaire, et les débris fumants de l'autel servirent à écraser les dernières victimes de ce massacre général. »

    Et, chez les chartreux, on trouve: « [La ville] ne tarda pas à être incendiée et détruite de fond en comble et la population massacrée par des ennemis, ad hostibus. » Mais quand ? En 1167 ? 1176 ? L'archevêque de Vienne, en 1172, fait encore figurer l'église d'Ars parmi les églises placées sous le patronage de de Saint-Chef.

    Puis les ruines disparurent, et Blanchet pense : « Quelques années après la destruction d'Ars, un tremblement le terre ouvrit tout à coup un gouffregouffre immense qui engloutit ses vastes débris et une grande étendue de son territoire; les eaux du lac, quittant leurs limites ordinaires, s'y précipitèrent en même temps et couvrirent d'un voile éternelles derniers vestiges de cette malheureuse ville, comme pour en effacer à jamais le souvenir. »

    Ou des éboulementséboulements semblables à celui de 1870 à Vers-Ars ?

    Quoi qu'il en soit comme toujours au Moyen Age on navigue entre réalité et imaginaire... à ce propos je vous signale le magnifique livre de Jacques Le Goff : «  Héros et merveilles du Moyen Âge » paru au Seuil en 2005, livre qui montre bien ce mélange entre légendes et faits.