Une importante explosion a retenti dans un cratère du Kilauea, à Hawaï, jeudi 17 mai, propulsant des cendres jusqu’à 9.000 m dans le ciel. Depuis plusieurs jours, des scientifiques craignent une éruption phréomagmatique, un phénomène qui a lieu quand le magma entre en contact avec de l’eau.

Le volcan Kilauea, situé sur Big Island, à Hawaï, est entré en éruption le 3 mai 2018. Une vingtaine de fissures laissent passer d'importantes coulées de lave. Près de 2.000 personnes ont été évacuées. Habituellement, les laves du Kilauea sont fluides. Mais, si des roches en fusion descendent sous la nappe phréatique, de l'eau peut entrer dans le magma ; la vapeur formée fournit alors une source d'énergie capable de provoquer des explosions.

C'est ce qui s'est déjà passé en 1924, avec une cinquantaine d'explosions enregistrées en deux semaines et demie. Le scénario semble se répéter en 2018... Ce jeudi 17 mai, tôt le matin, une explosion a en effet retenti dans un cratère du Kilauea, le Halema'uma'u. Ken Rubin, chef du département de Géologie et de géophysique à l'université de Hawaï, a expliqué à l'AFP : « Le magma se situe à 300 ou 400 mètres sous la surface et peut ainsi entrer en contact avec des nappes phréatiques qui chauffent et [...] sortent de terre en explosant ».

Les populations invitées à se protéger des cendres et des gaz

Pour l'instant, les populations ne sont pas directement en danger, car les zones résidentielles à risque ont été évacuées. Mais les vents transportent sur des kilomètres des cendres qui peuvent poser des problèmes respiratoires. Les habitants sont donc invités à se mettre à l'abri.

Les nuages de cendres, en fonction de la météo, pourraient aller jusqu'à la ville de Hilo, à une quarantaine de kilomètres. Les émanations de dioxyde de soufre sont elles aussi dangereuses. Le trafic aérien est à l'arrêt. Depuis la semaine dernière, le parc national des volcans de Hawaï est fermé au public.


Volcan Kilauea : un risque d'éruption explosive à Hawaï

Article paru le 11 mai 2018

Bien que ce volcan hawaïen soit de type effusif, des scientifiques alertent sur le risque d'explosions, un phénomène qui a déjà eu lieu en 1924. La colonne magmatique pourrait entrer en contact avec de l'eau de la nappe phréatique.

L'éruption du Kilauea, un des volcans les plus actifs de la planète, a débuté le 3 mai. Le 4 mai, un séisme de magnitude 6,9 sur l'échelle de Richter a été enregistré. Une dizaine de fissures laissant s'écouler des laves sont apparues. Environ 2.000 personnes ont dû être évacuées, notamment à cause des risques d'incendies et des émissions de dioxyde de soufre.

Si les éruptions explosives sont typiques des stratovolcans comme le mont St Helens, elles sont moins souvent associées à des volcans boucliers comme le Kilauea. Or, l'Observatoire volcanologique d’Hawaï (HVO) craint que l'éruption du Kilauea ne devienne explosive dans les semaines à venir, par un phénomène de type phréatomagmatique.

Un scénario explosif qui a déjà eu lieu en 1924

Comme l'explique sur son site l'USGS (l'Institut d'études géologiques des États-Unis), une éruption peut devenir explosive si la colonne de magma du volcan descend sous la nappe phréatique et entre en contact avec de l'eau, donnant de la vapeur. Comme des roches sont tombées dans la colonne de magma, la pression de la vapeur pourrait conduire à des explosions qui propulseraient ces roches chaudes.

Ce scénario a déjà eu lieu en mai 1924. Un lac de lave a commencé à se déverser du cratère Halema'uma'u en février 1924. Il y eut des séismes importants en avril et l'apparition de failles et fissures. Le fond du cratère a commencé à s'effondrer fin avril et les premières explosions ont eu lieu les 9 et 10 mai ; en tout, une cinquantaine d'explosions se produites durant deux à trois semaines. Pour l'USGS, « des éruptions explosives similaires se reproduiront ». Si de gros blocs de roches, pesant plusieurs tonnes, sont propulsés par l'explosion, ils devraient rester dans un périmètre proche du sommet, à moins d'un kilomètre. En revanche, les nuages de cendres pourraient retomber à plusieurs dizaines de kilomètres, d'où un risque supplémentaire pour les populations car ces poussières irritent les voies respiratoires et les yeux. Mais il reste encore bien difficile de prédire comment la situation va évoluer...


En vidéo : à Hawaï, le Kilauea coule jusqu'à l'océan

Article de Laurent Sacco paru le 7 avril 2008

Le Kilauea, l'un des volcans les plus actifs de la planète a repris ses éruptions dans la zone du Halema'uma'u (nom du cratère sommital du Kilauea) il y a quelques semaines. Depuis peu, les coulées de lave d'une éruption précédente se déversent à nouveau dans l'océan.

Le Kilauea, sur l'île de Hawaï, est un volcan de point chaud et son mécanisme éruptif est naturellement de type... hawaïen. Les laves qu'il peut cracher sont donc fluides, très chaudes, et peuvent s'écouler sur des dizaines de kilomètres. C'est pourquoi les éruptions ne construisent pas des cônes volcaniques, comme le fait le Stromboli mais plutôt des édifices aux pentes douces. La raison de leur fluidité est que ces laves, qui viennent d'une très grande profondeur, sont basaltiques et très pauvres en silice, ce qui permet d'ailleurs un dégazage rapide.

Figure 1. La carte de la zone des éruptions du Kilauea. © USGS
Figure 1. La carte de la zone des éruptions du Kilauea. © USGS

Le 21 Juillet 2007, une nouvelle phase effusive (c'est-à-dire un écoulement de lave sans explosion) a débuté, peu après minuit, après l'ouverture de deux fissures entre le Pu'u O'o et Kupaianaha (voir figures 1 et 2), à l'est du Pu'u O'o. Les deux fissures éruptives mesurent entre 600 et 800 m de long et elles ont donné naissance à deux coulées de lave.

Le front de coulée ouest est entré en mer mercredi 5 mars 2008 à 23 h 30 et il a donné lieu à des phénomènes spectaculaires comme le montrent les vidéos.


En mars 2008, des coulées spectaculaires sont descendues jusqu’à la mer. © Lava Ocean Tours Inc., YouTube
Figure 2. Un zoom sur les coulées de 2008 du Kilauea. En rouge et rose, les coulées actuelles, en mars 2008. © USGS
Figure 2. Un zoom sur les coulées de 2008 du Kilauea. En rouge et rose, les coulées actuelles, en mars 2008. © USGS
Figure 3. Un autre zoom sur les coulées de 2008 du Kilauea. En rouge et rose, les coulées actuelles. © USGS
Figure 3. Un autre zoom sur les coulées de 2008 du Kilauea. En rouge et rose, les coulées actuelles. © USGS