La datation du plus ancien fossile incontesté d'Homo sapiens était évaluée à 200.000 ans en arrière. La datation radiométrique d'une couche volcanique en Éthiopie permet de réévaluer l'âge de notre espèce à plusieurs milliers d'années plus tôt.


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    Quel âge à l'espèce Homo sapiens ? L'émergence de l'espèce en Afrique a eu lieu au cours du Pléistocène tardif et la formation Omo Kibish, au sud-ouest de l'Éthiopie, contient les restes d'Omo I qui avaient jusqu'à présent été datés à moins de 200.000 ans en arrière. Dans une étude parue dans le journal Nature, une équipe de chercheurs réévalue aujourd'hui l'âge d'Omo I.

    Plus ancien que 230.000 ans

    La formation Omo Kibish est située dans la vallée du rift est-africain, qui est une zone ayant connu et connaissant encore une forte activité volcanique. Or, les auteurs expliquent que chaque éruption volcanique a une sorte d'empreinte digitaleempreinte digitale, ce qui rend son identité reconnaissable et unique. Les restes d'Omo I se trouvaient sous une épaisse couche de cendres volcaniques dont la datation était incertaine jusque-là car les cendres étaient trop fines pour qu'une datation absoluedatation absolue soit effectuée.

    La datation de strates permet de reconstituer l'histoire géologique d'un site. © Céline Vidal
    La datation de strates permet de reconstituer l'histoire géologique d'un site. © Céline Vidal

    Or, les auteurs de l'étude ont utilisé des pierres ponces issues de cette même couche de cendres afin de réaliser une datation radiométrique. Ils ont ainsi pu déterminer que l'âge de la couche de cendres située au-dessus des restes d'Omo I a été produite par l'éruption du volcanvolcan Shala, localisé à 400 kilomètres du site, il y a 230.000 ans. Les auteurs indiquent par ailleurs que des fossiles plus anciens sont parfois attribués aux stades précoces de la lignée H. sapiens mais qu'Omo I constitue à ce jour le plus ancien fossilefossile incontestable d'Homo sapiensHomo sapiens en raison de caractéristiques anatomiques telles qu'une voûte crânienne haute et globulaireglobulaire, ainsi qu'un menton.

     


    L'Homo Sapiens vieillit de 35.000 ans

    Des paléontologuespaléontologues australiens et américains ont revu la datation de fossiles humains découverts le long de la rivière Omo au sud de l'Éthiopie.

    Article de France Sciences, publié le 28 février 2005

    Les deux crânescrânes, baptisés Omo I et II, ont été mis au jour en 1967 et datés selon une première évaluation d'environ 130.000 ans par analyse du taux de thoriumthorium et d'uraniumuranium des huîtres retrouvées dans les sédimentssédiments (une datation à l'époque controversée car on pensait que l'Homme moderne ne pouvait avoir plus de 100.000 ans).

    Mais les nouvelles méthodes disponibles ont conduit Francis Brown, de l'Université de l'Utah, John Fleagle, de la Stony Brook Université (New York), et Ian MacDougall, de l'Australian National University, à une autre conclusion : les deux fossiles, contemporains malgré des différences morphologiques, remonteraient à près de 195.000 ans (à 5.000 ans près).

    Les chercheurs se sont notamment focalisés sur le taux de désintégration de l'argonargon des cristaux de feldspath de sédiments situés juste au-dessous des fossiles et de cendres prélevées nettement au-dessus (à environ 50 mètres) ; les premiers ont indiqué un âge de 196.000 ans et les secondes une limite inférieure de 104 000 ans.

    La vitessevitesse de sédimentationsédimentation de la rivière Omo étant à l'époque très importante, l'âge des restes serait donc plus proche de 196.000 ans. Jusque-là, les plus vieux fossiles humains étaient considérés comme étant ceux découverts à Herto, également en Éthiopie, et évalués entre 154.000 ans et 160.000 ans. Ces travaux confirment les analyses de paléogénétique récentes situant l'origine de l'Homo sapiens entre -150.000 et -200.000 ans.