Et si l'avenir de l'industrie textile se trouvait dans les algues ? Des chercheurs ont mis au point un matériau « vivant », ayant la capacité de se régénérer et de grandir en se nourrissant. Ses multiples capacités laissent aussi envisager des applications médicales et… spatiales.


au sommaire


    Une imprimante 3D. Un peu de cellulosecellulose bactérienne. Quelques algues. Et voici qu'un matériaumatériau vivant se crée tout seul. Enfin... presque. Les recettes pour des matériaux dits vivants, puisque fabriqués en encapsulant des cellules biologiques vivantes dans une matrice, ont fleuri ces dernières années. Récemment, des chercheurs ont rapporté une technique de bio-impression débouchant sur une matièrematière aux propriétés remarquables.

    Ces scientifiques ont enfermé des microalgues dans un produit excrété par des bactériesbactéries, vulgairement nommé « cellulose bactérienne ». Les microalgues confèrent des capacités photosynthétiques à l'étoffe obtenue. Ce qui lui permet, notamment, de se régénérer. Les auteurs de l'étude précisent qu'elle peut « survivre de manière stable pendant au moins trois jours sans nutrimentsnutriments », sa duréedurée de vie pouvant être prolongée si elle est transférée vers une nouvelle source de nutriments durant cette période.

    Ce mini tee-shirt est fait d'un matériau vivant et photosynthétique. © Université de Rochester
    Ce mini tee-shirt est fait d'un matériau vivant et photosynthétique. © Université de Rochester

    Un levain textile

    Pour la première fois, ce matériau photosynthétique semble assez performant pour être déployé dans « des applicationsapplications du monde réel », avance Anne Meyer, biologiste américaine et coautrice du papier. Résistant. Tenace. Flexible. Robuste. Il a tout pour plaire. Déformé d'une façon ou d'une autre, il conserve son intégritéintégrité physiquephysique. Les chercheurs lui attribuent trois applications principales : la création de feuilles artificielles, de vêtements biologiques, et de peaux photosynthétiques.

    Les feuilles artificielles imitent la photosynthèse des feuilles végétales, c'est-à-dire qu'elles convertissent l'eau et le CO2 en oxygène et en énergieénergie, grâce à la lumièrelumière du soleilsoleil. Cette innovation fait partie des solutions envisagées pour produire de l'énergie et de l'oxygène dans des endroits peu propices à la végétation... comme Mars. En parallèle, les « peaux synthétiques » serviraient pour les greffes de peau. Anne Meyer explique que « l'oxygène généré aiderait à relancer la cicatrisation de la zone endommagée, ou pourrait être capable de réaliser une cicatrisationcicatrisation "activée par la lumière" des plaies ».

    Ce matériau pourrait révolutionner le secteur du textile. De la mode. Les vêtements créés seraient biodégradablesbiodégradables et évolutifs. Un pantalon troué se régénererait, mais un pantalon trop petit pourrait aussi grandir. Si ce n'est qu'hypothétique à l'heure actuelle, cela enlèverait une sacrée épine dans le pied de cette industrie -- l'une des plus polluantes de la Planète. Ces matériaux « peuvent se maintenir sur des périodes de plusieurs semaines et être multipliés sur place, de sorte qu'ils ont le potentiel d'être vraiment durables et partagés partout dans le monde, aussi facilement que le levain », se prend à rêver Anne Meyer.