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La cicindèle, un insecte extrêmement rapide et un redoutable prédateur. © Olaf Leillinger, Wikimedia Commons, cc by sa 2.5
Un bon prédateur se doit de courir vite pour attraper sa proie. C'est le cas des cicindèles, des coléoptères dont la vitessevitesse de pointe, rapportée à leur taille, bat tous les records : alors que ces insectes mesurent généralement 1 à 2 cm, ils peuvent parcourir jusqu'à 120 fois leur longueur en une seconde... De quoi faire pâlir de jalousie les sprinters dans l'espèce humaine qui courent une distance de cinq fois leur longueur en une seconde ; avec les performances des cicindèles, ils dépasseraient les 700 km/h !
Toutefois, courir aussi vite présente des inconvénients : à de telles vitesses, tout semble flou, si bien qu'il devient difficile pour l'insecte de voir précisément sa proie. C'est pourquoi, pour augmenter ses chances de ne pas rester bredouille, la cicindèle peut utiliser une autre partie de son anatomieanatomie : ses mandibulesmandibules, qui sont particulièrement développées.
Dans un article de Biology Letters, des chercheurs des universités de Pittsburgh et de Cornell décrivent comment la vision de l'insecte à ces vitesses joue un rôle dans l'ouverture et la fermeture de ses mandibules. « Nous nous demandions dans quelles situations les mandibules s'ouvrent et se fermentferment », explique Daniel Zurek, principal auteur de ces travaux. En effet, d'un côté, les cicindèles doivent ouvrir leurs mandibules afin de les refermer sur leur proie, mais d'un autre côté elles ne doivent pas les laisser ouvertes tout le long de leur course, de crainte qu'elles ne s'accrochent à quelque chose au passage.
Les mandibules de l'insecte sont bien développées comme on le voit ici sur un spécimen de Cicindela japonica. © Opencage, Wikimedia Commons, cc by sa 2.5
L’insecte ouvre ses mandibules quand sa proie est proche
Les chercheurs ont donc voulu savoir ce qui détermine l'ouverture des mandibules quand l'animal poursuit sa proie. Pour cela, ils ont utilisé un leurre, constitué d'une perle en plastiqueplastique et d'une ficelle. Ils ont alors observé que l'ouverture et la fermeture des pièces buccales avaient lieu quand la proie se trouvait dans un champ binoculaire de 60°. Lorsque l'insecte commence à approcher de sa proie, l'image de celle-ci s'agrandit, ce qui déclenche un signal pour l'ouverture des mâchoires.
Ce comportement permet au coléoptère de s'adapter à l'incertitude quant à la position de sa cible, à cause de l'image imprécise qu'il en a. Selon Daniel Zurek, cette recherche révèle plus globalement un mécanisme nouveau sur la façon dont des décisions de comportement se basent sur les images vues dans des situations dynamiques.