Aucun phénomène de fluorescence n’avait encore été observé chez un amphibien. Grâce à des chercheurs sud-américains, c’est désormais chose faite. Ils ont découvert une grenouille qui brille dans l’obscurité grâce à des molécules, elles aussi, totalement inédites.
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Il existe environ 7.600 espèces d'amphibiens sur Terre. Et parmi elles, Hypsiboas punctatus, une grenouille arboricole qui vit en Amérique du Sud. Le signe particulier de cette grenouille par ailleurs tout à fait banale, ce sont des chercheurs de l'université de Buenos Aires (Argentine) qui viennent de le découvrir alors qu'ils étudiaient sa pigmentationpigmentation. H. punctatus est en effet la première grenouille fluorescente à avoir été observée.
À la lumièrelumière du jour, cette grenouille arbore de jolies couleurscouleurs vertes, jaunes ou rouges. Mais éclairée par un faisceau ultraviolet, elle se met à briller intensément, d'une couleur bleu-vert. Un phénomène qui disparaît dans l'obscurité totale. De la fluorescence (qui nécessite une absorptionabsorption d'énergieénergie lumineuse) donc, et non de la bioluminescence (production de lumière par l'animal lui-même).
Des molécules fluorescentes inconnues
En lui-même, le phénomène n'est pas nouveau. De nombreuses espèces aquatiques fluorescentes ont déjà été décrites par les scientifiques. La fluorescence des coraux, par exemple, est très bien connue. Mais il existe aussi des poissons fluorescents ou encore des requins et même une tortue qui brillent dans l'obscurité. Même sur la terre ferme, on peut trouver des animaux fluorescents : des scorpions, notamment.
Cerise sur le gâteau de cette lumineuse découverte, H. punctatus semble avoir recours à des moléculesmolécules fluorescentes jamais encore observées chez des animaux : des hyloin-L1, des hyloin-L2 et des hyloin-G1. Celles-ci sont concentrées dans son tissu lymphatique, dans sa peau et dans ses sécrétionssécrétions glandulaires. Et elles s'avèrent d'une incroyable efficacité. Selon les chercheurs en effet, elles peuvent émettre l'équivalent de quelque 18 % de la lumière émise par la pleine Lune.
Cette découverte, loin de constituer un aboutissement, marque, au contraire, le début d'une nouvelle aventure pour les herpétologistes qui étudient tous les jours les reptilesreptiles et les amphibiens. L'équipe de l'université de Buenos Aires prévoit d'ores et déjà d'étudier de plus près les photorécepteurs l'Hypsiboas punctatus afin de déterminer si elle est capable de capter cette lumière fluorescente. Les herpétologistes envisagent également de tester la fluorescence des 250 espèces de grenouilles arboricolesarboricoles proches d'H. punctatus.
Et ces travaux permettront peut-être de préciser les fonctions écologiques ou comportementales de la fluorescence chez la grenouille. Ce phénomène leur sert-il à communiquer entre elles ? Joue-t-il un rôle dans le processus d'attraction sexuelle et de reproduction ? « J'espère vraiment que d'autres collègues se montreront très intéressés par ce phénomène et qu'ils commenceront à porter des lampes UVUV sur le terrain », commente Carlos Taboada, herpétologue à l'université de Buenos Aires. Dans ce cas, les réponses à ces questions ne devraient pas tarder à arriver...