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À quel rythme monte le niveau de la mer ? Entre 2,4 et 2,8 millimètres par an depuis le début des années 2000, expliquent différentes études, que l'on trouvera résumées dans un tableau publié ici. C'est ce qu'expliquent des chercheurs allemands qui ont « revisité », pour reprendre l'expression utilisée dans le titre de leur article publié dans les Pnas, les résultats de mesures effectuées entre 2002 et 2014. Ces climatologuesclimatologues (de l'université de Bonn, de l'institut Wegener et du centre de Géosciences GFZ) ont épluché les données des satellites Grace, Jason-1 et Jason-3. La mission de gravimétrie Grace (Gravity Recovery And Climate Experiment ), avec deux engins qui se suivent, mesure précisément la gravitégravité terrestre, qui, au-dessus des océans, dépend notamment de la hauteur d'eau. Les satellites Jason, eux, déterminent directement le niveau de la mer (c'est de l'altimétrie).
Surtout, l'équipe a réévalué les contributions de différents phénomènes liés au climat global qui font fluctuer le volumevolume de l'océan mondial (voir notre dossier Les variations du niveau de la mer) :
- L'effet stérique : quand la température de l'eau monte, sa densité diminue et le volume augmente ;
- L'hydrologie : c'est le bilan de l'évaporation, des précipitations et de l'apport des cours d'eau ;
- La contribution des glaciers et de la fontefonte des inlandsis : les couvertures glaciaires de l'Antarctique et du Groenland produisent des icebergs ;
- Les effets régionaux : la surface de l'océan mondial est loin d'être une sphère lisse. Il y a des creux et des bosses, ce qui impose de réaliser des mesures nombreuses et de les moyenner.
L'inégalité devant la hausse du niveau de l'océan mondial, exprimée ici en nombre de personnes touchées, sur la base des populations par pays en 2010, pour, à long terme, un réchauffement stabilisé à +2°C ou +4 °C par rapport à l'ère préindustrielle. © Idé
La hausse du niveau de la mer n'est pas partout identique
Selon eux, la hausse globale de l'océan mondial serait, entre 2002 et 2014, de 2,74 ± 0,58 mm/an. Leurs calculs les amènent surtout à une estimation bien plus forte de l'effet stérique, donc de l'influence directe du réchauffement sur la densité de l'eau, en surface ou plus profondément.
Voilà le détail :
- Effet stérique : 1,38 ± 0,16 mm/an, alors que les estimations des modèles et des mesures de salinitésalinité et de températures (qui influent sur la densité) indiquaient entre 0,66 ± 0,2 et 0,94 ± 0,1 mm/an ;
- Glaciers et inlandsis : 1,37 ± 0,09 mm/ an ;
- Hydrologie : −0,29 ± 0,26 mm/an, donc un effet global qui fait diminuer le niveau.
L'effet stérique est donc, selon cette étude, nettement plus influent que ce qui est habituellement considéré. On remarque que le total ne fait pas 2,74 car il reste d'autres effets et, surtout, des variations régionales importantes. Ainsi, le record est atteint près des Philippines avec 14,7 ± 4,39 mm/an. C'est l'effet stérique qui domine largement, représentant 11,2 mm (± 3,58), comme en Indonésie, où, affirment les auteurs allemands, il intervient pour 6 mm/an sur les 8 observés (6,4 ± 3,18 pour 8,3 ± 4,7 mm/an, précisément). Dans l'Atlantique nord-ouest, cet effet stérique ferait monter le niveau de 5,3 ± 2,6 mm/an mais il agirait à l'inverse, dans le Pacifique est, où il abaisse l'océan de 2,8 ± 1,53 mm/an.
Conclusion : tous les pays ne sont pas égaux devant la hausse du niveau des océans. La côte ouest des États-Unis ne voit rien arriver tandis que les Philippines sont très exposées. L'étude montre aussi combien il est important de suivre le plus précisément possible le niveau de la surface des mers depuis des satellites. Dans le communiqué de l’université de Bonn, Roelof Rietbroek, l'un des co-auteurs, souligne que le niveau de la mer semble moins influencé par des phénomènes annexes que la température locale de l'atmosphèreatmosphère. Il serait donc, estime-t-il, un meilleur indicateur de l'évolution du climatclimat que la température globale.