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La recherche de micrométéorites dans les glaces de l'Antarctique est une chose courante depuis des années. Pourtant les chercheurs du LGGE, de l'ENEA de Rome et ceux du CSNSM d'Orsay n'étaient pas vraiment à leur recherche lorsqu'ils ont examiné une carotte de glace obtenue dans le cadre du projet Epica, l'acronyme anglais de European Project for Ice Coring in Antarctica.
Les chercheurs ont en effet découvert dans cette carotte, forée au Dôme Concordia, deux couches de dépôts de micrométéorites datant d'il y a plus de 400.000 ans et séparées par une duréedurée d'environ 50.000 ans. Une averse de micrométéorites était donc tombée par deux fois sur Terre. Or, ces événements se sont produits au cours d'une période glaciaire précédant une période interglaciaire particulièrement longue.
Cette découverte pourrait avoir des conséquences importantes si d'autres forages ailleurs en Antarctique ou au Groenland venaient confirmer cette double chute de matériel micrométéoritique il y a 434.000 et 481.000 ans. Ces éléments pourraient relancer le débat sur le rôle des poussières interplanétaires, à l'origine de la lumière zodiacalelumière zodiacale, sur le climat de notre planète. La concentration en particules de poussière mesurée est 10.000 à 100.000 fois supérieure à la concentration moyenne de matièrematière extraterrestre tombant à la surface de l'Antarctique annuellement. Pour mémoire, c'est 40 tonnes de poussière qui s'ajoutent ainsi chaque année à notre planète.
Bien sûr, Les deux couches de poussières visibles à l'oeil nu auraient pu être d'origine volcanique mais leur étude attentive a montré que l'on était en présence de signatures cosmochimiques caractéristiques des micrométéorites. Ainsi, les couches contiennent-elles de nombreuses petites sphères de quelques millièmes de millimètres de diamètre. Celles-ci sont formées de silicatessilicates contenant plus de 30 % de magnésiummagnésium. Or, de telles proportions de magnésium dans des silicates signent bel et bien une provenance extraterrestre.
Sphères micrométéoritiques extraites de l'une des deux couches (Crédit : ENEA Rome, B. Narcisi).
Autres micrométéoritiques extraites de l'une des deux couches (Crédit : ENEA Rome, B. Narcisi).
L'un des auteurs de la découverte, Jean Robert Petit, s'était déjà rendu célèbre lors d'une précédente publication dans Nature. L'article présent a pour titre First discoverydiscovery of meteoritic events in deep Antarctic (EPICA-Dome C)ice cores, B. Narcisi, J.R. Petit and C. Engrand, Geophysical Research Letters, 2007, 34, L15502, doi:10.1029/2007GL030801, 11 août 2007