Le cerveau est la cible de nombreuses infections virales, susceptibles d'avoir des conséquences pathologiques très variées. En plus de provoquer des méningites ou des encéphalites, certains virus peuvent infecter les neurones du cerveau sans les détruire, mais en perturbant néanmoins leur fonctionnement normal. C'est ce que vient de démonter l'équipe Avenir de l'unité Inserm 563 coordonnée par Daniel Gonzalez Dunia, dont les travaux paraissent ce jour dans PloS Pathogens.

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Vers une meilleure connaissance des virus qui attaquent le cerveau

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Le virus étudié par les chercheurs est un virus à ARN appelé Bornavirus, un exemple unique de virus neurotrope responsable de maladies comportementales diverses.

L'hypothèse d'une contribution possible du Bornavirus dans certaines maladies psychiatriques comme la schizophrénie, bien qu'encore débattue, souligne l'intérêt de ce virus pour une meilleure compréhension des mécanismes pathologiques en jeu dans ces maladies.

Ils sont connus pour interférer avec le fonctionnement normal du cerveau par des mécanismes encore mal compris et provoquent des troubles cérébraux. Dans ce travail, les auteurs ont utilisé ce modèle d'infection par le Bornavirus car le virus infecte une grande diversité d'espèces animales, y compris l'homme, et provoque des troubles comportementaux divers. L'infection à Bornavirus permet l'étude des mécanismes moléculaires par lesquels un virus peut persister dans le système nerveux central et entraîner une altération des fonctions cérébrales, en l'absence, par ailleurs, de toute destruction des tissus et phénomènes inflammatoires.

Daniel Gonzalez Dunia et son équipe démontrent ici que le virus bloque la réponse des neurones à certains protocoles de stimulation, sous-tendant un défaut d'apprentissage des neurones infectés. En analysant plus précisément les mécanismes moléculaires sous jacents, les auteurs montrent que ce blocage serait dû à une interaction entre une protéine du Bornavirus comprenant un groupement phosphate très réactif et une protéine cellulaire, qui, pour être active, et jouer son rôle de molécule-signal au sein de la cellule, doit être « phosphorylée ». Ces résultats illustrent un exemple original d'interférence virale avec le fonctionnement neuronal et révèlent les mécanismes par lesquels un virus peut provoquer des troubles du fonctionnement synaptique et contribuer à l'étiologie de maladies neurocomportementales, par exemple, des maladies psychiatriques humaines comme la schizophrénie ou la dépression s'accompagnent de troubles du fonctionnement synaptique.