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La géothermie est une source d'énergieénergie particulièrement intéressante dans un pays comme l'Islande. Mais on exploite aussi la vapeur sortie des entrailles de la Terre en Italie. La région de Larderello, en Toscane, fournit ainsi de l'électricité à près d'un million de foyers. En France, la géothermie représente un potentiel non négligeable, comme l'avait souligné à plusieurs reprises Haroun Tazieff.
Plus la température de l'eau extraite d'un forage géothermique est importante, plus elle contient d'énergie thermique utilisable. Parmi les sources les plus prometteuses figurent celles où l'eau se trouve dans un état dit supercritique. Rappelons que de l'eau est supercritique lorsque sa température et sa pressionpression sont supérieures à celles du point critique (TTc=376 °C et Pc=221 barbar). L'eau présente alors des propriétés physicochimiques étonnantes, intermédiaires entre liquideliquide et gazgaz.
Au premier plan le cratère Viti datant de l'éruption de 1787 avec à l'arrière plan la station de forage située dans la zone de Krafla. © G.O. Fridleifsson-W. Elders, UC Riverside
La quête de l'eau supercritique
Ainsi, on constate simultanément une très grande compressibilité et une densité de type liquide. Une solution aqueusesolution aqueuse devient alors un milieu très réactifréactif intervenant dans de nombreux processus géochimiques (séparationséparation de phases et cristallisation dans les magmas, transport et déposition des métauxmétaux par les fluides hydrothermaux à l'origine des gisements métallifères, altération hydrothermale des roches).
Un groupe de géologuesgéologues travaillant pour un consortium gouvernemental du nom de Iceland Deep Drilling Project avait donc pour mission d'étudier la possibilité d'exploiter des champs géothermiques possédant de l'eau dans un état supercritique. C'est ainsi qu'un forage a été effectué dans la zone volcanique bien connue de Krafla en Islande. Un tiers de la production électrique d'Islande provient de la géothermie et pas loin de 95 % des foyers islandais sont chauffés grâce à elle.
Au premier plan la source chaude de Leirhnjúkur et à l'arrière plan la station de forage. Entre les deux on voit les coulées basaltiques des années 1974 à 1985. © W. Elders, UC Riverside
Du magma à 900 °C
En 2009, les géologues étaient en train de forer pour atteindre une profondeur de 4,5 kilomètres lorsqu'une modification des contraintes mécaniques au niveau de la tête de forage s'est brutalement produite vers 2,1 kilomètres de profondeur. Il a fallu se rendre à l'évidence : le trépantrépan venait de pénétrer dans une poche de magma.
Curieusement, les analyses du magma qui était remonté de quelques mètres dans le puits de forage ont montré qu'il correspondait à une lavelave connue en surface se figeant en une roche du nom de rhyoliterhyolite. Celle-ci est plus riche en silicesilice et donc plus visqueuse que le basaltebasalte ordinairement craché par les éruptions à Krafla. Ce n'était pas la première fois que l'on rencontrait un mélange d'une faible quantité rhyolite avec du basalte lors d'une éruption mais les volcanologuesvolcanologues n'en comprenaient pas vraiment la raison.
Ce forage jette une lumièrelumière nouvelle sur ce processus magmatique mal compris. Il semblerait bien, comme les géologues l'ont expliqué dans un article paru récemment dans Geology, que ce soit précisément des processus hydrothermaux qui soient intervenus.
Plus exactement, du basalte altéré par ces processus hydrothermaux aurait fondu et se serait mélangé à du magma en provenance du manteaumanteau, ce qui aurait produit cette rhyolite. La recherche de l'eau supercritique va quant à elle se poursuivre, un second forage devrait avoir lieu en 2013.