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Avec plus de 120 volcans actifs sur 4.000 km et dix éruptions par an en moyenne, l'Indonésie est particulièrement exposée aux ravages des volcans. Au XXe siècle, ce pays a subi les colères meurtrières du volcan Kelud à neuf reprises. En 1919 par exemple, 5.000 personnes ont été tuées et, en 1966, 200 autres personnes ont péri. La dernière éruption en date, qui s'est produite à la charnière des années 2007 et 2008, a été considérée par les volcanologuesvolcanologues comme atypique avec la mise en place d'un dôme visqueux en remplacement du lac de cratère permanent. Celui-ci a explosé dans la nuit du 13 au 14 février dernier, générant un énorme panache en forme de champignon d'environ 18 km de hauteur.
Le bilan de cette explosion est de deux ou trois morts (le nombre exact n'est pas encore connu) et l'impact socioéconomique, non chiffré aujourd'hui, est très important. D'autre part, cette éruption exceptionnelle a entraîné l'évacuation de 60.000 personnes et a perturbé le trafic aérien. En effet, trois aéroports indonésiens, Yogyakarta, Surabaya et Solo, ont dû être fermés. En conséquence, l'activité économique du pays a été fortement ralentie dans un rayon de 200 km.
Le lendemain de l’éruption du Kelud, la ville de Yogyakarta était envahie par la poussière, rendant la circulation difficile. © Aldnonymous, Wikimedia Commons, cc by sa 3.0
Heureusement, le Center for Volcanology and Geological Hazard Mitigation (CVGHM) a parfaitement géré cette crise. En se basant sur des observations visuelles et géophysiques, notamment la sismicité, acquises à l'observatoire situé à 5 km du volcan, le niveau d'alerte est passé de deux à trois le 10 février. Ce niveau signifie, dans le cas d'un volcan explosif comme le Kelud, une probabilité d'éruption élevée à court terme et conduit à la mise en place d'une campagne d'informations pour les populations locales, afin qu'elles se préparent à une évacuation. Le 13 février dans la soirée, le niveau quatre a été atteint, signifiant une éruption imminente, qui s'est produite un peu moins de deux heures après. Ce laps de temps a permis d'évacuer les personnes habitant dans un cercle de 20 km autour du volcan. Grâce à cette prise en charge rapidecharge rapide, le nombre de victimes est resté faible par rapport à celui d'éruptions passées d'explosivité comparable.
Évacuation efficace des populations avant l’éruption du Kelud
Le diamètre du panache au-dessus de Kelud s'est agrandi de 180 km en près de deux heures et demie, une décharge extrêmement importante sur une période très courte. D'épaisses couches de cendres générées par cette éruption s'étendent sur plusieurs dizaines de kilomètres. À 100 km du volcan, ces cendres ont encore une épaisseur de l'ordre du centimètre. Le panache de cendres a ensuite été poussé vers le sud-ouest. Les traitements des images du satellite géostationnaire MTSat montrent en effet une anomalieanomalie thermique centrée sur le Kelud, puis une extension spatiale du panache dans la direction sud-ouest avec un « indice-cendres » maximum de 6. Cet outil de surveillance en quasi-temps réel a été proposé au CVGHM pour contribuer à la surveillance des prochaines éruptions.
La quantité de dioxyde de soufresoufre (SO2) libérée au cours de cette éruption reste encore à évaluer, mais les premières estimations par l'OzoneOzone Mapping and Profiler Suite (OMPS) donnent une massemasse de SO2 de l'ordre de 430 kilotonnes (kt). Cette quantité est donc trois fois plus importante que la phase la plus intense de la décharge de 2010 de l'Eyjafjallajökull, le tristement célèbre volcan islandais qui a gelé le trafic aérien mondial pendant plusieurs jours à cette époque. Pour rappel, il a maintenu une phase éruptiveéruptive pendant au moins 14 jours, libérant au total 1.181 kt de SO2, alors que l'éruption du Kelud n'a duré que quelques heures. Les experts estiment toutefois que l'impact sera probablement négligeable sur le climat.
Les chercheurs de l'IRD affectés en Indonésie vont maintenant analyser les données acquises pendant cette éruption pour mieux comprendre son processus. Le dôme créé en 2007 a complètement disparu et les premières images satellitaires montrent la formation d'un nouveau cratère qui aurait au minimum la taille de celui existant avant 2007. Le caractère évolutif de la dynamique du Kelud sur une période courte, de l'ordre de la décennie, doit être mieux compris pour améliorer la surveillance de ce type de volcans.