La découverte de traces humaines dans le bassin amazonien bolivien situe leur arrivée sur les lieux à plus de 10.000 ans. Cette trouvaille est la preuve la plus ancienne de la présence humaine dans la forêt tropicale et permet de tracer plus de 10.000 ans d’histoire entre l’Homme et l’environnement dans le Nouveau Monde.

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    La forêt amazonienne, qui recouvre une surface de 5,5 millions de km2 se partage entre 9 pays : la Bolivie, le Brésil, la Colombie, l'Équateur, le Guyana, la Guyane, le Pérou, le Venezuela et le Suriname. © LecomteB, Wikipédia, GNU 1.2

    La forêt amazonienne, qui recouvre une surface de 5,5 millions de km2 se partage entre 9 pays : la Bolivie, le Brésil, la Colombie, l'Équateur, le Guyana, la Guyane, le Pérou, le Venezuela et le Suriname. © LecomteB, Wikipédia, GNU 1.2

    Quand les Hommes ont-ils investi l'Amazonie et comment se sont-ils adaptés à cet environnement ? Ces questions demeurent des énigmes archéologiques. La plupart des sites découverts jusque-là convergent vers l'idée que les Hommes se seraient appropriés les lieux dans les prémices de l'Holocène, soit il y a plus de 8.000 ans. Pour la plupart, les traces archéologiques humaines ont été découvertes le long des côtes continentales du nord-est du bassin. Toutefois, des sites de chasseurs-cueilleurs associés à la faune aujourd'hui éteinte ont été trouvés dans les conditions fraîches et humides du sud de l'Amérique du Sud.

    À ce jour, peu de sites anciens ont été découverts dans le centre du bassin amazonien. Dans ce contexte, une équipe d'archéologues de l'université de Bern s'est focalisée sur les îles de forêt du bassin amazonien de Bolivie. Au nombre de plusieurs centaines, ces îles sont des monticules de sédiments. L'origine peut en être attribuée aux termites, à l'érosion ou à l'activité humaine. Les archéologues pensaient qu'en raison des conditions environnementales défavorables des lieux, les Hommes n'avaient pas investi ces lieux avant l'ère agricole.

    Détails de la terre cuite, des coquillages et des restes osseux provenant des fouilles. Image A : fragments de coquilles d'aragonite et micritique cimentées, un os est visible dans le coin supérieur gauche (lumière polarisée croisée). B : réservoirs Pomacea trouvé à 1,1 m de profondeur. C : cicatrice de l'impact entre fragments réaménagés du tibia d’un cerf des marais (<em>Blastocerus</em><em> dichotomus</em>). Dendrites minérales couvrant les bords des os. Les dommages en surface indiquent une percussion. D : fragment mandibulaire de <em>Mazama</em> <em>sp</em>. trouvé à une profondeur de 70-75 cm. E : fragment de terre cuite portant des lignes parallèles incisées, probablement culturellement modifiés. F : couche de coquilles bien cimentées entourées de fragments détachés. © <em>Public Library of Science</em>

    Détails de la terre cuite, des coquillages et des restes osseux provenant des fouilles. Image A : fragments de coquilles d'aragonite et micritique cimentées, un os est visible dans le coin supérieur gauche (lumière polarisée croisée). B : réservoirs Pomacea trouvé à 1,1 m de profondeur. C : cicatrice de l'impact entre fragments réaménagés du tibia d’un cerf des marais (Blastocerus dichotomus). Dendrites minérales couvrant les bords des os. Les dommages en surface indiquent une percussion. D : fragment mandibulaire de Mazama sp. trouvé à une profondeur de 70-75 cm. E : fragment de terre cuite portant des lignes parallèles incisées, probablement culturellement modifiés. F : couche de coquilles bien cimentées entourées de fragments détachés. © Public Library of Science

    Les plus anciennes traces d’Hommes en pleine Amazonie

    Les résultats de l'étude, publiés dans la revue Plos One, remettent complètement en cause cette idée. L'équipe du chercheur Umberto Lombardo a identifié trois monticules qui révèlent une présence humaine datée de plus de 10.000 ans. Plus exactement, ces monticules sont façonnés de coquillages, dont les premiers auraient été posés voilà 10.400 ans.

    Les échantillons de terre prélevés sur les monticules ont révélé une accumulation dense de coquilles d'escargots d'eau douceeau douce, d'os d'animaux et d'amas de charboncharbon de boisbois. Deux couches se distinguent. L'une est riche en coquilles d'escargots, l'autre en matièrematière organique, contenant poteries, outils en os et ossements humains. Ces deux couches étaient séparées d'une mince couche riche en terre cuite.

    La datation au carbone 14 de ces échantillons a montré que les Hommes sont arrivés au tout début de l'Holocène, voire, peut-être, à la fin du PléistocènePléistocène. Il apparaît que les monticules ont accumulé coquillages et autres objets durant plus de 6.000 ans. Ces îles de forêt ont probablement été abandonnées à mesure que le climatclimat a changé et que la forêt est devenue tropicale.

    La plupart des sites archéologiques d'Amazonie se situent au Brésil, dans le nord-est de l'Amazonie, à proximité des côtes. Une telle découverte est une mine d'or pour le monde des archéologues. Umberto Lombardo commentait pour la revue Plos One : « nous avons découvert les plus anciens sites archéologiques du sud-ouest de l'Amazonie. Ces sites permettent de reconstituer 10.000 ans d'interactions Homme-environnement dans l'Amazonie bolivienne ».