Qui a tué le Diprotodon et les autres marsupiaux géants d’Australie ? Le climat ou les hommes ? Deux chercheurs australiens brisent l’un des arguments des tenants de la cause climatique, à cause de dents qui ne devraient pas se trouver là.

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Vue d’artiste du marsupial géant Palorchestes azael, animal disparu d’une demi-tonne et cousin lointain du paresseux. © Peter Schouten

Vue d’artiste du marsupial géant Palorchestes azael, animal disparu d’une demi-tonne et cousin lointain du paresseux. © Peter Schouten

Il y a 40.000 ans, la mégafaune d'Australie disparaissait, et avec elle son cortège de marsupiaux géants, d'oiseaux sans ailes et de reptiles monstrueux. Pendant 150 ans, les scientifiques ont débattu sur la cause de cette extinction, certains accusant un changement climatique, d'autres l'arrivée de l'homme sur cette île-continent.

A l'aide d'une nouvelle méthode de datation, les professeurs Barry Brook, de l'Université d'Adélaïde, et Richard Roberts de l'Université de Wollongong, remettent en cause l'un des principaux arguments d'une longue cohabitation entre les géants du passé et les sociétés humaines.

En effet, le site de Cuddie Springs, lac éphémère de l'ouest de l'Australie, contenait dans ses couches sédimentaires une strate particulière. Celle-ci contenait à la fois des outils de pierre et des fossiles d'os et de dents de kangourous géants et du plus grand marsupial à avoir vécu en Australie, le Diprotodon.

Le <em>Diprotodon</em> mesurait 3 mètres de long pour 2 mètres au garrot. C’était un des plus imposants animaux du Pléistocène australien. © Dmitry Bogdanov CC by

Le Diprotodon mesurait 3 mètres de long pour 2 mètres au garrot. C’était un des plus imposants animaux du Pléistocène australien. © Dmitry Bogdanov CC by

L'absence de collagène rendait impossible toute datation absolue au carbone 14. La datation relative suggérait donc que ces éléments étaient contemporains, puisqu'ils se trouvaient dans la même couche sédimentaire. Or dans cette couche se trouvaient aussi du charbon et des grains de quartz datés de -40.000 à -30.000 ans.

Des dents qui manquent de mordant

Mais après qu'une faille dans les preuves de non remaniement du dépôt sédimentaire fut découverte en décembre 2009, le doute planait sur la crédibilité de ces preuves de coexistence tardive entre la mégafaune et les hommes. Une nouvelle datation absolue par résonance de spin électronique (ESR) combinée à une datation à l'uranium-thorium a révélé que les dents du site étaient âgées de plus de 40.000 ans, voire de plus de 125.000 ans pour certaines d'entre elles.

Les ossements de mégafaune découverts n'étaient donc pas contemporains des outils de pierre. Ils étaient issus de dépôts plus anciens de plusieurs milliers d'années et remobilisés avant de se sédimenter dans le lac de Cuddie Springs avec les outils.

Selon Barry Brook, les autres gisements de fossiles réputés plus récents que 40.000 ans doivent être considérés avec beaucoup de précaution au regard de cette nouvelle datation. La thèse d'une extinction causée par l'homme, arrivé en Australie il y a 60 à 45.000 ans, reste donc valide.

En cette période climatique favorable, la chasse et, surtout, la modification des habitats, en particulier de la végétation, auraient donc pu être la cause de la disparition de ces grands animaux. Des animaux qui avaient jusque-là résisté à plusieurs périodes de fortes sécheresses.