Après avoir analysé une série de squelettes de dinosaures à deux pattes, une équipe écossaise décrit l’apparition des premières espèces d’oiseaux comme une brusque floraison profondément enracinée dans l’histoire de leurs ancêtres. « Ne cherchez pas le chaînon manquant » résument-ils.

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    Deux oiseaux actuels et un théropode à plumes : ce sont des cousins proches. Les ancêtres des premiers devaient ressembler au troisième. © Jason Brougham

    Deux oiseaux actuels et un théropode à plumes : ce sont des cousins proches. Les ancêtres des premiers devaient ressembler au troisième. © Jason Brougham

    Les oiseaux sont des dinosaures, nous disent les scientifiques, mais, précisément, comment sont-ils apparus ? Depuis quelques années, les paléontologuespaléontologues trouvent, particulièrement en Chine, des théropodes, ces carnivores à deux pattes popularisés par Tyrannosaurus rex et Velociraptor, couverts de plumes et c'est dans cette grande famille que s'enracinent toutes les espèces actuelles d'oiseaux, les Aves, dont les ancêtres ont dû apparaître vers la fin du Jurassique, il y a plus de 150 millions d'années. 

    Les connaissances ont beaucoup progressé grâce à des fossiles nouvellement découverts mais aussi grâce à des analyses phylogénétiquesphylogénétiques. Le tableau, cependant, reste passablement compliqué et on ne sait pas tracer précisément les lignées. Une équipe écossaise de l'université d'Édimbourg a mené l'enquête en comparant 853 caractères morphologiques relevés sur des fossiles d'espèces éteintes d'oiseaux et de leurs plus proches parents théropodesthéropodes. L'analyse qu'ils en tirent les conduit à présenter un nouvel arbre phylogénétique des théropodes et des oiseaux, en fait très peu différent de ce qui est admis aujourd'hui.

    L'arbre phylogénétique des dinosaures théropodes, qui inclut nécessairement les oiseaux (<em>Modern Birds</em>, en bas), tel qu'il est donné par Steve Brusatte. On voit que ces derniers sont étroitement apparentés aux dromaeosauridés et aux troodontidés (petits et leur ressemblant beaucoup, <em>Smart, bird-like theropods</em>), mais aussi aux oviraptors (les « voleurs d'œufs »), les <em>Alvarezsauridae</em> et les thérizinosaures, des herbivores (<em>Plant-eating theropods</em>). © Steve Brusatte

    L'arbre phylogénétique des dinosaures théropodes, qui inclut nécessairement les oiseaux (Modern Birds, en bas), tel qu'il est donné par Steve Brusatte. On voit que ces derniers sont étroitement apparentés aux dromaeosauridés et aux troodontidés (petits et leur ressemblant beaucoup, Smart, bird-like theropods), mais aussi aux oviraptors (les « voleurs d'œufs »), les Alvarezsauridae et les thérizinosaures, des herbivores (Plant-eating theropods). © Steve Brusatte

    Les ancêtres des oiseaux ressemblaient aux autres dinosaures

    Mais les auteurs soulignent que les caractères qui sont aujourd'hui propres aux oiseaux, comme les os creux ou les plumes, sont apparus dans différentes lignées durant des dizaines de millions d'années. Ils expliquent ainsi si l'on se promenait au Jurassique, les ancêtres des oiseaux ne seraient pas distinguables des autres dinosauresdinosaures théropodes. « Il n'y a pas eu de moment où un dinosaure est devenu un oiseauoiseau, résume Steve Brusatte, auteur principal de l'article dans un communiqué de l'université d'Édimbourg. « Et il n'y a donc pas de "chaînon manquantchaînon manquant" entre les deux. »

    Toutefois, l'article conclut qu'une fois les premières espèces d'oiseaux apparues, elles en auraient généré d'autres rapidement. « Les caractéristiques anatomiques ont évolué plus vite chez les oiseaux que chez les autres théropodes » soulignent les auteurs dans l'article scientifique publié dans la revue Current Biology. En quelque sorte, la réussite de la morphologiemorphologie de l'oiseau aurait permis une radiation évolutiveradiation évolutive rapide vers de nombreuses variantes, en tailles et en formes. Les auteurs en appellent à la mémoire de George Gaylord Simpson, un paléontologue américain qui, avant 1950, expliquait que l'évolution au sein d'un groupe (au sens de l'apparition de nouvelles espèces) devait suivre des périodes calmes entrecoupées de phases actives. Avec ses équilibres ponctués, Stephen Jay Gould, élève de George Gaylord Simpson, avait précisé cette notion. Reste que le travail de Steve Brusatte et ses collaborateurs n'est pas (et ne se présente pas d'ailleurs comme tel) une démonstration irréfutable de cette hypothèse.