Pour la première fois, des restes fossiles de dinosaures ont été retrouvés et identifiés en Arabie Saoudite, au nord-ouest de la péninsule arabique. Les vertèbres caudales appartenaient à un herbivore, mais les dents sont bien celles d’un carnivore. Voilà qui en dit plus sur la répartition des titanosaures et des parents des abélisaures durant le Crétacé supérieur.

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    Au sud-ouest de l'Asie, la péninsule arabique est connue pour ses étendues désertiques, où les puits de pétrolepétrole foisonnent. En revanche, on ne peut pas en dire autant des fossiles, notamment de ceux de dinosaures. Des fragments d'os y ont certes déjà été trouvés, mais sans que leurs propriétaires ne puissent être formellement identifiés. C'est pourquoi la découverte fraîchement présentée dans la revue Plos One par Benjamin Kear est importante.

    Ce chercheur de l'université d'Uppsala (Suède) et ses collaborateurs y décrivent des ossements et des dents extraits de la formation géologique d'Adaffa. Ce site se trouve au nord-ouest de la péninsule arabique, sur les côtes de la mer Rouge, et se compose de roches qui datent du Campanien et du début du Maastrichtien. Sur la zone prospectée (environ 10 m2), elles auraient environ 75 millions d'années, ce qui est donc aussi l'âge des fossiles. Leurs propriétaires ont cette fois été identifiés avec une relativement bonne précision. Il s'agit de dinosaures, les premiers mis en jour en Arabie Saoudite.

    Les restes fossiles se composent entre autres de sept vertèbres caudales identifiables, et de deux fragments non définissables. Elles forment une série complète et appartiendraient à un titanosaure. Leur propriétaire était ainsi un sauropode, donc un dinosaure quadrupède et herbivore. Il pourrait avoir mesuré jusqu'à 20 m de long, sachant que l'une des vertèbres fait 10,5 cm de long.

    Vues antérieure, latérale et postérieure d’une vertèbre (respectivement A, B et C) et d’une dent (D à F) de dinosaures parmi celles qui ont été retrouvées en Arabie Saoudite. La vertèbre appartenait à un sauropode du groupe des titanosaures, et la dent à un parent des abélisauridés. © Kear <em>et al.</em>, 2014, <em>Plos One</em>

    Vues antérieure, latérale et postérieure d’une vertèbre (respectivement A, B et C) et d’une dent (D à F) de dinosaures parmi celles qui ont été retrouvées en Arabie Saoudite. La vertèbre appartenait à un sauropode du groupe des titanosaures, et la dent à un parent des abélisauridés. © Kear et al., 2014, Plos One

    Les dents d’un dinosaure carnivore bipède

    D'après leur taille et leur forme, et bien qu'elles soient incomplètes, les deux dents appartenaient pour leur part à un théropode, donc à un dinosaure bipède et carnivorecarnivore. Leur profil en ferait même des dents qui étaient fixées sur le maxillairemaxillaire d'un parent des cératosauriens abélisauridés, soit d'un animal qui pouvait atteindre 6 m de long. Les restes fossiles ont été retrouvés enchevêtrés les uns dans les autres, au milieu de morceaux de boisbois. Les chercheurs en ont donc déduit qu'ils ont été malmenés par des mouvementsmouvements d'eau avant d'être ensevelis sous les sédimentssédiments, probablement par des vaguesvagues. Ainsi, le site de fouille correspondait certainement à une plage vers la fin du CrétacéCrétacé.

    Ne l'oublions pas, les continents n'avaient pas la même disposition à l'époque, c'est d'ailleurs ce qui explique la rareté des fossiles de dinosaures sur la péninsule arabique. En effet, elle était largement submergée. Les zones où des reptilesreptiles terrestres pouvaient être ensevelis dans des conditions propices à leur conservation étaient donc limitées. Quoi qu'il en soit, le lieu de la découverte se situait alors le long de la marge nord des blocs continentaux formant encore le Gondwana, ce qui étend la distribution connue des groupes de dinosaures identifiés. Par le passé, des titanosaures et des abélisaures ont été découverts en Amérique du Nord et du Sud, et à Madagascar.

    Selon les dires des chercheurs, le plus dur est maintenant fait : ils ont trouvé un site riche en fossiles. Ils leur restent à poursuivre leurs investigations pour se faire une idée de la biodiversité des dinosaures et autres reptiles qui vivaient au niveau de l'actuelle Arabie Saoudite durant le Crétacé supérieur.