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Luis et Walter Alvarez furent les premiers à établir un lien entre la chute d'un astéroïde et la disparition des dinosaures en 1980. Cette thèse ne rencontra que du scepticisme dans ses premières années, tant l’idée d’un retour du catastrophisme en géologie, notion éradiquée dès le milieu du XIXe siècle, répugnait à la majorité des géologues. Selon eux, tout changement de la planète, en particulier de sa biosphère, ne pouvait se faire que lentement, sur une échelle de temps dont l’unité est le million d’années. © Nasa
La fin du Crétacé fut marquée par une crise biologiquecrise biologique qui vit notamment disparaître les dinosaures. La chute d’un astéroïde de 10 km de diamètre sur l'actuelle péninsule du Yucatan (Mexique) aurait eu, pour beaucoup, une grande responsabilité dans cet événement majeur. Des traces de cette catastrophe sont toujours visibles de nos jours, notamment grâce à l'existence du cratère de Chicxulub, d'environ 180 km de diamètre.
Cette hypothèse émise dans les années 1980 n'est pas acceptée par tous car une grande imprécision persiste sur l'âge précis de la collision. L'une des dernières études publiées à ce sujet la datait par exemple de 300.000 ans avant la survenue de la crise, excluant ainsi toute relation avec la disparition des dinosaures.
Paul Renne du Centre de géochronologie de Berkeley (BGC, États-Unis) vient, en compagnie de plusieurs collaborateurs, d'apporter un éclairage nouveau sur ces événements. Il a pour cela redaté précisément la disparition des dinosaures et la chute de l'astéroïdeastéroïde grâce à une technique de datation à l'argonargon (consistant à mesurer le rapport 39Ar/40Ar), préalablement recalibrée et améliorée. Cette méthode exploite la décroissance radioactive naturelle du potassiumpotassium (40K). Ses résultats viennent d'être publiés dans la revue Science. L'impact et l'extinction massive des espèces coïncideraient dans le temps : ils seraient au maximum éloignés de 32.000 ans. La chute de l’astéroïde aurait donc sa part de responsabilité dans la disparition des dinosaures.
La crise du Crétacé-Tertiaire a été datée grâce à des cendres volcaniques prélevées dans une couche géologique renfermant les derniers fossiles de dinosaures. L’échantillonnage a été réalisé, ici par Paul Renne, au sein de la formation géologique de Hell Creek. © Courtney Sprain
Il faut dater les trapps du Deccan !
Attention, la relation serait bien, d'après les auteurs, partielle. Les espèces vivantes du Crétacé étaient pour la plupart adaptés à un climat chaud. Ainsi, un refroidissement brutal survenu à la fin de cette ère géologiqueère géologique pourrait les avoir mené au bord de l’extinction avant même l'arrivée de l'astéroïde. L'impact leur aurait en quelque sorte « donné le coup de grâce » selon Paul RenneRenne. Les écosystèmesécosystèmes auraient probablement pu survivre sans cette fragilisation, le cycle du carbonecycle du carbone ayant dû se remettre en place en 5.000 ans. Le changement climatiquechangement climatique incriminé aurait été causé par des éruptions volcaniques majeures, comme celles survenues en Inde qui donnèrent naissance aux trapps du Deccantrapps du Deccan.
L'âge de la crise du Crétacé-Tertiaire, soit 66,043 ± 0,043 millions d'années, a été estimé en pratiquant des datations sur des cendres volcaniques prélevées dans la formation géologique de Hell Creek (Montana, États-Unis). L'astéroïde serait quant à lui tombé, selon les analyses pratiquées sur des tectitestectites échantillonnées à Haïti, voilà 66,038 ± 0,049 millions d'années. La différence entre ces deux valeurs peut être considérée comme insignifiante étant donné les échelles de temps mises en jeu.
Cette étude ne clôt cependant pas le débat sur la disparition des dinosaures. Le rôle des trapps du Deccan doit encore être validé. De nouvelles datations vont ainsi être réalisées pour déterminer précisément quand les volcans incriminés sont entrés en éruption et combien de temps les épisodes volcaniques ont duré.