Il mesure 80 m de diamètre, il est très profond et récent : le « trou géant » découvert par des chercheurs russes au nord de la Sibérie, dans la péninsule du Yamal, a de quoi étonner. Enfin, pas tant que cela…
Un trou au bord bien net s'est formé récemment. L'effondrement du toit d'une cavité souterraine ou une explosion dans un sous-sol gorgé de gaz sont les deux explications possibles de ce phénomène. © Konstantin Nikolaev

Un trou au bord bien net s'est formé récemment. L'effondrement du toit d'une cavité souterraine ou une explosion dans un sous-sol gorgé de gaz sont les deux explications possibles de ce phénomène. © Konstantin Nikolaev

Mais quelle est donc l'origine de cette perforation de quelque 80 m de diamètre, aux parois bien verticales, qu'a découverte une équipe volant en hélicoptère à l'extrême nord de la Sibérie. L'ingénieur Konstantin Nikolaev l'a filmée et la chaîne de télévision Zvesda a diffusé ces images, maintenant passées en mode autoreproduction sur le Web. Le trou est étonnamment net et sa profondeur impossible à estimer puisque le fond n'est pas distinguable. L'endroit est désolé : c'est la péninsule du Yamal, c'est-à-dire « le bout du monde » en dialecte local, par environ 70° de latitude nord et 70° de longitude est.

Les images et les détails de l'histoire sont publiés en anglais par le journal Siberian Times. On y apprend qu'un représentant du gouvernement a insisté pour expliquer qu'il ne s'agit pas d'un cratère d'impact créé par la chute d'une météorite. Il a omis d'ajouter que l'atterrissage raté d'un vaisseau extraterrestre était très peu probable, ce qui libère les imaginations sur le Web.


Le survol du trou découvert dans la péninsule du Yamal, en Sibérie, dans une région au sol gelé. Le diamètre est d'environ 80 m. © Konstantin Nikolaev

Une explosion ou un écroulement dans le pergélisol

Une scientifique interrogée, Anna Kurchatova, géologue, penche pour une explosion souterraine, provoquée par la fonte de ce sol gelé dont la glace pouvait contenir du gaz, du méthane par exemple. Le réchauffement de l'atmosphère aurait libéré ce gaz. La terre est en effet d'ordinaire gelée en permanence : c'est un pergélisol (ou permafrost en anglais), la glace ne fondant que lors de périodes plus chaudes. C'est dans le sol de cette région qu'avait été découvert en 2007 un bébé mammouth remarquablement conservé.

Non loin de ce trou se trouvent de généreuses réserves de gaz découvertes en 1972 et exploitées par Gazprom depuis 2012. Une autre explication avancée est celle du « pingo ». Un grand bloc de glace se forme (lentement) dans le sol gelé, repoussant la terre autour de lui, puisque le volume augmente quand l'eau gèle, finissant par former une petite colline. S'il vient à fondre, l'eau s'écoule et la partie supérieure s'écroule.

De tels trous, résultant d'un effondrement, pour des raisons diverses, ou d'une explosion souterraine, apparaissent de temps à autre. En 2010, au Guatemala, la tempête Agatha avait tant gorgé d'eau le sous-sol de la capitale que le toit d'un karst (grotte souterraine dans un massif calcaire) s'était écroulé, engloutissant une maison avec lui. En 2013, en Floride, c'est une doline dont le toit s'est affaissé qui a emporté une maison, hélas habitée Les autorités sibériennes promettent une expédition pour aller tirer cette affaire au clair.