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L'identification des dinosaures ne date que du XIXe siècle, et est due au paléontologuepaléontologue anglais Richard Owen, précisément en 1842. Elle est bien sûr concomitante de l'essor de la géologie et leur étude va profiter à la théorie de l'évolution qui va naître moins de vingt ans plus tard grâce à Charles DarwinCharles Darwin. La même année, en 1859, l'abbé Pouech signalera l'existence d'étranges fragments de coquilles d'œufs fossiles dans les couches géologiques de l'Ariège, en France, datant du CrétacéCrétacé supérieur. On découvrira finalement dix ans plus tard un œuf en Provence. Comme le rappelle le paléontologue Éric Buffetaut, la découverte des premiers œufs de dinosaures s'est donc faite en France, même si les paradis des chasseurs de dinosaures restent l'Amérique du Nord et la Chine où ont été découverts, entre autres, les dinosaures à plumes.
L'étude des œufs de dinosaures et aussi des nids qui ne tarderont pas à être mis au jour va permettre de mieux connaître certains de ces animaux, encore bien mystérieux. À cet égard, le cas des Maiasaura - « lézard bonne mère » en français - est célèbre. Pouvant atteindre 9 mètres de long pour un poids variant de 2 à 3 tonnes selon le sexe et l'âge, ces dinosaures herbivoresherbivores vivaient au Crétacé supérieur, il y a entre 80 et 73 millions d'années. Plusieurs de leurs restes fossilisés étaient associés à des nids dans lesquels se trouvaient des nouveau-nés. Il est vite apparu que ces bébés dinosaures ne pouvaient pas se déplacer ni se nourrir tout seuls, ce qui impliquait que leurs parents devaient s'occuper d'eux.
Une couvée d'œufs d'oviraptors comme on peut en trouver dans le désert en Mongolie. © Kohei Tanaka
La microstructure des œufs de dinosaures
Dès le XIXe siècle est suspectée une filiation étroite entre certains dinosaures et les oiseaux. Les découvertes dans les années 1990 de dinosaures à plumes, comme CaudipteryxCaudipteryx, en Chine, va finalement accréditer cette idée qui ne cesse de se renforcer depuis lors. En témoigne la récente publication dans la revue Plos One d'un article issu des travaux de paléontologues canadiens.
Les chercheurs se sont intéressés à la microstructure de la coquille des œufs de 29 espècesespèces de dinosaures, herbivores, comme les sauropodessauropodes, ou carnivorescarnivores, comme les théropodesthéropodes. Il n'est pas facile d'attribuer un œuf à une certaine espèce, sauf à y trouver un embryonembryon ou un bébé à proximité. Il faut savoir que les coquilles d'œufs ne sont pas des objets simples. Elles doivent être suffisamment solidessolides pour permettre le développement de l'embryon mais pas trop pour que le nouveau-né puisse la casser. Des pores, aux tailles spécifiques, doivent exister pour permettre à l'animal de respirer mais ces pores ne doivent pas trop fragiliser la coquille ni devenir des portesportes d'entrée pour des maladies de toutes sortes. Les paléontologues ont étudié ces pores et les ont comparés à ceux de 127 espèces actuelles d'oiseaux et de crocodiliens.
Chez les crocodilescrocodiles, considérés comme proches des dinosaures et des oiseaux, les œufs sont enterrés dans des nids. La chaleurchaleur d'incubation provient de la décomposition de la matièrematière organique qui les recouvre et de la lumièrelumière du SoleilSoleil chauffant le sol. Pour respirer, les œufs doivent donc avoir une coquille poreuse car les échanges avec l'atmosphèreatmosphère sont entravés. Chez les oiseaux qui couvent leurs œufs, la porositéporosité de la coquille est plus faible.
Il apparaît maintenant que les coquilles des œufs attribués à des dinosaures éloignés des oiseaux sont effectivement très poreuses, alors que chez les espèces qui en sont plus proches, la porosité est plus faible. Bien qu'il faillefaille prendre cette étude avec un peu de recul, car des biais restent possibles, il semble bel et bien que, parmi les dinosaures, les cousins proches des oiseaux ne devaient pas enterrer leurs nids et qu'ils couvaient donc leurs œufs...