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    Deux grands spécialistes de l'art pariétal, Jean ClottesJean Clottes et Meenakshi Dubey-Pathak, visitent régulièrement l'État du Madhya Pradesh au centre de l'Inde, à la recherche de grottes ornées. Ils y étudient les peintures rupestres, souvent spectaculaires, qui pour certaines datent de plus de 10.000 ans.

    L'un des intérêts majeurs de l'art rupestre de la région, particulièrement abondant mais peu connu car situé dans des territoires inhabités, est que son contexte culturel et naturel a été en grande partie préservé, ce qui est devenu très rare. Il est ainsi possible de considérer ce qui s'est passé dans les tribus locales et d'y découvrir la persistance de traditions ancestrales qui peuvent avoir trait à l'art et en expliquer les raisons profondes.

    Les recherches - et les découvertes - faites auprès des tribus auxquelles nous avons eu exceptionnellement accès (Korkus, Gonds, Kols, Bhils) ont porté sur deux points majeurs. D'une part, sur les formes d'art traditionnelles encore en usage de nos jours, par exemple pour des cérémonies funéraires (gathas, ou stèles, des Korkus et des Gonds) ou propitiatoires dans les maisons (spectaculaires pitheras, grandes peintures murales des Bhils), qui ont des analogiesanalogies - et permettent des comparaisons - avec l'art rupestre.

    Détail d’une <em>pithera</em> (dessin mural dans une maison privée, village de Badhadeka, région de Jabhua, État du Madhya Pradesh) comportant des motifs traditionnels de l’art rupestre, tels que labours et danses. Les points rouges ont été apposés de manière propitiatoire (pour rendre la divinité propice), comme dans les abris, au cours de sa réalisation. © Jean Clottes, Meenakshi Dubey-Pathak
    Détail d’une pithera (dessin mural dans une maison privée, village de Badhadeka, région de Jabhua, État du Madhya Pradesh) comportant des motifs traditionnels de l’art rupestre, tels que labours et danses. Les points rouges ont été apposés de manière propitiatoire (pour rendre la divinité propice), comme dans les abris, au cours de sa réalisation. © Jean Clottes, Meenakshi Dubey-Pathak

    L'art rupestre et tribal : le pouvoir des images

    D'autre part, nous avons constaté que des cérémonies, avec dépôts d'offrandes, avaient encore lieu dans certains abris peints, ce que nul ne soupçonnait jusque-là. Grâce à nos contacts, nous avons pu recueillir des témoignages détaillés, totalement inédits, sur ces pratiques en voie de disparition. Ce qui en émerge le plus clairement est le pouvoir bénéfique attribué aux images. C'est à travers de telles images dédiées aux esprits et aux dieux que les tribus recherchent une protection, par leurs dessins et les pratiques qui les accompagnent.

    Portrait de femme dans un village tribal (tribu Gond) de la région d'Umaria, en Inde. Photo prise durant une rencontre organisée par Ekta Parishad sur le thème des droits sur la terre, la doléance principale des Adivasis. © Yann, cc by sa 3.0
    Portrait de femme dans un village tribal (tribu Gond) de la région d'Umaria, en Inde. Photo prise durant une rencontre organisée par Ekta Parishad sur le thème des droits sur la terre, la doléance principale des Adivasis. © Yann, cc by sa 3.0

    Dans ce dossier, nous allons découvrir des extraits du livre Des images pour les dieux. Ils font état de la richesse et de la diversité de l'art tribal du centre de l'Inde, avec notamment des images guerrières, des représentations de chasse ou encore de danse. Bonne lecture.

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