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La biche élaphe avec son faon sika du Japon© INRA / G. Paillard
Cette première mondiale démontre la faisabilité du transfert embryonnaire entre espècesespèces différentes. Elle ouvre la voie à l'utilisation de cette technique en vue de la sauvegardesauvegarde de cerfs en voie de disparition, comme le cerf du Viet-Nam ou le cerf de Formose.
La protection de la biodiversitébiodiversité fait partie des objectifs de l'INRA et du Muséum national d'Histoire naturelleMuséum national d'Histoire naturelle (MNHN), objectif d'autant plus impérieux que la disparition d'espèces ou d'écosystèmesécosystèmes peut avoir un caractère irréversible. Les recherches concernent la mise au point de techniques d'assistance à la procréation, afin de favoriser le maintien d'espèces menacées, en utilisant des espèces communes (cerf élaphe) pour mettre au monde des faons d'autres espèces de cerf menacées. La naissance d'un faon de cerf sika du Japon, une espèce de cerf asiatique, né d'une biche porteuse de l'espèce commune élaphe constitue une première étape.
Une nouvelle étape vers la sauvegarde des espèces menacées
L'objectif à terme de la collaboration entre les chercheurs de l'INRA de Tours et la Réserve de la Haute-Touche du MNHN à Obterre (Indre), est de produire des embryonsembryons par fécondation in vitrofécondation in vitro chez les espèces menacées et de faire porter ces embryons par des femelles de sous-espècessous-espèces proches, non menacées, afin d'amplifier la descendance des animaux les plus rares.
Pour atteindre cet objectif, il était nécessaire de maîtriser la fécondation in vitro et le transfert d'embryon chez l'espèce commune porteuse : le cerf élaphe. Cette première étape avait été franchie en 2004 puisque 3 biches élaphes ayant reçu des embryons produits par fécondation in vitro, avaient donné naissance à 3 faons de la même espèce. Les biches porteuses appartenaient à l'élevage de l'INRA de Clermont-Ferrand-Theix, localisé à Redon.
La nouvelle étape atteinte aujourd'hui : une biche élaphe (Cervus elaphusCervus elaphus) a donné naissance à un faon de cerf sika du Japon (Cervus nipponCervus nippon nippon). Cette naissance a été obtenue grâce au transfert d'un embryon produit par collecte d'ovocytesovocytes sur des femelles sika du Japon, une espèce de cerf asiatique non menacée, bien représentée à la Réserve de la Haute Touche. Après fécondation in vitro par des spermatozoïdesspermatozoïdes prélevés sur des cerfs sika du Japon, congélation, puis dégel, l'embryon a été transféré dans l'utérusutérus d'une femelle élaphe de l'élevage du centre INRA de Clermont-Ferrand-Theix.
L'étape suivante sera la naissance de faons d'espèces menacées, comme le cerf du Viet-Nam (Cervus nippon pseudaxis) ou le cerf de Formose (Cervus nippon taiouanus), sous-espèces du cerf sika du Japon et également présentes à la Réserve de la Haute-Touche, portés par des biches élaphe.
Une collaboration entre l'INRA et le Muséum national d'Histoire naturelle pour la sauvegarde des espèces menacées
Depuis 1997, une collaboration s'est nouée entre l'INRA (Unité de Physiologie de la Reproduction et des comportements, centre INRA de Tours) et le Muséum national d'Histoire naturelle (Réserve de la Haute Touche, Obterre) en vue d'utiliser des techniques d'assistance à la procréation afin de favoriser le maintien d'espèces menacées. En effet, les deux organismes poursuivent des objectifs complémentaires : les chercheurs de l'INRA travaillent à la maîtrise de ces techniques chez les animaux d'élevage et les chercheurs du Muséum travaillent à la conservation d'espèces rares et détiennent, à la Réserve de la Haute Touche, une collection importante de ces animaux. Cette collaboration fait appel aux compétences en élevage des cervidés du centre INRA de Clermont-Ferrand-Theix et bénéficie d'un soutien important de la Région Centre (aide à la constructionconstruction d'un laboratoire de recherche à la Haute Touche, financement de trois bourses de thèse).
Les techniques de la reproduction, maturation ovocytaire, fécondation et développement embryonnaire in vitro sont bien maîtrisées chez les ruminants domestiques. Il était cependant nécessaire de les adapter aux exigences particulières des nouvelles espèces traitées. Ceci a été entrepris dans le cadre de deux thèses de doctorat successives, co-dirigées par l'INRA et le MNHN.
Des projets ayant pour objectif la sauvegarde d'autres animaux seront mis en place prochainement dans le cadre de la collaboration MNHN-INRA, comme par exemple un programme concernant le bouquetinbouquetin d'Afghanistan.