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Des camions chargés de bois quittent jour et nuit la forêt des Awá. L'Amazonie compte des dizaines de milliers de kilomètres de routes illégales. © Survival
Le Brésil abriterait 215 peuples amérindiens, principalement dans ses régions de l'ouest ou du nord amazonien, sur des territoires qui leur ont été attribués. La population des Awá, l'une de ces tribus, est actuellement estimée à 450 personnes, dont 100 sont dites isolées. En d'autres termes, ces dernières n'ont pas de contact avec le monde extérieur, une situation rare de nos jours sur la planète. Ces hommes et femmes, chasseurs-cueilleurs, vivent en petits groupes nomades de 20 à 30 individus.
Ils se déplacent donc régulièrement en emportant leurs affaires, comme leurs cordes en lianes ou la résine requise pour s'éclairer, dans des sacs à dosdos en feuilles tressées. Pour se nourrir, il leur suffit de prélever les denrées dont ils ont besoin dans la forêt (fruits, miel, etc.), en ayant le cas échéant recours à leurs arcs pour abattre du gibier, mais pas n'importe lequel. Pas question par exemple de manger de la viande de capybaracapybara (le plus gros rongeurrongeur de la planète) ou de l'aigle harpie, puisqu'ils sont tabous. D'ailleurs, ils évitent également de consommer de l'opossumopossum car il donne une mauvaise odeur. On ne peut malheureusement pas poursuivre cette description idyllique, les Awá étant, comme bien d'autres peuples amérindiens, de plus en plus affectés par les activités légales, ou non, de plusieurs entreprises.
La découverte, dans les années 1970, du plus grand gisementgisement de fer au monde (mine de Carajás), puis la constructionconstruction dans les années 1980 d'une ligne ferroviaire reliant ce site à l'Atlantique, ont marqué le début du déclin de ce peuple, à l'instar des Akuntsu. En effet, les autorités nationales ont souhaité sédentariser les Awá après les avoir contactés, tout en apportant sans le vouloir des maladies contre lesquelles ces indiens ne pouvaient pas lutter. La malariamalaria et la grippegrippe ont alors causé de nombreux décès. Certaines communautés ont perdu 75 % de leurs membres en seulement quatre ans. C'est cependant une toute autre raison qui les menace de nos jours.
Selon l'ONG Survival, les Awá hésitent à aller chasser dans la forêt car ils craignent les attaques des bûcherons clandestins. © Survival
Les Awá victimes de la déforestation illégale de l'Amazonie
Les Awá vivent aujourd'hui sur des terres qui leur ont été accordées par la Fondation nationale de l'indien (Fundação Nacional do Índio ou Funai), mais ils voient un nombre croissant de colons, d'éleveurs et de bucherons arriver. Or, les colons construisent des villes pour se loger, les éleveurs mettent le feu à la forêt amazonienne pour créer de nouveaux pâturages, tandis que les bûcherons abattent les plus grands arbresarbres. Un point commun unit toutes ces actions de déforestation : elles sont illégales. À ce jour, plus de 30 % de la réserve légalement protégée des Awá ont déjà été détruits, tandis que les activités se poursuivent.
Dernièrement, des Awá sédentaires se sont plaints au sujet d'arbres marqués en vue de leur abattage à moins de trois kilomètres de leurs communautés, tandis que des camions quittent jour et nuit la région sur des routes créées à cet effet. Ils s'inquiètent donc pour la santé et le bien-être de leurs tribus isolées. L'affaire a été portée devant la justice fédérale brésilienne qui a ordonné, en mars 2012, le départ de tous les colons dans un délai de 12 mois.
L'échéance vient donc de tomber... sans qu'aucune expulsion n'ait eu lieu, ce qui suscite de vives inquiétudes. Pour l'association non gouvernementale Survival, il devient important de prendre ce problème à bras le corps, avant que les Awá ne disparaissent en tant que peuple. La déforestationdéforestation fait donc de nouvelles victimes, alors même que plusieurs études ont montré qu'elle constituait un mirage économique en Amazonie.