Une seconde étude des alentours des temples d’Angkor, au Cambodge, à l’aide d’un laser aéroporté, a révélé les restes de cités entières cachées sous la forêt tropicale. Présentés ce lundi et publiés mardi, ces résultats confirment les découvertes de 2012 : une véritable mégalopole s’étendait dans cette région, avant d’être littéralement abandonnée, pour des raisons inconnues.

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    Depuis 2007, l'étude au radar aéroporté et à l'aide de satellites a bouleversé les connaissances sur l'Empire khmer, durant la période de constructionconstruction des temples d'Angkor, du IXe au XVe siècle. Ces magnifiques édifices religieux ont été réalisés en pierres mais, autour, s'étendaient des cités dont les maisons étaient construites en boisbois.

    Brutalement abandonnée au XVe siècle, pour des raisons mal comprises, la région devait être densément peuplée mais la jungle a rapidement repris ses droits et les restes de ces agglomérations ont disparu sous la végétation.

    L'exploration en est aujourd'hui très difficile et c'est du ciel qu'est venu l'outil idéal pour les archéologues. Avec un rayon laser aéroporté, un Lidar (pour Light detection and rangingLight detection and ranging), en visible, en ultraviolet ou en proche infrarouge, peut sonder sous les arbresarbres et mesurer finement la hauteur sous l'appareil, ce qui permet de réaliser un profil du terrain le long de la trajectoire.

    Les zones étudiées par Lidar à proximité d'Angkor en 2012 (en jaune) et en 2015 (en rouge). Les résultats de cette seconde exploration viennent d'être publiés, révélant l'ampleur des agglomérations réunies ici au temps de l'Empire khmer. (Cliquez sur l'image pour l'agrandir.) © Damian, <em>Journal of Archaeological Science</em>

    Les zones étudiées par Lidar à proximité d'Angkor en 2012 (en jaune) et en 2015 (en rouge). Les résultats de cette seconde exploration viennent d'être publiés, révélant l'ampleur des agglomérations réunies ici au temps de l'Empire khmer. (Cliquez sur l'image pour l'agrandir.) © Damian, Journal of Archaeological Science

    Un scan aérien par rayon laser

    Dans les études menées autour des temples d'Angkor, dans le cadre du programme Cali (Cambodian archaeological Lidar initiative), un hélicoptère volait entre 800 et 1.000 m au-dessus du sol à environ 150 km/h, portant un appareil photo Leica RCD 30, muni d'un capteurcapteur de 60 mégapixels, un modèle spécialement conçu pour la reconnaissance aéroportée. Le réglage de la prise de vue assurait au moins 16 points par mètre carré, offrant une résolutionrésolution de 15 cm, selon une prise de vue à 45° par rapport à la verticale, latéralement.

    L'hélicoptère sillonnait la zone comme une moissonneuse-batteusebatteuse, en effectuant donc un « scan » complet. D'un passage à l'autre, le recouvrement des bandes observées était de 50 %, si bien que chaque point du terrain a été vu deux fois, sous deux angles différents.

    Les images délivrées par le Lidar, après traitement, révèlent des structures cachées sous les arbres de la forêt. Ici, une vue du site Preah Khan de Kompong Svay. © Cali

    Les images délivrées par le Lidar, après traitement, révèlent des structures cachées sous les arbres de la forêt. Ici, une vue du site Preah Khan de Kompong Svay. © Cali

    Des agglomérations complexes et d'étranges constructions géométriques

    En 2012, l'équipe menée par l'archéologue Damian Evans, en collaboration avec l'École française d'Extrême-Orient, avait survolé de cette manière 370 km2. Publiés en 2013, les résultats, comme nous le relations à l'époque, révélaient le vaste réseau urbain de la cité d'Angkor, s'étendant bien au-delà des temples. Surtout, il est alors apparu que, contrairement à ce que l'on pensait, les constructions situées hors des enclos fortifiés étaient tout à fait semblables à celles de l'intérieur. Cette observation a contraint à réviser la vision jusque-là admise des cités khmères, qui les voyait concentrées dans les fortifications, avec des habitations sommaires aux alentours.

    Damian Evans vient de récidiver, explorant en 2015, après la moussonmousson, environ 1.910 km2. Compte tenu du recouvrement de ces deux études de terrain, la surface totale désormais connue est d'environ 2.230 km2. L'analyse montre de vastes agglomérations complexes, avec de larges voies de circulation. Le survolsurvol de 2015 a notamment permis d'étudier une cité militaire, Banteay Chhmar, des XIIe et XIIIe siècles, ainsi que Preah Khan de Kompong Svay, que l'auteur qualifie de complexe industriel. Le Lidar révèle d'étonnantes constructions rectangulaires, que l'on ne sait pas interpréter.

    Avant traitement, les informations fournies par le Lidar donnent un profil du terrain. © Damian

    Avant traitement, les informations fournies par le Lidar donnent un profil du terrain. © Damian

    Des explorations à mener sur le terrain

    Les images, et les explications (en anglais), sont disponibles sur le site du programme Cali (celles incluses dans cet article en sont extraites). Les anglophones pourront également consulter l'article scientifique paru dans le Journal of Archaeological Science, et diffusé en accès libre.

    Ces images viennent s'ajouter à celles de 2012 et ont de quoi occuper les archéologues pour un moment, d'autant qu'il faudra confirmer ces données sur le terrain.