De nombreuses pathologies peuvent affecter l'œil et la vision, pouvant aller jusqu'à la cécité. Certaines sont liées à l'âge, à une prédisposition génétique, d'autres provoquées par un parasite. Cataracte, glaucome, trachome et onchocercose, étudions les symptômes, la prévention et l'évolution.

 

Les pathologies de l'œil. © Antonio Gravante, Fotolia
Les pathologies de l'œil. © Antonio Gravante, Fotolia

Les pathologies de l'œil et l'incidence sur la vision

1. La carence en vitamine A et ses conséquences

La carence en vitamine A est un problème de santé publique dans plus de 118 pays et touche de 140 à 250 millions d'enfants très jeunes. Dans des régions frappées par ce problème, la carence en vitamine A est la cause de vingt-cinq pour cent de décès infantiles (données OMS). La vitamine A est essentielle au bon fonctionnement du système immunitaire. La supplémentation en vitamine A aux enfants carencés augmente leur résistance aux maladies, les protège contre la cécité et améliore leurs chances de survie, de croissance et de développement. La vitamine A peut être emmagasinée dans le foie, il est possible d'administrer des doses élevées par voie orale à titre préventif une fois tous les 4 à 6 mois.

La carence est le résultat :

  • d'une nourriture pauvre en vitamine A ;
  • d'une absorption insuffisante par l'organisme ;
  • d'un besoin accru de vitamine A pendant certaines maladies (rougeole, diarrhée et maladies fébriles), pendant la grossesse et l'allaitement et lors des phases de croissance rapide chez les enfants.

La carence en vitamine A était considérée comme une des causes de la cécité, et dans de nombreux pays, les activités relatives à la vitamine A sont encore limitées aux programmes de prévention de la cécité. L'élimination de la carence en vitamine A est maintenant reconnu comme élément principal à la survie de l'enfant.

2. Le glaucome

Les différentes définitions du glaucome influencent l'évaluation de sa prévalence, de son rapport avec les divers facteurs de risque et la compréhension de l'action des traitements. Il y a plusieurs types de glaucome donc, les deux les plus communs sont le glaucome primaire à angle ouvert (GPAO) et un glaucome par fermeture d'angle (GFA) qui est moins fréquent que le premier.

Glaucome ouvert. © Reproduction et utilisation interdites
Glaucome ouvert. © Reproduction et utilisation interdites

Le nombre estimé de personnes aveugles en raison d'un glaucome primitif est de 4,5 millions et représente plus de 12 % de la cécité mondiale. Les facteurs de risques primaires qui sont liés à l'individu et, au début de la maladie, à son âge et sa prédisposition génétique. L'incidence du GPAO augmente avec l'âge et sa progression est plus fréquente chez les personnes d'origine africaine. Le GFA est une forme de glaucome plus commune chez les personnes d'origine asiatique.

Glaucome fermé. © Reproduction et utilisation interdites
Glaucome fermé. © Reproduction et utilisation interdites

Le glaucome est la deuxième cause de cécité dans le monde occidental. C'est dire l'importance d'en dépister rapidement les premiers symptômes afin d'agir pendant qu'il en est temps ! On appelle glaucome un ensemble de maladies caractérisées par des dégâts produits sur le nerf optique en relation avec la pression oculaire.

Glaucome aigu. © Reproduction et utilisation interdites
Glaucome aigu. © Reproduction et utilisation interdites

Au début de la vie, le nerf optique contient 1,2 million de fibres nerveuses. Ces fibres vont ensuite progressivement disparaître, à un rythme de 10.000/an. Le glaucome se caractérise par une accélération de la perte des fibres nerveuses. Au début le patient ne remarque rien. Mais lorsque le nerf optique s'atrophie, le champ visuel se modifie. Ce n'est que lorsque la perte devient importante, quand elle entraîne une baisse de vision, que l'on en prend conscience. La pression de l'œil est déterminée par la circulation de l'humeur aqueuse, produite sans arrêt dans l'œil et éliminée au fur et à mesure, par l'angle iridocornéen :

  • la montée chronique de la pression oculaire est causée soit par une augmentation de la sécrétion de l'humeur aqueuse, soit par un retard de l'élimination ;
  • la montée brusque de la pression peut provenir d'un obstacle mécanique à l'élimination de l'humeur aqueuse, pour des raisons anatomiques ou chimiques.

À titre indicatif, la norme se situe à 21 mm Hg, ou moins. Plus la pression oculaire augmente, plus grand est le risque de léser le nerf optique.

Des antécédents familiaux, le diabète sucré, l'âge ou la myopie sont des facteurs favorisant l'apparition d'un glaucome de même que les affections vasomotrices, dont la migraine. Deux points au moins rendent le dépistage du glaucome extrêmement délicat :

  • aucun symptôme n'est perceptible au début ;
  • parce que le terme de glaucome recouvre non pas une, mais un ensemble de maladies oculaires qui ne vont pas forcément se manifester toutes de la même manière... glaucome chronique simple, glaucome pigmentaire ou glaucome traumatique par exemple.

3. La cataracte

Il existe de nombreuses causes d'une opacification du cristallin. Il faut avant tout distinguer entre la cataracte due à l'âge, le trouble du cristallin congénital et les affections systémiques ou blessures de l'œil.

  • La cataracte due à l'âge est la plus fréquente. Elle est provoquée par une altération dégénérative des cellules et des fibres du cristallin.
  • Trouble du cristallin congénital suite d'une malformation embryonnaire de l'œil de l'enfant, par exemple si la future mère a fait une maladie au début de la grossesse, rubéole ou autre maladie infectieuse comme les oreillons, la rougeole, la toxoplasmose ou la varicelle.
  • Autres causes possibles : complication d'autres maladies oculaires: glaucome, inflammations chroniques ; atteinte directe de l'œil par les rayons X et les rayons ionisants, l'électricité (foudre), effets de la chaleur ; maladie du métabolisme (diabète, fonction subalterne de la glande thyroïde ; médicaments, surtout une prise prolongée de cortisone ; blessures antérieures de l'œil...).
Cataracte. © Reproduction et utilisation interdites 
Cataracte. © Reproduction et utilisation interdites 

Les manifestations et symptômes : l'acuité visuelle baisse, on voit comme « à travers un voile », car les rayons lumineux sont répartis de manière diffuse. Les couleurs sont mates et le patient est vite ébloui. Au début la capacité visuelle est souvent meilleure lorsque le flot de lumière n'est pas trop important, par exemple au crépuscule. Dans sa phase finale, la cataracte entraîne pratiquement la cécité ; on distingue encore tout au plus des différences de clartés.

La prévention tient en quelques conseils simples : verres de lunette teintés qui protègent l'œil contre les éblouissements, la vaccination des femmes jeunes contre la rubéole, les oreillons et la rougeole qui peut empêcher une primo-infection en cours de grossesse et du même coup, en dehors des autres malformations, celle d'un cristallin trouble congénital du fœtus, éviter les rayons X et les effets de la chaleur, en cas de diabète, la maîtrise de la glycémie contribue à éviter une cataracte...

4. Le trachome

Selon les données de l'OMS, le trachome est l'une des maladies infectieuses les plus anciennement connues de l'humanité. Il est provoqué par le Chlamydia trachomatis - un micro-organisme - qui se transmet par le contact avec les sécrétions oculaires de la personne infectée (par des serviettes, des mouchoirs, les doigts, etc.) et par des mouches. Après des années de réinfections répétées, l'intérieur de la paupière se sclérose et elle se retourne vers l'intérieur (entropion) et les cils viennent frotter sur le globe oculaire (trichiasis) et en particulier la cornée. Si cet entropion-trichiasis n'est pas traité chirurgicalement, il entraîne l'apparition d'opacités cornéennes et une cécité irréversible.

Trachome carte. © Reproduction et utilisation interdites
Trachome carte. © Reproduction et utilisation interdites

Le trachome touche environ 84 millions de personnes dont environ 8 millions ont une déficience visuelle. Il était endémique dans la plupart des pays. Il est responsable actuellement de plus de 3 % des causes de cécité dans le monde. Mais le nombre de trachomateux tend à diminuer grâce au développement socio-économique et aux programmes de lutte contre cette maladie mais il continue à être hyperendémique dans plusieurs régions rurales les plus pauvres et les plus isolées d'Afrique, d'Asie, d'Amérique Centrale et du Sud, d'Australie et du Moyen-Orient. Les conséquences du trachome actif apparaissent chez les adultes. Dans les zones hyperendémiques, la maladie active est la plus fréquente chez les enfants pré-scolaires avec des taux de prévalence pouvant atteindre 60 à 90 %. Elle frappe souvent les membres les plus vulnérables des communautés, les femmes et les enfants. Les femmes adultes ont un risque beaucoup plus grand de développer les complications cécitantes de la maladie que les hommes. Ce risque accru s'explique par le fait que les femmes passent généralement plus de temps en contact étroit avec les petits enfants, qui sont le réservoir principal de l'infection.

Trachome, perforation. © Reproduction et utilisation interdites
Trachome, perforation. © Reproduction et utilisation interdites

5. L'onchocercose

L'onchocercose (données OMS) est une maladie provoquée par un parasite nommé Onchocerca volvulus et transmise par une simulie (petite mouche noire), son nom scientifique est Simulium damnosum. Cette maladie est couramment appelée « cécité des rivières » parce que la simulie qui transmet la maladie abonde le long des rives fertiles des cours d'eau. Ces berges ont été fréquemment désertées en raison du risque de contracter la maladie. L'Onchocerca volvulus est presque exclusivement un parasite de l'homme. Les vers adultes vivent dans des nodules dans le corps humain où les vers femelles produisent en grand nombre de larves ou microfilaires. Elles émigrent des nodules vers l'épiderme où elles peuvent être ingérés par les simulies lors d'une piqûre. Elles se développent ensuite dans le corps de l'insecte et peuvent infester un nouvel individu lors d'une piqûre. Des lésions oculaires chez l'homme sont provoquées par des microfilaires. On les retrouvent dans tous les tissus oculaires, excepté le cristallin, où elles provoquent une inflammation, des hémorragies et d'autres complications qui conduisent finalement à la cécité.

Nodule micro onchocercose. © Reproduction et utilisation interdites
Nodule micro onchocercose. © Reproduction et utilisation interdites

L'onchocercose est une cause importante de cécité dans beaucoup de pays africains. C'est un problème de Santé Publique en Afrique de l'Ouest et Centrale, mais elle est également présente au Yémen et dans six pays d'Amérique latine. L'onchocercose a par le passé considérablement réduit la productivité économique dans les zones infectées et de vastes étendues de terres arables ont été abandonnées. On estime qu'il y a un demi-million de personnes aveugles en raison de la cécité des rivières.

Beaucoup de progrès ont été accomplis dans la lutte contre la maladie dans plusieurs pays par lutte contre les simulies. Cependant, la maladie peut être maintenant également traitée avec une dose annuelle d'ivermectine (Mectizan®). Celle-ci traite aussi les démangeaisons cutanées provoquées par la maladie.

Quels sont les effets des UV sur l'œil ?

Au cours de l'évolution de l'homme, un certain nombre de mécanismes se sont mis en place pour protéger cet organe très sensible des effets nocifs des rayons solaires :

  • sur le plan anatomique, l'œil est renfoncé dans la tête et protégé par l'arcade sourcilière, les sourcils et les cils. Toutefois, ces adaptations anatomiques sont d'un intérêt limité pour protéger contre les UV dans des conditions extrêmes telles que les lits de bronzage ou une forte réflexion au sol due à la neige, à l'eau et au sable.
  • la contraction de la pupille, la fermeture des paupières et le strabisme réflexe réduisent au minimum la pénétration des rayons solaires dans l'œil. Ces mécanismes sont activés par une lumière visible vive et non par le rayonnement UV et par temps nuageux, l'exposition au rayonnement UV peut quand même être élevée. C'est pourquoi l'efficacité de ces défenses naturelles pour protéger contre les lésions dues aux UV reste limitée.

1. Photokératite et photoconjonctivite

La photokératite est une inflammation de la cornée, tandis que la photoconjonctivite est une inflammation de la conjonctive, c'est-à-dire de la membrane qui tapisse la face profonde des paupières et la face antérieure du globe oculaire. Ces réactions inflammatoires peuvent être comparées à un coup de soleil sur les tissus extrêmement sensibles du globe oculaire et des paupières, qui apparaissent dans les quelques heures suivant l'exposition. La photokératite et la photoconjonctivite peuvent être très douloureuses, mais elles sont réversibles et ne semblent pas entraîner de lésions oculaires ni d'altération de la vision à long terme.

La cécité des neiges est une forme extrême de photokératite. Elle touche parfois les skieurs ou alpinistes soumis à une intensité extrême du rayonnement UV, due à la haute altitude et à une très forte réverbération au sol, la neige fraîche pouvant réfléchir jusqu'à 80 % du rayonnement UV incident. Ces valeurs extrêmes du rayonnement UV tuent les cellules externes du globe oculaire, d'où la cécité. La cécité des neiges est très douloureuse au moment de l'élimination des cellules mortes. Dans la plupart des cas, de nouvelles cellules se développent rapidement et la vision est restaurée en quelques jours.

2. Ptérygium

Ce voile conjonctival à la surface de l'œil est un défaut esthétique courant, probablement en rapport avec une exposition prolongée aux UV. Le Ptérygium peut s'étendre jusqu'au centre de la cornée et réduire ainsi la vision. Il a également tendance à s'enflammer. Bien qu'une ablation chirurgicale soit possible, il a tendance à se reformer.

3. Cataracte

Même si la cataracte apparaît à différents degrés chez la plupart des sujets lorsqu'ils vieillissent, il semble que son évolution soit favorisée par l'exposition aux UVB. Les estimations de l'OMS laissent à penser que jusqu'à 20 % des cataractes pourraient être dues à une surexposition aux UV et sont donc évitables.

4. Cancer de l'œil

Les données scientifiques actuelles laissent à penser que différentes formes de cancer oculaire pourraient être associées à l'exposition solaire au cours de la vie. Le mélanome est le cancer malin le plus fréquent du globe oculaire et nécessite parfois une excision chirurgicale. L'épithélioma cutané basocellulaire siège fréquemment au niveau des paupières.

Il y a bien sûr encore le décollement de rétine et de nombreuses pathologies. Il faut se limiter ici à quelques cas seulement.