Moteur du corps humain, siège de la pensée et des émotions : malgré sa position d'organe central, le cerveau n'est pas épargné par le cancer.

Si le diagnostic est toujours un choc, les traitements ne cessent d'améliorer les conditions de vie du patient alors que la recherche commence enfin à comprendre le processus d'apparition d'une tumeur cérébrale... L'espoir est au rendez-vous !

100 milliards de neurones, des tissus de soutien composés de cellules gliales et le tout recouvert de méninges. Le cerveau, c'est tout cela : 2 hémisphères pour penser, sentir, parler, bouger ; un cervelet qui contrôle l'équilibre et la coordination des mouvements et le tronc cérébrale - véritable lien entre le cerveau et la moelle épinière - qui dirige les fonctions réflexes telles que les battements cardiaques ou la respiration, etc. Mais le système nerveux central est parfois lui aussi frappé par le cancer. Pour des facteurs que l'on connaît mal (hérédité ? choc ? environnement ?), une cellule dérape...



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Un patient, un traitement

L'ADN subit des mutations : les oncogènes - gènes responsables de la division cellulaire anarchique s'activent - sans que les antioncogènes - gènes régulateurs, suppresseurs de tumeurs - ne puissent plus exercer leur action de protection face au cancer. Les cellules folles se multiplient et s'amassent pour former une tumeur cérébrale primaire (par opposition à la tumeur secondaire, métastase issue d'un autre cancer présent ailleurs dans l'organisme). Celle-ci finit par compresser les tissus voisins, faisant apparaître les premiers symptômes de la maladie : maux de tête, troubles d'équilibre, vertiges... Scanner, imagerie par résonance magnétique (IRM), électro-encéphalogramme (EEG) et biopsie sont autant d'outils qui permettent aux cancérologues d'établir avec précision le diagnostic et de fixer au mieux un traitement adapté à chaque situation. Le cancer du cerveau représente 1 à 2% de l'ensemble des cancers, et touche environ 4000 à 5000 personnes chaque année en France. Il frappe surtout les jeunes enfants et les gens de plus de 50 ans.

Les tumeurs intracrâniennes primaires se classent en 3 grandes catégories selon le type de cellules touchées :

- le gliome concerne les astrocytes et les oligodendrocytes,
- le méningiome concerne les méninges et
- l'adénome hypophysaire se loge au niveau de l'hypophyse (glande minuscule située à la base du crâne dont le rôle est de sécréter des hormones importantes au bon fonctionnement de l'organisme). Toutes ne sont pas opérables. Dans ce cas, en plus de traiter les symptômes par des médicaments pris par voie orale (antiépileptiques, antidépresseurs, anxiolytiques, anticoagulants, antalgiques, etc.), les médecins bénéficient d'autres moyens efficaces pour soigner le malade : la radiothérapie, via des rayons X, détruit les cellules cancéreuses (effets secondaires : grande fatigue), et la chimiothérapie, via une injection intra-veineuse ou par voir orale depuis peu (effets secondaires : nausées, vomissements, chute des cheveux, perte d'appétit, fatigue) empêche le développement et la propagation de nouvelles cellules tumorales.

La recherche progresse à tous les niveaux

En matière de traitement par exemple ! L'un des enjeux actuels de la recherche est de limiter l'angiogénèse, c'est-à-dire de stopper la croissance des vaisseaux sanguins qui irriguent et alimentent la tumeur en oxygène et substances nutritives. Objectif ? L'affamer jusqu'à la nécrose, en un mot : provoquer la mort des cellules cancéreuses... Ainsi, la voie du cannabis est prometteuse. En août dernier, une équipe de chercheurs espagnols, dirigée par le Dr Manuel Guzman, publiait le résultat de son étude à propos de l'action du principe actif de la plante, le delta-9-tetrahydrocannabinol (THC) sur le glioblastome dans la revue Cancer Research. Les scientifiques ont démontré que le THC inhibait la synthèse de VEGF - un facteur de croissance vasculaire - et augmentait l'activité de la céramide, un composé qui déclenche la mort des cellules. Résultats : les dérivés cannabinoïdes réduisent la tumeur !

Comprendre le développement de la maladie, c'est aussi mieux la combattre !

Début novembre cette fois, la célèbre revue Nature publiait la découverte concernant l'origine des tumeurs cérébrales réalisée par une équipe canadienne de Toronto... Selon ces chercheurs, il existe dans la tumeur une population de cellules souches programmées pour déclencher le cancer du cerveau. Ils l'ont identifiée à partir d'échantillons de tumeurs humaines, puis injectée chez des souris qui ont à leur tour développé une tumeur de la même nature que celle du patient d'origine (glioblastomes, médulloblastomes). La maladie était donc reproductible ! En éliminant ce type de cellules, on parviendrait à freiner davantage la progression de la tumeur, et surtout à empêcher l'apparition de métastases. La recherche médicale est un travail de longue haleine, mais les efforts des scientifiques, ceux du personnel soignant et l'affection et le soutien apportés par l'entourage familial sont autant d'améliorations apportées à la qualité de vie des gens atteints par le cancer.

Si la lutte est longue et difficile, l'optimisme a aujourd'hui sa place en cancérologie…