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Les empreintes digitales restent un élément de preuve essentiel dans de nombreuses enquêtes criminelles. Pourtant, la police scientifique peut rencontrer des difficultés à les exploiter lorsqu'elles sont trop légères ou que leur contrastecontraste est trop faible. Quand une personne appose son doigt sur un objet, elle y laisse une trace composée d'eau, de sels, de corps gras, d'acides aminés et éventuellement d'ADN.
Pour révéler cette trace latente, la méthode la plus employée est la fumigation (vaporisationvaporisation d'un composé dans l'atmosphèreatmosphère dans une enceinte hermétique) d'un produit appelé cyanoacrylatecyanoacrylate, plus connu sous le nom commercial de « Super Glue ». Celui-ci réagit avec les éléments présents dans l'empreinte et se polymérise, laissant un dépôt blanc que les techniciens peuvent photographier et analyser. Mais cette technique se heurte parfois à quelques difficultés. Par exemple, lorsque le support de l'empreinte est de couleurcouleur claire, le contraste avec l'empreinte est trop faible pour être photographié. De même, si celle-ci est légère, le dépôt sera trop ténu pour obtenir une image exploitable.
Dans ce cas, les enquêteurs peuvent procéder à un second traitement permettant, grâce à un colorant, de rendre l'empreinte fluorescente. Cependant, ce post-traitement pose plusieurs problèmes. Les produits nécessaires sont toxiques et cancérogènes, et demandent d'être utilisés avec une hottehotte ventilée, dont le coût est souvent hors de portée pour la plupart des commissariats. De plus, ce processus peut prendre jusqu'à 48 h et peut dégrader les empreintes par lessivage, ce qui compromet dans la majorité des cas le prélèvement d'ADN.
Le Lumicyano dans cette coupelle intéresse les services de police les plus réputés du monde, même le FBI et Scotland Yard. © Crime Scene Technology
Le Lumicyano facilite la révélation des empreintes digitales
C'est pour contrer ces problèmes que depuis 30 ans, de nombreux chimistes ont tenté de fabriquer un produit permettant de révéler directement des empreintes fluorescentes. C'est chose faite, et les premiers à y être parvenus en respectant les conditions standard d'utilisation d'un cyanoacrylate classique sont les chercheurs du laboratoire de Photophysique et photochimie supramoléculaire et macromoléculaire (PPSM, CNRS à Cachan) en partenariat avec la société spécialisée Crime Scene Technology.
Pour cela, ils ont combiné le cyanoacrylate avec une moléculemolécule de la famille des tétrazines, les plus petits colorants fluorescents connus à ce jour. Les molécules de tétrazine accompagnent le cyanoacrylate lorsqu'il est fumigé sur le support de l'empreinte, et adhèrent au dépôt. De cette façon, grâce à une simple lampe UV ou un éclairage forensique, on peut voir et photographier les traces fluorescentes. Des résultats révélés dans la revue Forensic Science International.
Ainsi est né le Lumicyano, qui offre une excellente qualité de révélation. De plus, il réduit les coûts et les délais de traitement. Autre avantage : il ne détruit pas l'ADN qui peut parfois être prélevé sur des empreintes digitales. Son efficacité opérationnelle a été testée avec succès, et validée par la police et la gendarmerie françaises, mais aussi par plusieurs forces de police à l'international, comme Scotland Yard et le FBI. Déjà distribué dans de nombreux pays, le Lumicyano suscite un intérêt grandissant parmi les experts du monde entier et a fait l'objet de la publication d'un brevet. Il sera exposé lors du prochain Salon mondial de la sécurité intérieure des États (Milipol Paris) qui se tiendra du 19 au 22 novembre 2013 à Paris-Nord Villepinte.