Trois vaccins thérapeutiques, ou immunothérapies, ont été présentés à la 18e conférence mondiale sur le VIH/Sida : les essais cliniques, actuellement en phase II, sont plutôt prometteurs.


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    Trois immunothérapies montrent des résultats encourageants dans la lutte contre le virus du Sida. Crédits DR.

    Trois immunothérapies montrent des résultats encourageants dans la lutte contre le virus du Sida. Crédits DR.

    Après le buzz du gel vaginal anti-Sida, un autre espoir est apporté, plus discrètement, par la 18e conférence mondiale sur le VIH/Sida tenue à Vienne la semaine dernière. Il ne s'agit pas d'un vaccin préventif contre le virus du Sida, qui lui aussi a été récemment médiatisé, mais bien d'un vaccin thérapeutique, ou immunothérapie.

    Alors que les vaccins classiques sont préventifs et permettent d'activer le système immunitairesystème immunitaire pour préparer le corps à attaquer le corps étranger en cas d'infection, un vaccin thérapeutique a pour rôle de soigner une maladie déjà présente dans l'organisme. Dans le cas du vaccin thérapeutique contre le VIH, le but est de stimuler le système immunitaire très affecté par l'infection virale. Les premiers essais, dans les années 1990, avaient été décevants. Cette fois, les scientifiques ont exposé les derniers résultats, tout frais, des essais cliniquesessais cliniques en phase II portant sur trois immunothérapies.

    Des vaccins thérapeutiques, développés dans des petits laboratoires pharmaceutiques, ont été testés cliniquement sur des petits groupes de patients. Les vaccins ont permis de réduire la virémievirémie modestement mais néanmoins de manière significative, et ce sur une duréedurée de quelques mois. Dans certains cas, le niveau des cellules CD4+, cibles du virus, a même augmenté. Deux des essais d'immunothérapie ont montré leur capacité à améliorer l'efficacité des cellules dendritiques, responsables de la présentation des antigènesantigènes du virus aux cellules immunitaires chargées de se débarrasser du VIH.

    La première approche, testée par Genetic Immunity, a consisté en la présentation de morceaux de moléculesmolécules d'ARNARN du virus du Sida, contenues dans des nanoparticulesnanoparticules, via l'applicationapplication d'un patch sur la peau des patients. La peau sous le patch est légèrement blessée, ce qui entraîne le recrutement de cellules immunitaires dendritiques et leur exposition à 15 protéinesprotéines du virus exprimées à partir des morceaux d'ARN viraux.

    Les cellules dendritiques sont activées dans deux des immunothérapies testées. Ces cellules peuvent alors favoriser la réponse immunitaire face au virus, ce qui conduit à la diminution de la virémie dans le sang des patients. © Université de Washington / David Hunt
    Les cellules dendritiques sont activées dans deux des immunothérapies testées. Ces cellules peuvent alors favoriser la réponse immunitaire face au virus, ce qui conduit à la diminution de la virémie dans le sang des patients. © Université de Washington / David Hunt

    Attendre la phase III est indispensable

    L'autre méthode, mise au point par Argos Therapeutics, a consisté en un traitement adapté à chaque patient. Les cellules dendritiques ont été prélevées des malades, injectées par de l'ARN viral également extrait du patient, puis les cellules ont été réintroduites dans les malades. Ainsi, les cellules peuvent activer le système immunitaire spécifiquement contre le virus du Sida.

    Les patients ayant suivi ces essais cliniques ont d'abord dû arrêter le traitement de trithérapie classique pour ne pas cumuler les effets et pouvoir déterminer l'effet de l'immunothérapie seule. Dans le troisième test effectué par FIT Biotech, cela n'a pas été nécessaire. Les patients, issus d'Afrique du Sud, n'avaient jamais suivi de traitement. Cette fois, six fragments d'ARN viral leur ont été injectés, permettant aux cellules immunitaires d'être stimulées par six protéines du VIH. La grande majorité des patients ont réagi positivement au traitement, diminuant le titre viral et stabilisant le niveau des cellules CD4+.

    Si ces vaccins semblent efficaces, il faut toutefois ne pas conclure trop vite. Pour l'instant, seules quelques personnes ont été testées, et ce n'est pas suffisant pour déterminer définitivement leur réel impact sur la maladie. La phase III de ces essais cliniques d'immunothérapies contre le virus du Sida est indispensable, comme dans tout essai clinique. De plus, la virémie a chuté, mais le virus est toujours détectable dans le sang. Le virus pourrait alors muter et échapper au vaccin. Il faut donc absolument associer la trithérapietrithérapie aux immunothérapies, pour un effet cumulé, espérons-le, très positif.