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Les deux régions d'implantation des électrodes de la stimulation cérébrale profonde repérées par l'équipe de Luc Mallet. La zone correspondant aux troubles obsessionnels convulsifs (TOC) est située dans le noyau sous-thalamique (donc situé sous le thalamus). Juste à côté se trouve une région impliquée dans la maladie de Gilles de Tourette (MGT). © Inserm/CNRS/Inra
Obsédés par la propreté, l'ordre ou submergés de peurs ou de doutes irrationnels, entre 6.000 et 12.000 patients souffrant de TOC (troubles obsessionnels compulsifs) ne répondent pas aux traitements habituels de ces troubles, la psychothérapie et les antidépresseurs pour l'essentiel. Mais il y a du nouveau, depuis la publication hier d'une étude unique en son genre. « C'est une première mondiale, s'enthousiasme le Dr Luc Mallet, de l'Unité Inserm Avenir (hôpital de la Pitié-Salpêtrière). Nous travaillons depuis 7 ans sur cette étude, qui a inclus 16 patients et mobilisé plus de 100 professionnels de santé », notamment des psychiatres, des neurologues et des neurochirurgiens.
Concrètement, les patients ont subi une stimulation cérébrale profonde en continu d'une région du noyau sous-thalamique (ou subthalamique). Celle-ci nécessite l'implantation - par voie chirurgicale - de deux électrodesélectrodes reliées à un stimulateur implanté sous la peau. Cette sorte de pacemaker neurologique délivre un courant électriquecourant électrique qui module les séquences de signaux anormaux émis par le cerveau.
L'équipe de Luc Mallet travaille depuis plusieurs années sur la technique de stimulations profonde du cerveau et avait déjà montré l'influence du noyau sous-thalamique (NST) sur le traitement des informations émotionnelles, motrices et cognitives (voir les liens au bas de l'article). En étudiant son efficacité pour le traitement de la maladie de Parkinsonmaladie de Parkinson, les chercheurs ont découvert par hasard en 2002 qu'elle semblait avoir aussi un effet bénéfique sur les TOC.
Efficacité démontrée mais technique à valider
Seize patients ont été sélectionnés dans 10 CHU. Huit ont été soumis à une période de stimulation active suivie d'une période de stimulation placeboplacebo. Les autres ont bénéficié quant à eux d'un protocoleprotocole inversé. « Cet essai a été mené en double aveugle, c'est-à-dire que ni les patients, ni les médecins ne connaissaient les périodes de stimulation effective », explique Luc Mallet.
Les résultats (publiés dans la revue New England Journal of Medicine) sont probants. Au terme d'une stimulation de 3 mois, 7 patients sur 10 ont répondu au traitement et ont vu leur état s'améliorer, avec la disparition de 25% de leurs symptômessymptômes en moyenne. « Mon cerveau est libre aujourd'hui », témoigne une patiente. Il reste encore quelques obstacles pour étendre cette technique.
Mais les chercheurs restent prudents, même si les effets comportementaux sont réversiblesréversibles. « Nous devons suivre ces patients sur le long terme maintenant, et ajuster nos réglages », conclut le Dr Luc Mallet. L'équipe conduit également des recherches pour appliquer le même traitement à une autre pathologiepathologie, la maladie de Gille de Tourette, caractérisée par des tics moteurs et vocaux.