Il existe des situations, ou plus précisément des états pathologiques, où pouvoir détecter de manière fiable et rapide certains paramètres sanguins est extrêmement utile. Cela peut aller jusqu'à vous sauver la vie. C'est exactement ce que peut faire ce tatouage développé par une équipe de chercheurs allemands chez des tissus de peau porcine.

Homéostasie de votre potentiel hydrogène (PH), glycémie, insuffisance hépatique... ce petit tatouage que viennent de développer ces chercheurs peut détecter différents métabolites ex vivo (glucose, albumine, etc.) pourrait devenir une méthode moins invasive pour certaines maladies chroniques. 

Parue dans le journal de société allemande de chimie Angewandte International Edition Chemie, cette expérience est peut-être l'une des prémisses d'une nouvelle façon plus rapide et moins contraignante de détecter, dépister, et prévenir. Mais il faudra encore attendre un peu avant que cela soit testé chez l'être humain.

Comment cela fonctionne ?

Avant toute chose, il faut savoir que les échanges de métabolites sont constants entre le plasma sanguin (PS) et le liquide interstitiel (LI). Ce dernier contient en majorité des sucres, des électrolytes, des lipides et des protéines. Ce tatouage est le premier à exploiter la différence de pression entre l'extrémité des capillaires sanguins et des tissus environnants transférant et égalisant la concentration en métabolites dans le PS et dans le LI. Avant lui, il y avait des patchs de sueurs, des gels et fibres fluorescents, mais tous ont fait apparaître de grosses lacunes. 

Ici, grâce à un tatouage artistique, des biocapteurs colorimétriques détectant l'activité biologique et induisant un changement de couleur corrélé à un taux de métabolite dans le sang et un smartphone, on pourra connaître sa glycémie, son albuminémie et son PH sanguin en temps réel.

Le smartphone détecte les taux sanguins de métabolites grâce aux couleurs. © <em>Angewandte International Edition Chemie</em>
Le smartphone détecte les taux sanguins de métabolites grâce aux couleurs. © Angewandte International Edition Chemie

Même si ces résultats sont très encourageants, il faudra à l'avenir évaluer la réponse immunitaire in vivo des animaux à ces systèmes avant de pouvoir entreprendre des tests chez l'Homme. Les scientifiques concluent que si l'innocuité est démontrée, ce dispositif pourrait être étendu à la détection d'électrolytes, de protéines spécifiques, de micro-organismes pathogènes, de gaz, et du statut de déshydratation


Un tatouage électronique ultrafin pour la surveillance médicale

Article de Destination Santé, publié le 18 août 2011

Des chercheurs américains ont mis au point un système électronique épidermique plus fin qu'un cheveu. Ce timbre transparent à coller sur la peau est porteur d'un circuit électronique qui permettrait de révolutionner la surveillance médicale. Explications.

Aux États-Unis, une équipe de chercheurs et d'ingénieurs a mis au point un dispositif électronique ultrafin qui se fixe sur la peau à la manière d'un tatouage temporaire. Ses capacités apparaissent aussi nombreuses qu'insoupçonnées ! Ce dispositif s'avérerait capable de mesurer le rythme cardiaque ou encore d'accélérer la cicatrisation d’une blessure. Bienvenue dans le monde de l'infiniment technologique !

L'histoire de cette avancée a été publiée la semaine dernière dans la revue Science. Les auteurs, avec à leur tête John Rogers de l'université de l'Illinois (Urbana-Champaign), évoquent un Epidermal Electronic System (EES), ce qui pourrait se traduire en français par Système électronique épidermique.

Dans les faits, il s'agit d'une sorte de timbre ultrafin et transparent, porteur d'un circuit électronique ! Les chercheurs y ont intégré des détecteurs, transmetteurs et autres récepteurs d'informations. Tous miniatures bien sûr puisque l'ensemble n'est pas plus épais que... 50 microns. « Encore plus fin qu'un cheveu », précisent-ils.

« Ce dispositif se colle à la peau par simple attraction, sans interférer avec les mouvements », enchaîne Rogers. « Il se porte comme un tatouage temporaire ». Les chercheurs l'ont d'abord testé sur le bras, le cou, le front, la joue et le menton de plusieurs volontaires. Ils ont non seulement observé qu'il pouvait fonctionner pendant plus de 24 heures mais qu'il n'irritait pas non plus la peau.

Des applications nombreuses

Ensuite ? « Nous l'avons utilisé pour mesurer l'activité électrique produite par les muscles de la jambe et le cœur », poursuit John Rogers. En parallèle, les volontaires en question étaient également équipés d'électrodes classiques (avec gel conducteur, bandage...). Résultat, « les signaux fournis par l'appareil correspondaient à ceux pris par le système conventionnel ».

Et l'auteur d'imaginer un jour que « cette technologie pourrait remplacer les techniques de surveillance utilisées à l'hôpital », pour mesurer le rythme cardiaque, la tension artérielle et bien d'autres paramètres vitaux. Et pourquoi pas « s'en servir pour accélérer la cicatrisation de la peau ou la prise en charge d'autres affections cutanées » ? Voilà donc une technologie à suivre de près tant elle apparaît prometteuse et l'imagination de ses auteurs, particulièrement fertile...