Le mariage a décidément du bon. Il permet aux hommes de garder des os plus solides, mais à deux conditions : que celui-ci soit pérenne et qu’il ait lieu après 25 ans. Pour les femmes en revanche, les critères sont plus drastiques : il faut qu’il soit heureux.

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    C'est une étude pour le moins originale que celle qui vient de paraître dans la revue Osteoporosis International. Elle révèle en effet que dans certaines situations, le mariage peut se révéler bénéfique pour la santé des os. Quel lien existe-t-il entre les deux événements ? Les chercheurs vont tenter de le découvrir ultérieurement.

    Le contexte : le mariage, un bienfait pour la santé ?

    Remontons un peu dans le temps. En 1858 précisément. À l'époque, un médecin britannique du nom de William Farr cherche à vérifier son intuition : le mariage est-il bénéfique pour la santé ? Il mène alors une étude statistique sur la population française, qu'il classe en trois catégories : les couples mariés d'une part, les célibataires ensuite, puis les veufs et les veuves enfin. En étudiant l'âge moyen de la mort des personnes dans chacune de ces catégories, il se rend compte que le mariage permet de vivre plus vieux que le célibat, alors que le veuvage conduit à une fin plus précoce. Il ouvrait une voie.

    D'autres depuis l'ont empruntée. De nombreuses études révèlent les bienfaits d'une union consacrée sur la santé : moins de pneumonies, de cancers, de crises cardiaquescrises cardiaques, d'opérations chirurgicales ou encore de démences séniles. Faut-il par tous les moyens trouver quelqu'un à qui dire oui ? Pas forcément, répondent les enquêtes plus approfondies. Car en effet, les bénéfices sont optimaux seulement si le mariage est heureux. Dans le cas contraire, les avantages s'évaporent, et même un célibataire endurci profite plus longtemps de la vie.

    Une nouvelle étude, menée par Carolin Crandall, de l'université de Californie à Los Angeles (UCLA), confirme peu ou prou ces constatations, mais dans un domaine jusque-là jamais corrélé à l'amour : la santé du squelette.

    L’étude : la stabilité amoureuse renforce les os

    Ce travail se base sur les résultats obtenus sur 632 États-uniens (294 hommes et 338 femmes) qui avaient été recrutés entre 1995 et 1996 alors qu'ils avaient entre 25 et 75 ans. Neuf ans après, en 2004 et 2005, ils ont eu droit à un second entretien durant lequel ils devaient répondre à quelques questions sur leur vie et leur mode de vie. Ils ont également été soumis à un test par scanner pour déterminer la densité minérale osseuse (DMO) au niveau des vertèbres lombairesvertèbres lombaires et des hanches, afin de mesurer l'état de leur squelette.

    Il ne suffit pas d’être à deux pour vivre vieux. Il faut aussi être heureux. © Moriza, Flickr, cc by nc 2.0

    Il ne suffit pas d’être à deux pour vivre vieux. Il faut aussi être heureux. © Moriza, Flickr, cc by nc 2.0

    Après avoir pris en compte tous les paramètres pouvant affecter la santé des os (tabagisme, ménopause, etc.), les auteurs sont parvenus à la conclusion que le mariage était bénéfique pour les hommes dans leur premier mariage et toujours dans une relation stable. En effet les hommes divorcés, remariés, veufs ou célibataires ont une DMO inférieure au niveau de la colonne vertébralecolonne vertébrale, qui traduit un squelette en moins bonne santé. Condition requise malgré tout : l'union a dû être célébrée après 25 ans, autrement, les dégâts sont d'autant plus importants que le mariage a été précoce.

    Chez la femme en revanche, le résultat est moins marqué et surtout plus contrasté : celles qui se portent le mieux sont celles qui sont mariées... et heureuses. Dans le cas contraire, les os sont davantage déminéralisés.

    L’œil extérieur : le bonheur partagé, un intérêt commun

    Reste à comprendre le pourquoi du comment. Cela fera l'objet d'études ultérieures. Mais d'ores et déjà, les scientifiques se risquent à quelques hypothèses pour expliquer l'effet néfaste du mariage sur le squelette de l'homme marié avant 25 ans. Le stress occasionné par les responsabilités familiales d'un jeune par exemple. Mais des aspects économiques également : souvent, les mariages précoces ont lieu chez des personnes à faible niveau d'éducation, qui occupent donc des postes moins valorisés et donc moins bien payés.

    Malgré quelques biais évidents, comme l'absence de suivi longitudinal de la DMO, ce travail suggère donc que l'engagement amoureux procure des avantages sur les os, mais d'une façon différente selon les genres. Mais là où les intérêts des deux sexes se rejoignent, c'est lorsque les couples sont heureux à deux.