Une raison de plus pour prendre le vélo : la pollution de l’air provoquée par l'activité humaine augmente les risques de maladies cardiovasculaires. C’est en regardant des milliers de volontaires droit dans les yeux, ou plutôt droit dans la rétine, que des scientifiques sont arrivés à ce constat.

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    Les maladies cardiovasculaires sont la première cause de mortalité dans les pays industrialisés et les facteurs de risques sont légion : le tabac, l'hypertension artérielle, un taux de cholestérol élevé, le diabète, le surpoidssurpoids, l'inactivité physiquephysique... De précédents travaux avaient en plus incriminé la pollution de l'airair, notamment les particules fines (PM 2,5, dont le diamètre est inférieur à 2,5 micromètresmicromètres) comme facteur de risque des maladies cardiovasculaires, mais sans en comprendre réellement la cause.

    Car si l'on devine aisément que la pollution de l'air est nuisible pour les voies aériennes qui peuvent s'irriter, provoquant des crises d’asthme, des anginesangines, voire des insuffisances respiratoiresinsuffisances respiratoires et des cancerscancers, il est déjà beaucoup moins évident de lier particules finesparticules fines et système cardiovasculaire. Une nouvelle étude s'est alors intéressée à un aspect particulier du système cardiovasculaire : les microvaisseaux, soupçonnés d'être affectés par la pollution.

    Les microvaisseaux, reflets de la santé cardiovasculaire

    Les microvaisseaux incluent les plus fins des vaisseaux sanguins, comme les capillaires, les artériolesartérioles ou les veinules, dont le diamètre dépasse parfois à peine ceux des cellules sanguines qui y circulent. De façon très pratique et non invasive, certains de ces microvaisseaux sont directement observables par simple photographiephotographie numériquenumérique... de la rétinerétine !

    La rétine est un organe très vascularisé, où les microvaisseaux peuvent être facilement observés. © DR

    La rétine est un organe très vascularisé, où les microvaisseaux peuvent être facilement observés. © DR

    Cette partie de l'œilœil est en effet très irriguée par des vaisseaux de 60 à 300 micromètres de diamètre et son système vasculaire est représentatif de celui de l'ensemble de l'organisme. De précédentes études avaient notamment prouvé le lien entre un rétrécissement des artérioles de la rétine et une augmentation du diamètre des veinules d'un côté, et une augmentation des infarctus du myocardeinfarctus du myocarde, des attaques cérébrales et de la mortalité par accidentaccident cardiovasculaire de l'autre.

    Pour confirmer l'hypothèse, les chercheurs ont mesuré conjointement le diamètre des microvaisseaux et la pollution dans l'environnement proche de 4.607 personnes âgées de 45 à 84 ans, qui avaient été suivies dans le cadre d'une étude multiethnique sur l'athérosclérose entre 2000 et 2002. Ces personnes ne présentaient alors aucun signe de maladie cardiovasculaire.

    La pollution diminue le diamètre des artérioles

    Les résultats publiés dans la revue Plos Medicine indiquent que le diamètre des microvaisseaux de la rétine est affecté par une pollution de l’air plus intense (même en dessous du maximum recommandé par l'Environmental Protection Agency), à long terme mais aussi à court terme. Ainsi, une exposition à long terme d'une plus forte concentration de particules PM 2,5 (augmentation de 3 microgrammes des PM 2,5 par mètre cube) est associée à une diminution du diamètre artériolaire de 0,8 micromètre, une réduction équivalente à un vieillissement de 7 ans ou à une augmentation de la pression artériellepression artérielle diastolique de 3 millimètres de mercuremercure.

    S'ils « ne prouvent pas que les PM 2,5 sont le constituant de la pollution de l'air qui modifie les microvaisseaux, ces résultats pourraient refléter la toxicitétoxicité d'un autre polluant ou de la pollution dans sa globalité » expliquent les auteurs. Cette étude est la première à établir une relation entre les microvaisseaux et l'air ambiant. Il ne reste plus qu'à en décrypter le mécanisme d'action...